Le ministère des finances se dote de son propre corps de police fiscale, qui sera dirigé par un magistrat et comptera de trente à cinquante inspecteurs ou contrôleurs. Il sera opérationnel avant dix-huit mois. Ainsi le parquet national financier pourra choisir, pour réprimer la fraude et l’évasion fiscale, entre la brigade nationale de répression de la délinquance fiscale, qui relève de la police, celle qui relève des douanes judiciaires, et ses propres services. Le ministère prétend ainsi mieux lutter contre les tricheurs. Mais la mémoire des mots commande d’être prudent. Le mot exaction, qui signifie depuis le dix-neuvième siècle mauvais traitement, acte de violences, brutalité injuste, est attesté pour la première fois en langue française en 1261 avec pour signification « impôt », et vient du latin exactio, proprement « action de faire sortir », d’où « action de faire rentrer l’impôt, recouvrement ». Il signifie aussi : action d’exiger. Et ce sont les moyens très durs parfois employés par les exempts du trésor pour faire rentrer l’impôt qui, provoquant la grogne, des jacqueries au poujadisme, ont fait évoluer le sens du mot exaction. On notera pour la beauté de la chose que, selon le Gaffiot, le dernier sens d’exactio est « achèvement, perfection », et il est vrai que Bercy atteint un sommet dans l’art de presser le citron.