La semaine dernière, Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale (Fed), a entamé une série d’auditions devant les parlementaires américains. Donald Trump n’avait pas caché son hostilité à Yellen durant sa campagne électorale, l’accusant de faire le jeu de Barack Obama en poursuivant une politique accommodante censée favoriser la distribution du crédit aux ménages et aux entreprises, pour promouvoir l’activité économique. Devant un groupe républicain hostile, Yellen a tenté de défendre et de justifier les grandes lignes de sa politique : indépendance de la Banque centrale face à l’Etat américain, multiplication des régulations bancaires, maintien de taux d’intérêt très bas, gonflement du bilan de la Fed à un niveau historique. Dans le bras de fer qui a commencé entre la Banque centrale américaine et les Républicains, ces derniers semblent en position de force pour en reprendre le contrôle politique, et mettre fin à une politique de régulation qui sert les intérêts des mondialistes et de leur idéologie socialiste.
Le bilan critiqué de Janet Yellen
Au cours d’une audition de plus de quatre heures la semaine dernière, les Républicains n’ont pas mâché leurs mots pour mettre en pièces les grandes lignes de la politique de Yellen : « Huit ans après, il n’y a aucune preuve que des taux d’intérêt zéro et un gonflement du bilan de la Fed soient la source d’une bonne santé de l’économie », a expliqué Jeb Hensarling, président de la commission des services financiers, ajoutant que les Américains mettaient leur espoir de retrouver une croissance économique saine dans la nouvelle politique de la Maison Blanche.
Les Républicains dénoncent l’indépendance de la Fed
Au centre des débats : la question de l’indépendance de la Fed. Hensarling a indiqué qu’il proposerait une loi pour permettre à l’Etat d’avoir un contrôle sur les taux d’intérêt : ainsi, la Banque centrale serait obligée de suivre une formule numérique pour fixer les taux d’intérêts et les décisions dans ce domaine seraient soumises à l’audit du Government Accountability Office, l’organe du Congrès chargé de réaliser des audits. Yellen s’est bien sûr opposée à ces propositions qui vont, d’après elle, nuire à l’indépendance de la Fed et par là-même à la mise en place de sa politique.
Autre point important des débats : la question monétaire. Rappelons que, sur ce plan, Yellen avait attiré à elle les plus vives critiques du candidat Trump l’accusant de produire une économie artificielle en maintenant des taux directeurs très bas. Le gouverneur de la Fed a précisé lors de l’audition que les taux pourraient augmenter plus rapidement cette année, à condition toutefois que la santé du marché du travail et l’augmentation du taux d’inflation le permettent.
La Fed orchestre les régulations bancaires
Dans le domaine de la régulation bancaire, un autre sujet de contestation du groupe républicain, Yellen a reconnu qu’il fallait modifier – sans le supprimer – le contraignant Dodd-Franck Act, une loi adoptée par Obama pour renforcer les exigences en capitaux propres des banques et leur imposer des tests de résistance annuels. Non sans les avoir au préalable poussées à la chute en les obligeant à distribuer largement des prêts mal assurés au service de l’accession à la propriété des minorités ethniques… Les Républicains n’ont pas hésité à demander une profonde refonte de la loi, enjoignant à Yellen d’attendre la nomination du remplaçant à la Fed de Daniel Tarullo, chargé des régulations bancaires, pour prendre toute nouvelle décision dans le domaine. Le sien compris, trois postes se libèrent au comité de direction de la Fed, ce qui devrait être permettre la mise en place d’une nouvelle politique.
Yellen n’entreprend rien pour réduire le bilan de la Fed
Un dernier sujet épineux a été abordé : la question de la réduction du bilan. En 2007, pour faire face à la crise des subprimes, la Fed a racheté massivement des titres adossés à des créances immobilières (MBS) et des bons du Trésor américain. Résultat : son bilan a gonflé à plus de 4.000 milliards de dollars ! Si les Démocrates se défendent en affirmant que cette politique a permis de soutenir l’économie américaine et de créer seize millions d’emplois, il n’en reste pas moins que la Fed n’a toujours rien entrepris pour réduire son bilan. Et Yellen a précisé que ce ne sera pas à l’ordre du jour tant que le taux de référence de la Fed, actuellement entre 0,5 et 0,75 %, n’aura pas atteint un niveau plus normal.
Avec un bilan discutable et des adversaires républicains renforcés par leur majorité politique au Sénat et à la Chambre, Yellen est aujourd’hui dans une situation affaiblie. Les changements prévus au comité de direction pourraient voir la politique de la Fed prendre un nouveau virage à l’avenir – un changement fondamental et indispensable pour la reconquête du pouvoir souverain, mais Trump pourra-t-il aller au bout de son projet ?