Le premier janvier 2018, la loi autorisera les villes à déléguer au privé la gestion des PV de stationnement. A Paris, ceux-ci seront deux fois plus chers. Et ce défaut de la puissance publique s’accompagnera d’un flicage général de la population.
 
La mairie de Paris a divisé la gestion des places de stationnement en surface en trois lots avant d’en déléguer la gestion à deux sociétés du secteur privé, Urbis Park pour l’un, et le géant mondial des parkings, Indigo, pour les deux autres, soit 97.000 places de stationnement. A charge pour Indigo de surveiller ce parc, de fixer le montant des PV, et de les percevoir avant d’un reverser une partie à la ville de Paris.
 

Paris délègue la gestion du stationnement au privé

 
Pour ce faire, Indigo va recruter des agents assermentés qui remplaceront les actuelles pervenches. Et leurs méthodes seront beaucoup plus modernes – et performantes que celles des pervenches ! Les uns verbaliseront les véhicules en infraction avec leur portable, les autres disposeront de voitures et de scooters flasheurs pour lire les plaques des véhicules et vérifier qu’ils sont dans leur droit : en effet, lorsque un automobiliste règle son stationnement sur une borne ou sur son portable, il renseigne sa plaque d’immatriculation. Il suffit ensuite de comparer les données des stationnements autorisés aux plaques relevées par les véhicules flasheurs. La mairie de Paris justifie cette réforme technique par l’efficacité : elle espère multiplier par quatre le produit des PV de stationnement. Pas mal en fait d’exploitation pécuniaire de l’espace urbain.

Des PV deux fois plus chers, Big Brother a l’œil partout

 
Pour se justifier, elle a fait courir un chiffre : après l’installation de ce système à Madrid, le taux de respect du stationnement payant atteindrait 85 %, alors qu’il n’atteindrait aujourd’hui que 10 % à Paris. Mais pour être convaincante cette comparaison devrait comparer ce qui est comparable, c’est-à-dire le taux de Madrid avant la réforme et le taux de Madrid après la réforme, afin de mesurer l’amélioration effectivement apportée. Surtout, on aimerait savoir comment la mairie de Paris et Indigo savent que le taux de respect du stationnement payant est aujourd’hui de 10 % à Paris. Cette affirmation, qui est en l’état complètement gratuite, sert à obtenir l’assentiment à une décision qui, un, abandonne au privé ce qui ressortit à la puissance publique, deux, rendra les PV de stationnement deux fois plus chers (jusqu’à 50 euros), et trois introduit l’usage d’une technique permettant de fliquer en permanence les automobilistes à Paris.