Dans un entretien qui sent la rentrée politique, la plupart des Allemands étant déjà revenus de congés, Angela Merkel a vivement critiqué les demandeurs d’asile qui ont pris leurs vacances dans leur pays d’origine. Celui qu’ils ont fui en raison de dangers justifiant leur demande de reconnaissance du statut de réfugié… Répondant aux questions du Welt am Sonntag, le chancelier allemand a déclaré qu’il fallait prendre des mesures plus sévères contre les migrants qui se trouvent dans cette situation. Mais Merkel n’entend pas pour autant se désavouer : elle ne regrette rien de sa politique des portes grandes ouvertes aux réfugiés en 2015.
« Prendre des vacances dans le pays où vous êtes persécuté n’est pas acceptable », s’est-elle bornée à dire, affirmant que cela pouvait (oui, pouvait !) justifier le réexamen d’un dossier de demande d’asile.
Angela Merkel dénonce les réfugiés qui passent leurs vacances dans le pays qu’ils avaient « fui »
Il n’y a pas de statistiques officielles sur le nombre de demandeurs d’asile qui se sont offerts une petite pause estivale au pays, mais l’affaire a néanmoins passé la barre du politiquement correct dans les médias et de nombreux journaux en ont fait leurs choux gras pendant l’été. Die Welt évoquait déjà cette réalité l’an dernier, annonçant détenir la preuve que plusieurs demandeurs d’asile officiellement dotés de ce statut étaient retournés, qui en Syrie, qui en Afghanistan, pour de courts séjours avant de revenir en Allemagne. Le responsable de l’UNHCR, Martin Retsch, n’avait pas démenti, se contentant de dire que la pratique n’était « pas très répandue ».
Si Angela Merkel reconnaît aujourd’hui implicitement que ces pratiques n’ont pas cessé, c’est peut-être pour mieux afficher une fermeté que les Allemands de nombreuses tendances politiques réclament de plus en plus face à l’afflux de plus d’un million de migrants qui sont d’ailleurs loin d’apporter au marché de l’emploi les bénéfices annoncés par les partisans de l’ouverture.
Des vacances aux pays origine à l’accueil renouvelé des migrants
Mais malgré cette preuve de ce que nombre de réfugiés ne sont pas du tout des réfugiés réels, elle a tenu à répéter qu’elle n’avait aucun regret. « Je reprendrais toutes les décisions importantes de 2015 de la même manière », a-t-elle déclaré au cours de son entretien, à l’heure où un nouveau sondage vient de lui donner l’assurance que malgré cette politique que tant d’Allemands rejettent, elle a peu de risque de perdre les élections fédérales le 24 septembre prochain, son parti chrétien-démocrate CDU affichant 15 points d’avance sur les sociaux-démocrates du SPD, et ce même si 46 % des sondés n’affirment pas encore avoir fait leur choix.
D’où l’insolence affichée par « Mutti » Merkel : il faut croire que le discours antiraciste est encore plus puissant en Allemagne qu’en France.