Organisée chaque 11 novembre en commémoration du 11 novembre 1918, jour de l’indépendance recouvrée pour les Polonais, la grande Marche de l’Indépendance des nationalistes polonais a confirmé cette année son statut de plus grosse manifestation patriotique en Europe. Et c’est d’ailleurs une manifestation de patriotisme qui commence à déranger, ce qui se traduit par une couverture très décalée dans les médias internationaux qui y voient une grande marche « fasciste » voire « néonazie ». C’est ainsi par exemple que Jesse Lehrich, l’ancien porte-parole d’Hillary Clinton pour les questions internationales pendant la campagne présidentielle, a commenté l’événement sur son compte Twitter : « 60.000 nazis ont marché sur Varsovie aujourd’hui » (60,000 nazis marched on Warsaw today). Faire l’amalgame entre les nationalistes polonais et les nazis relève une ignorance crasse ou d’une volonté de manipulation, sans compter que les 60.000 (estimation de la police) à 125.000 (estimation des organisateurs) participants de la Marche de l’Indépendance n’étaient pas tous liés aux nationalistes, loin de là !
Les nationalistes polonais ont une forte tradition de lutte contre le nazisme et le communisme
Les nationalistes polonais se définissent comme étant des nationalistes chrétiens, et ils avaient organisé leur marche annuelle cette année sous le mot d’ordre « Nous voulons Dieu ». Votre correspondant y était pour la deuxième année consécutive et il n’y a jamais vu aucun slogan assimilable de près ou de loin à une quelconque sympathie pour l’idéologie nationale-socialiste ou même fasciste. Les médias font toutefois circuler des photos de banderoles appelant à préserver une Europe blanche, mais de tels slogans sont marginaux à la Marche de l’Indépendance. On y voit certes de nombreux jeunes aux cheveux ras et à l’allure « extrême droite », qu’il s’agisse de supporters de foot ou de membres du Camp national-radical (ONR), l’une des deux principales organisations à l’origine de cette manifestation patriotique.
D’autres appartiennent à la Jeunesse pan-polonaise (Młodzież Wszechpolska), autre organisation participante et dont le porte-parole a fourni après coup des arguments aux médias hostiles à cette marche en défendant le slogan d’Europe blanche qu’il disait toutefois ne pas avoir vu lui-même à la marche. Ses propos lui ont valu de perdre son poste de porte-parole dans la journée de lundi, et plusieurs leaders nationalistes ont rappelé dans la foulée que les concepts raciaux n’ont jamais fait partie de la tradition nationaliste polonaise. La majeure partie des marcheurs pour l’indépendance étaient par ailleurs, comme chaque année, des patriotes polonais de tous bords, dont la plupart n’étaient pas liés aux milieux nationalistes : jeunes, personnes âgées (y compris des vétérans de la Seconde guerre mondiale), groupes de reconstitution historique, familles avec des enfants, prêtres en soutane portant drapeau, etc.
La Marche de l’Indépendance se déroule chaque 11 novembre à Varsovie sans heurts… depuis l’arrivée du PiS au pouvoir
Pour la troisième fois consécutive, c’est-à-dire depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs du parti Droit et Justice (PiS), tous ces patriotes ont pu fêter pacifiquement leur attachement à leur patrie et leur revendication à destination de la gauche libertaire et de l’Europe tout entière : « Nous voulons Dieu ! ». Une revendication partagée par les personnes interrogées par l’auteur de ces lignes, parmi lesquelles des prêtres, de vieilles dames, des familles avec leurs enfants, et de jeunes patriotes des deux sexes. Car pour eux comme pour beaucoup de Polonais, l’attachement à la patrie et la foi catholique sont étroitement liés : « Sans ce mot d’ordre, il n’y aurait pas cette marche », m’a confié un homme d’une trentaine d’années qui s’est présenté comme un ancien militaire.
La police avait parqué les antifas et autres gauchistes pour permettre à cette manifestation patriotique déclarée de se dérouler sans heurts
Les contre-manifestants avaient été séparés par des cloisons qui les rendaient invisibles et quasiment inaudibles aux marcheurs pour l’indépendance. Ceux qui ont tenté – comme chaque année – de bloquer la manifestation déclarée – et donc légale – des « fascistes » ont été dégagés par la police, et il n’y a eu aucun heurt à déplorer. Les forces de police étaient d’ailleurs présentes en masse à la contre-manifestation car c’est de là que viennent généralement les violences, tandis que la police était quasiment absente du parcours de la Marche de l’Indépendance qui s’est déroulée sans incident et sans aucun dégât matériel.
La Pologne souffre des mêmes maux que le reste de l’Europe, mais le camp patriote et chrétien y est plus fort et plus libre de s’exprimer, et le contrôle de la maçonnerie sur la droite de gouvernement n’est pas là pour l’obliger à s’allier à la gauche intolérante et violente contre les nationalistes. De l’avis des conservateurs comme des nationalistes, le succès de cette Marche de l’Indépendance qui parvient, depuis quelques années, à rassembler une centaine de milliers de manifestants chaque 11 novembre, est aussi le signe d’un renouveau patriotique et d’un intérêt accru pour l’histoire et les traditions polonaises, notamment chez les jeunes.