Sacrifice du colonel Arnaud Beltrame : Macron le démagogue retourne le drame de Trèbes

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Après le drame de Trèbes, en grand démagogue, Macron a su capter le sentiment populaire pour éviter tout débat politique : il utilise la rhétorique de l’unité nationale, qui est un bien, au service du mal, la formation d’un homme nouveau, amputé de sa nature.
 
En France, les présidents de la république sont aujourd’hui des escort boys, leur service est d’accompagner le vaste mouvement qui fait du pays un protectorat de l’empire du bien mondialiste, en zone d’occupation US, à côté des zones russe et chinoise. Dans ce rôle François Hollande excella, puisqu’il reçut l’award d’homme d’Etat de l’année 2016 décerné par une officine new yorkaise. Hélas, il présentait l’inconvénient de déplaire aux Français.
 

Macron bien meilleur démagogue que Hollande

 
Emmanuel Macron, lui, s’adonne avec plus de grâce aux tours et prestiges du démagogue, et cela lui vaut quelques succès. Les médias s’emploient à nous assurer qu’il fait de la politique autrement, le public les croit parfois, d’autre fois non : il arrive donc à sa cote de popularité de plonger, c’est le cas aujourd’hui, mais elle remonte grâce à l’exploitation avisée des malheurs de la patrie. A la différence de celle de son prédécesseur, qui tendait asymptotiquement vers zéro, elle affecte la forme d’une courbe en yo-yo, ce qui correspond plus à son âge et à son tempérament.
 
Je l’écrivais l’été dernier : « Macron a pour fonction d’adapter la France au mondialisme et de mériter, comme François Hollande avant lui, les félicitations de ses commanditaires. Pour y réussir sans provoquer d’insurrection, il doit paraître plus supportable que Hollande (…) afin de donner le change aux Français. Telle est la feuille de route ». Il la respecte scrupuleusement. Le drame de Trèbes et la réforme de la maternelle le montrent.
 

La figure du héros mise au service d’une opération politique

 
Nous ne devons pas prendre nos princes pour des sots. Ils ont longtemps caché l’identité des « jeunes » qui attaquent les vieilles dames et brûlent les voitures : mais ils la connaissaient. De même invitaient-ils le bon peuple à ne pas commettre « d’amalgame » et ne pas établir de lien entre islam, immigration et terrorisme : mais eux-mêmes savaient à quoi s’en tenir. Et quand leur intérêt politique est de le reconnaître, ils le reconnaissent sans tarder : à Trèbes, on n’a pas parlé de loup solitaire, de déséquilibré ni de piste d’extrême droite, les médias ont tout de suite désigné, ensemble, le coupable, le terrorisme islamiste. Comme quoi ce n’est pas difficile, il suffit de vouloir.
 
Dans la foulée, la mémoire du lieutenant-colonel Beltrame, qui s’est substitué à un otage et que le terroriste a égorgé, a été abondamment célébrée. Trop, disons-le, et mal. Son geste fut héroïque, mais le los superlatif et itératif de la télé afflige, et les gnagnagna du directeur de La Vie qui a interrogé son épouse. Cela dégouline et dégoûte, cela salit le mort. Telle est la caractéristique des « hommages » que la république se plaît à multiplier : c’est un symptôme à la fois du trouble de l’identité de la société française et de son incapacité à envisager la mort.
 

Le sacrifice christique du colonel Arnaud Beltrame sert la rhétorique des tartuffes

 
Quand on entend les pitres de BFM-TV, par exemple, disserter en boucle, la bouche en cul de poule et les yeux baissés à la manière d’une vierge sulpicienne, de la « nature christique du sacrifice » d’Arnaud Beltrame, on a envie de mordre. Derrière les simagrées des tartuffes se dessine un dessein politique. Il s’agit d’abord d’imposer l’unité nationale grâce à une figure indiscutable du bien, et, en mineur, de conduire les Français au mal (la lâcheté) en leur montrant que même un homme d’armes, fort, déterminé, n’a eu, face au couteau du terroriste, qu’un destin de vaincu et de victime : ici la comparaison avec le Christ est biaisée, Notre Seigneur profané, et nos compatriotes sont appelés à tendre le cou au coutelas des égorgeurs comme le mouton au poignard du sacrificateur hallal.
 

Pas de liberté de parole pour les ennemis du bien

 
Quant à l’unité nationale, on voit bien à quoi elle sert en l’occurrence : à masquer la question politique que posent en France trois faits liés, le terrorisme, l’immigration, l’islam. Laurent Wauquiez et Marine Le Pen ont interpellé le gouvernement, en lui reprochant de ne pas être à la hauteur. Une chose est de savoir si leurs critiques étaient pertinentes, une autre de dire, si, oui ou non, ils avaient le droit de les porter. La réponse de tout homme de bon sens est bien évidemment qu’ils en avaient le droit et même le devoir. Mais, grâce à la figure du Bien héroïque, et au devoir d’unité nationale qu’elle impose, ce droit et ce devoir sont niés. Au nom d’on ne sait quelles convenances républicaines dont Jean-Luc Mélenchon, l’habituel Saint Just désigné de la politique française, s’est fait le promoteur.
 

