La Chine a joué un rôle-clef de « facilitateur » lors des discussions de la conférence sur le climat, la COP 23 qui vient de se tenir à bonne. Les responsables de la délégation chinoise cherchent à tirer le maximum de dividendes de la défection de Trump et des Etats-Unis, en se présentant comme capables de remplir ce vide et d’arrondir les angles entre des pays dont les intérêts sont « complètement différents ». Dans la lutte contre le changement climatique la Chine a un rôle moteur : l’ONU ne dit pas le contraire.
C’est ce qu’a déclaré Xie Zenhua, représentant spécial de la Chine pour les questions climatiques à l’issue des négociations qui ont fait largement déborder la rencontre au-delà des délais impartis. La Chine veut manifestement imprimer sa marque sur les règles détaillées pour la mise en œuvre de la COP 21 de Paris, notamment dans la mesure où les accords signés à ce moment-là portaient sur des actions à entreprendre après 2020, la période antérieure étant régie par le protocole de Kyoto. Ce sont les pays en voie de développement qui exigent des objectifs et des engagements dès avant cette date, à mettre en œuvre par les pays développés, sans doute pour accélérer la mobilisation de 100 milliards de dollars par an par ceux-ci, au profit des pays plus pauvres.
La lutte contre le changement climatique permet à la Chine de se pousser du col à l’ONU
Selon Xie, de nombreuses avancées ont pu être constatées sur le plan de négociation, en dehors de l’épineux dossier du financement, et ce alors qu’on prépare déjà la conférence de l’année prochaine où la Chine se voit encore en chef de file.
« La Chine injectera davantage de sagesse chinoise et de plans chinois dans la gouvernance globale du climat », a-t-il promis.
Un autre délégué chinois a expliqué sous le couvert de l’anonymat comment la Chine a pu jouer un rôle différent par rapport à l’an dernier, grâce au retrait américain. « La Chine est restée assez neutre par rapport à certains problèmes, de telle sorte que la Chine a pu servir d’intermédiaire des groupes qui avaient des intérêts divergents. Ce changement est devenu plus évident après la décision des Etats-Unis de quitter le pacte. Il est impossible d’attendre des Etats-Unis qu’ils jouent ce genre de rôle. Pour ce qui est de savoir si la Chine remplit le vide laissé par les Etats-Unis, c’est une question différente. Nous endossons des responsabilités différentes rapport aux émissions », selon ce négociateur chinois anonyme.
A la COP 23, la Chine revendique un rôle moteur
C’est une litote. La Chine est désormais le plus important émetteur mondial de CO2, loin devant les Etats-Unis, et entend conserver le droit de continuer de mettre en place de nouvelles usines à charbon, sur place et dans d’autres pays. Cela ne l’a pas empêchée d’organiser de nombreuses manifestations parallèles dans le cadre de son pavillon à Bonn pour présenter ses « meilleures pratiques » dans le domaine de la protection climatique et apparaître ainsi comme le moteur des négociations.
Cela n’empêche pas non plus la presse internationale de saluer le rôle de la Chine dont le modèle socialiste est finalement mis en avant pour montrer combien le pays faits d’efforts pour rendre son énergie plus « propre » – c’est le cas du Huffington Post par exemple.
Si les émissions de « gaz à effet de serre » de la Chine ne cessent de croître, comme le souligne en France La Tribune, la transition du pays vers une économie de services permettrait d’espérer qu’elle devienne un « acteur majeur de la lutte contre le réchauffement climatique d’ici à 2040 ».
La Chine, cette pollueuse et grosse émettrice de CO2 que tout le monde aime !
Quoi que l’on pense du CO2, du réchauffement et du reste, cela ne manque pas d’ironie de voir les réchauffistes se féliciter de possible réductions futures des émissions qui n’ont cessé de monter – sans parler de la pollution, qui est une autre question – dans le cadre de « l’usine du monde » qui a récupéré la production industrielle auparavant installée dans des pays aux normes beaucoup plus rigoureuses et beaucoup plus soucieux de l’environnement.
A Bonn, il y a certes eu une fronde de 15 pays « anti-charbon », parmi lesquels le Royaume-Uni, le Canada, le Danemark, la Finlande, l’Italie, la France, les Pays-Bas, le Portugal, la Belgique, la Suisse, la Nouvelle-Zélande, l’Éthiopie et le Mexique – mais cette alliance à laquelle ne participe ni la Chine, ni la Russie ni l’Allemagne avait pour cible… les Etats-Unis et surtout Donald Trump.
Donald Trump est un méchant. La Chine communiste de Xi Jinping, quoi qu’elle fasse, est un honorable partenaire. Telle est la leçon de Bonn.