Le mondialisme utilise contre son adversaire Donald Trump un vaste spectre de tactiques. Dernière en date : la peur de la guerre atomique. Un « instable » comme Trump doit-il disposer du bouton fatal, se demande le congrès. Sous couleur de sécurité, le mondialisme rogne le pouvoir présidentiel.
C’est la première fois depuis 1976, en pleine guerre froide, que le congrès est invité à débattre sur les pouvoirs exacts du président des États-Unis en cas d’alerte nucléaire : s’il utilise le bouton qui déclenche la guerre atomique, la chaîne de commandement qui aboutit au lanceur doit-elle lui obéir, ou a-t-elle le devoir de lui désobéir ? C’est le président de la commission des Affaires étrangères au Sénat, Bob Worker, qui a organisé ce débat.
Selon la constitution américaine Trump est chef des armées
Sur le papier, il n’a en principe pas lieu d’être. L’article deux de la constitution américaine dit que le président est le chef des armées, chargé de défendre la nation contre toute menace imminente, seul habilité à déclencher le feu nucléaire. Mais que veut-dire « imminent » ? C’est ce que se sont demandés hier les sénateurs américains. Le président a-t-il le droit, par exemple, de déclencher un tir préventif, « une première frappe » en jargon nucléaire ? Autre question agitée, celle de l’obéissance. L’ancien chef du commandement stratégique de 2011 à 2013, le général Robert Kehler, affirme que « L’armée est obligée d’exécuter un ordre légal et de refuser de suivre un ordre illégal ». Nouveau dilemme, qu’est-ce qu’un ordre légal, un ordre illégal ? Et qu’adviendrait-il si le chef du commandement stratégique, ou quelqu’un d’autre, estimait l’ordre présidentiel « illégal » ? Réponse de Kehler : « Je ne sais pas ». En pratique, Brian MacKeon, ancien sous-secrétaire d’État à la défense, le président pourrait remplacer les réfractaires tout au long de la chaîne de commandement, mais il agite le spectre d’une « véritable crise constitutionnelle ».
Trump va-t-il déclencher la guerre atomique ?
Ce débat d’une haute tenue morale et juridique se veut de principe, d’ailleurs académique et sans effet immédiatement contraignant. Les sénateurs ont précisé avec soin que l’audition n’était pas spécialement consacrée à Donald Trump, il s’agit cependant d’une attaque ad hominem. Bob Worker a exprimé publiquement sa peur voilà moins d’un mois, en parlant de la Corée du Nord, que Trump ne mène les États-Unis « vers la troisième guerre mondiale ». Et le sénateur du Connecticut, Chris Murphy, a précisé hier, pour que tout le monde comprenne bien, qu’il craint que « Le président des États-Unis soit si instable et si volatil, que son processus décisionnel soit si fantasque, qu’il puisse donner un ordre d’utiliser l’arme nucléaire complètement contraire aux intérêts de sécurité nationale américains ». Autrement dit, Trump est un fou dangereux. On revient aux clichés pacifistes des années soixante – par exemple dans le film Docteur Folamour. Après les féministes et les antiracistes, le mondialisme fait donc donner le pacifisme contre Trump, sans crainte de se contredire puisqu’il a favorisé l’aventurisme des Bush et Obama.
Le mondialisme utilise la haine contre Trump
Mais derrière sa tactique anti Trump, le mondialisme poursuit aussi son processus vers la gouvernance mondiale, on peut même dire qu’il se sert de l’obstacle Trump pour cela. Il semble que M. McKeon l’ait discerné. Ce qui est postulé par le débat sur l’obéissance, c’est toute la procédure qui autorise la guerre atomique. Or, la modifier à cause de Donald Trump serait selon l’ancien sous-ministre « un précédent malheureux ». Le sénateur de Floride Marc Rubio, concurrent malheureux de Trump à la primaire républicaine, dit les choses de façon plus brutale : « Il n’est pas possible qu’une bande de juristes ou de militants décident de désobéir quand cela ne leur plaît pas. Dans cette république (…) quand ils votent, les électeurs prennent la décision de confier à quelqu’un ce pouvoir ».
Le mondialisme exploite un vieux spectre contre la souveraineté nationale
C’est précisément cette relation directe entre le président et la nation que les tenants du mondialisme ont entrepris d’éroder patiemment. Pour le prof de sciences politiques Peter Feaver par exemple, le président « aura besoin de la coopération de beaucoup de monde pour déclencher une frappe ». D’autres rappellent que la constitution américaine réserve la décision de déclarer la guerre au Congrès, même si la chose est tombée en désuétude après 1941 en raison de l’urgence atomique. Ils souhaitent qu’on en revienne au texte de la loi et à l’usage ancien pour retirer au président l’usage du bouton atomique et rétablir le lustre du parlement. C’est évidemment faire litière de la réalité de la guerre moderne et de la notion de dissuasion.
Qu’on m’entende bien. Je ne suis une fanatique ni de Trump ni de la guerre atomique, mais je déplore que le mondialisme exploite la peur d’un vieux spectre pour réduire la souveraineté des nations.