The Wall, soit le mur en anglais, désigne un élément du décor essentiel à l’action du film. Durant les trois quarts du film, un tireur d’élite américain blessé doit en effet se dissimuler derrière un mur de briques sèches, effritées, abri précaire et fragile, afin d’espérer échapper aux tirs meurtriers d’un homologue irakien. L’action se déroule en 2007, après une énième déclaration depuis mai 2003 du président George W Bush (2001-2009) affirmant que la guerre en Irak est achevée et gagnée. L’Irak connaît toujours une situation de guerre en 2017, dix ans plus tard. L’effet, voulu, est un peu facile, mais n’en est pas moins pertinent. En fait, et de façon étonnante, il y a peu de réflexions intellectuelles ou politiques sur des conflits désormais interminables de l’Afghanistan à l’Irak, en passant par la Syrie, la Libye, le Yémen, etc., ou spécifiquement pour la France le Mali et la Centrafrique…Si le film pouvait inviter à réfléchir, c’est en effet une bonne idée.
The Wall, un film de guerre acceptable
The Wall propose une vraie rareté et curiosité, abonde en détails techniques sur l’action des tireurs d’élite, et rappelle à quel point elle relève avant tout de l’art du camouflage et de la patience. En cas de duel, comme c’est le cas dans le film, le plus patient a toutes les chances de l’emporter. Le problème majeur de ce film est que la patience du spectateur, sur une durée dans l’absolu maîtrisée et qui n’a rien à voir avec les jours dont il est question dans le film, est elle aussi mise très largement à l’épreuve. Le spectateur se trouve comme en immersion dans la scène du drame, partage les angoisses du personnage principal, mais, à la longue, peut néanmoins se lasser.
L’insurgé parle parfaitement anglais et sait pirater les conversations militaires américaines. Le blessé s’en rend compte mais, erreur majeure explicable par son épuisement physique et nerveux, dialogue avec son ennemi. Il est trop facile de son fauteuil de cinéma de s’assurer que l’on ne commettrait jamais soi-même une telle faute. Elle fournit à son ennemi des renseignements précieux. Le film tourne sur la fin à la parabole sur l’engagement américain en Irak. Il a été un clair échec depuis l’invasion de 2003, aboutissant à un retrait massif en 2011, ce qui n’exclut pas depuis 2014 le retour de troupes d’élites pour lutter contre le Califat. L’action du film pourrait très bien se dérouler en zone insurgée sunnite en 2017. Ce qui est un peu dommage est que, selon nous, la dimension parabolique, qui devient nettement dominante, affaiblit dans les dix dernières minutes le réalisme rigoureux du film.
The Wall s’avère, pour un public intéressé et patient, un film de guerre acceptable.
Hector JOVIEN