Le mini-sommet organisé lundi à Versailles pour discuter du devenir de l’Europe se sera contenté de se poser une question certes cruciale, mais sans réponse évidente : à quelle vitesse l’Union européenne doit-elle continuer ?
François Hollande recevait – si tant est qu’un président de la République puisse recevoir au château de Versailles – l’Allemande Angela Merkel, l’Espagnol Mariano Rajoy et l’Italien Paolo Gentiloni pour un mini-sommet, dont on ne dira pas qu’il était celui de la dernière chance, tant l’expression a déjà été utilisée à plusieurs reprises dans des occurrences similaires précédentes, mais celui d’une inquiétude enfin admise : celle du devenir d’une Union européenne en décapilotade.
La tenue même de ce sommet constituait, en soi, l’aveu implicite de ce que l’Union européenne, contrairement aux assertions de Bruxelles et de ses séides, est en très mauvaise passe, et cela même alors que l’on s’apprête à fêter, à son de trompes, le soixantième anniversaire du traité de Rome.
De fait, l’idée même de se réunir à quatre pour décider de l’avenir d’une Union qui compte encore tout de même vingt-sept membres a quelque chose de pour le moins décalé. On nous explique qu’il s’agissait de réunir les quatre plus grosses économies de la zone euro. Peut-être… Mais, d’une part, la zone euro ne constitue pas la totalité de l’Union européenne. Et, d’autre part, ses plus grosses économies ne sont pas nécessairement, pour employer un adjectif si prisé par certains, les plus « vertueuses ».
Une Union européenne en panne
Quand bien même cela serait, quelle est l’autorité de ces quatre pays pour décider d’eux-mêmes de ce que sera le futur de l’ensemble des pays constituant l’Union européenne ? On imagine que d’aucuns, parmi leurs partenaires, qui connaissent déjà des difficultés sur le développement de ladite union, risquent de ne pas apprécier, voire de pousser à la roue sur un chemin déjà emprunté par le Royaume-Uni…
D’autant que la réponse, très théorique, apportée par la bande des quatre réunie à Versailles, n’a pas grand-chose de neuf, puisqu’il est question, comme cela se murmure, se dit même de plus en plus, de mettre en place une « Europe à plusieurs vitesses ».
Plusieurs vitesses pour avancer ensemble ?
Inquiets de la « défiance » qui se fait jour désormais autour du projet européen, les quatre ont voulu redire leur foi dans l’Union européenne, même si elle doit s’exprimer de façon différente pour chacun. « Je plaide pour qu’il y ait de nouvelles formes de coopération, des coopérations différenciées », a ainsi déclaré François Hollande, soulignant tout à la fois l’importance de « montrer de la solidarité à vingt-sept, mais également la capacité à avancer à un rythme différent ». Angela Merkel a fait, évidemment, chorus…
Si on retrouve là l’idée avancée la semaine dernière par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker – qui a par ailleurs souligné qu’il ne croyait plus vraiment à la possibilité d’une réussite européenne… – on doit bien admettre que ce propos ressemble à de la bouillie pour les chats.
Prétendre aller de l’avant en laissant ceux qui ne pourront pas suivre sur le bord du chemin, et, qui plus est, sans donner aucune réponse concrète aux présentes difficultés de l’Union européenne et de ses membres, montre bien que ledit projet n’a plus de souffle !