L’Amérique latine critique les propos de Donald Trump sur une intervention militaire des Etats-Unis au Venezuela

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Vendredi, le président des Etats-Unis Donald Trump, répondant à des questions de journalistes, expliquait ne pas exclure une intervention militaire au Venezuela : « Nous avons beaucoup d’options. C’est notre voisin. Nous sommes présents partout dans le monde et nous avons des troupes dans le monde entier en des lieux très, très éloignés. Le Venezuela n’est pas très loin et les gens y souffrent, ils y meurent. Nous avons beaucoup d’options pour le Venezuela, y compris une possible option militaire si nécessaire. Je ne vais pas exclure une option militaire. » Pourtant, la « Déclaration de Lima » signée le 8 octobre par les représentants du Canada et de onze pays d’Amérique latine (Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay et Pérou) donnait à Donald Trump l’occasion rêvée de revenir sur ses menaces antérieures d’intervention militaire au Venezuela.
 

L’opposition anti-Maduro ne veut pas de l’option militaire envisagée par Donald Trump

 
Car si Donald Trump a affirmé vendredi que c’était le bazar au Venezuela (« Venezuela is a mess »), le gouverneur de l’Etat vénézuélien de Lara et chef d’un des partis membres de la coalition d’opposition MUD, Henri Falcón, lui a très justement répondu que ce bazar appartenait aux Vénézuéliens et à eux seuls et que Donald Trump aurait mieux à faire à résoudre le bazar qu’il a chez lui. De même, le cardinal Jorge Urosa, archevêque de Caracas, a rappelé lors d’une homélie dimanche que la crise que traverse le Venezuela devait être résolue par le peuple et le gouvernement qui l’avait provoquée et non pas par une ingérence militaire extérieure, qu’il s’agisse d’une ingérence cubaine « présente depuis un certain temps » ou d’une ingérence des Etats-Unis. Le prélat s’est dit persuadé que tous les évêques vénézuéliens rejetaient comme lui toutes les ingérences militaires extérieures.
 

La menace d’une intervention militaire des États-Unis au Venezuela réveille de mauvais souvenirs en Amérique latine

 
Après les menaces proférées vendredi par le président américain, le vice-président Mike Pence, pressé par le président Juan Manuel Santos alors qu’il était en visite en Colombie, a modéré dimanche les propos de Donald Trump en assurant que « le président [Trump] reste confiant dans le fait qu’une solution pacifique peut être trouvée en travaillant avec nos alliés en Amérique latine ».
 
Le porte-parole du Pentagone avait déjà précisé vendredi que le Département de la Défense n’avait reçu aucun ordre concernant d’éventuels préparatifs militaires en vue d’une possible intervention au Venezuela. Il n’empêche que les propos de Donald Trump sur une possible option militaire ne pouvaient que susciter des réflexes négatifs en Amérique Latine, d’autant plus que contrairement à ce qui se passe avec la Corée du Nord, le Venezuela de Nicólas Maduro ne menace pas militairement les États-Unis.
 
Avec la Déclaration de Lima, les pays signataires des deux Amériques condamnent la rupture de l’ordre démocratique au Venezuela et décident de ne pas reconnaître l’Assemblée nationale constituante créée par le président Maduro. En revanche, parler d’une possible intervention militaire comme l’a fait Donald Trump, c’est conforter la rhétorique des partisans de Maduro sur une opposition qui serait en réalité l’instrument d’une guerre non conventionnelle menée par Washington contre le Venezuela.
 

Olivier Bault