Même les Démocrates commencent à s’en rendre compte après plusieurs défaites de suite face aux candidats républicains lors d’élections partielles : le sujet des liens supposés de l’entourage de Donald Trump avec la Russie pendant la campagne présidentielle ne fait pas recette auprès d’électeurs plus préoccupés par leurs problèmes locaux. « Nous ne pouvons pas parler uniquement de la Russie, parce que les gens dans l’Ohio ne parlent pas tant que cela de la Russie, ni de Poutine ou de Michael Flynn », a ainsi affirmé jeudi le représentant démocrate Tim Ryan sur MSNBC. Et il n’est pas seul à penser ici : d’autres membres de la Chambre des représentants tirent eux aussi la sonnette d’alarme après la défaite de mardi dernier en Géorgie.
Jeudi dernier, la chaîne CNN, que Donald Trump appelle la chaîne des très fausses nouvelles, retirait en catastrophe de son site un article informant d’une enquête de la Commission du renseignement du Sénat sur un fonds d’investissement russe avec lequel un des proches de Donald aurait eu des discussions. CNN suggérait que les discussions auraient pu porter sur la levée des sanctions contre la banque russe Vnesheconombank censée être propriétaire du fonds. Le problème, c’est que l’enquête mentionnée par CNN est pure invention, que le fonds russe mis en cause n’est pas liée à la Vnesheconombank et n’est pas lui-même concerné par les sanctions. Après cette nouvelle bévue, CNN a publié des excuses et a aussi décidé d’adopter (enfin !) des règles journalistiques plus strictes en ce qui concerne les articles avec la Russie en toile de fond.
Le dossier sur les liens entre Donald Trump et la Russie de plus en plus gênant pour ses promoteurs
Parallèlement, une autre histoire commence à revenir en boomerang à ses promoteurs. Il s’agit du « dossier Donald Trump-Russie » rédigé par un ancien agent du renseignement britannique, Christopher Steele, pour le compte d’une entreprise privée de renseignement, Fusion GPS, fondée par trois anciens journalistes d’investigation du Wall Street Journal. On avait parlé de ce dossier dans les médias après les élections, en janvier dernier, et une information sur son existence avait été transmise par les services américains au président sortant Barack Obama et au président élu Donald Trump.
Le dossier préparé par l’ancien agent du MI6 faisait état d’informations compromettantes sur Donald Trump entre les mains de Moscou et de toutes sortes de contacts entre la Russie et des proches de Trump. Le problème, c’est que les informations contenues dans ce dossier n’ont pas été confirmées, que Christopher Reel reconnaît lui-même les avoir obtenues de sources indirectes et que les associés de la société Fusions GPS ont donné de l’argent en la faveur de la campagne de Hillary Clinton et avaient des intérêts économiques à la victoire de la candidate démocrate.
Donald Trump et la Russie, un sujet qui ne fait pas recette auprès des Américains
En fait d’enquête, la Commission de la justice du Sénat américain cherche aujourd’hui à savoir si le FBI a commis l’erreur de s’appuyer sur ce dossier anti-Trump. Le FBI avait en effet reçu en août 2016 une copie de ce dossier financé par le Parti démocrate et il aurait lui-même versé un complément de 50.000 dollars à Christopher Steel, en plus des 250.000 dollars versés par Fusion GPS, pour faire confirmer les informations compromettantes pour Donald Trump. Il se trouve que l’épouse du vice-directeur du FBI qui a négocié avec Steel était aussi une militante du Parti démocrate. Egalement visée par l’enquête du Sénat, l’ancien procureur général Loretta Lynch faisait déjà l’objet d’une enquête du Congrès pour une possible obstruction de l’enquête sur l’affaire des e-mails de Hillary Clinton.
Il vaudrait peut-être effectivement mieux pour les Démocrates qu’ils se mettent à parler un peu d’autre chose à leurs électeurs…