Mélenchon, maître de la rhétorique républicaine

 
Rhabillé en arbitre des élégances, il a eu devant l’assemblée nationale une envolée digne des meilleurs fils de la veuve, qu’il faut citer : « Le mal a été vaincu (Arnaud Beltrame) a remis le monde humain en ordre. Il a réaffirmé la primauté de la compassion. Il a assumé la primauté d’un altruisme absolu, celui qui prend pour soi la mort possible de l’autre, illustrant ainsi les valeurs de foi et de philosophie auxquelles il était attaché personnellement ».
 
Et la conclusion de ce brillant morceau de rhétorique ? La voici : « A notre tour de refuser à l’ennemi quelque victoire que ce soit et d’abord celle de la division, de la confusion, et de la polémique qui viendrait nous déchirer ». Admirable. Poser des questions de fond, désigner les responsabilités du pouvoir, serait « déchirer » les Français, semer la confusion et la confusion, se montrer indigne du héros et « des valeurs de foi ».
 
En prime, soyons pratique, Mélenchon sauve ses fesses, car La France Insoumise se trouvait menacée d’être exclue de l’unanimité nationale à cause de l’affaire Arnaud Poussier. Par la magie de son verbe, le bad boy de la république entre dans l’opposition vertueuse.
 

Ne pas confondre ce qui est mal et laid avec ce qui est illégal

Arnaud Poussier est ce militant gauchiste vieilli sous le harnais qui a fini par échouer à la France insoumise, dont il a été le candidat dans la quatrième circonscription du Calvados aux dernières législatives. Or il s’est réjoui par voie de tweet de la mort d’Arnauld Beltrame « A chaque fois qu’un gendarme se fait buter, et c’est pas tous les jours, je pense à mon ami Rémi Fraisse (…) là c’est un colonel, quel pied ! » La France insoumise a immédiatement dénoncé des « propos honteux et abjects » et Mélenchon annoncé son intention de porter plainte pour apologie de terrorisme. Mais la justice l’a devancé. Poussier était arrêté dès dimanche traduit devant le tribunal en urgence, et condamné à un an de prison avec sursis, le procureur ayant requis une peine ferme.
 
Je trouve cela plus que risible, scandaleux et totalitaire. Le tweet de Poussier est sans conteste odieux, misérable. Mais on ne menace pas quelqu’un de prison pour une opinion. Sans doute, dans la Reine morte, le roi Ferrante entend-il jeter son fils Pedro « en prison pour médiocrité », mais c’est au théâtre : dans la vraie vie, on ne met pas en prison pour bêtise ou mauvais goût, sinon, par exemple, Charlie au complet aurait du croupir dans les geôles de la république, alors qu’après en avoir tiré fric et considération, il est devenu l’icône des bien pensants.
 

Grâce au culte du bien, Macron nie la vérité du terrorisme et du drame de Trèbes

 
La rhétorique de l’unité nationale rend à Macron d’autres services. Comme il plaît au peuple en reconnaissant tout de suite la nature terroriste de l’affaire de Trèbes, il peut en profiter pour faire passer quelques pilules énormes. Ainsi a-t-on entendu par la bouche de Mélenchon, s’adressant à Edouard Philippe : « Nous sommes certains que vous, vos ministres et tous les services de l’Etat avez dans cette circonstance fait tout ce qui était en votre pouvoir du mieux que vous pouvez ».
 
Ce satisfecit donné au pouvoir permet à Macron, libéré de l’obligation d’examiner l’incidence de la démographie (changement de population), et de l’idéologie (islam salafiste) sur le terrorisme, de servir sa petite explication sociologique du phénomène. Selon lui, il serait « endogène » et dû aux difficultés que la France fait aux jeunes qui veulent s’intégrer, elle a formé « le terreau sur lequel les terroristes ont réussi à nourrir la violence ». Macron, comme tout bon démagogue, sait que plus c’est gros mieux ça passe. Endogène veut dire endogène : selon Emmanuel Macron, la France a donc produit sans apport extérieur Radouane Lakdim, Mohammed Merah, Mehdi Nemmouche, Amedy Coulibaly, les frères Kouachi, Salah Abdeslam, et j’en oublie.
 

Macron utilise la rhétorique du héros pour réformer la maternelle

 
Un bon démagogue, et l’empire du bien en est plein, se sert du mal pour le bien et du bien pour le mal, il les utilise dans sa rhétorique, et il applique la rhétorique qu’il tire d’un domaine à un autre. L’unité sacrée a ainsi servi à Macron d’immunité pour annoncer sans la moindre concertation et sans que l’on sache ce qu’en pensent les Français, une décision qui concerne toutes les familles et qui prendra effet dès la rentrée 2019. C’est un petit coup d’Etat indolore, à peine perçu : la scolarité obligatoire va commencer à trois ans au lieu de six. Merveilleux Macron, démagogue en sucre ! La scolarité obligatoire avait provoqué une guerre civile, son extension aux bébés ne fait pas un pli. Oh, quelques syndicalistes rouspètent pour la forme, pour exister, ils se plaignent que l’on n’ait pas abaissé l’âge à deux ans, ou que les crédits correspondants à la réforme manquent, qu’on manque de maîtres formés, mais c’est vraiment peanuts. Unité nationale et dodo tout le monde.
 

L’Etat républicain totalitaire décide du bien et du mal

 
Notez que cette décision est inutile. D’après les statistiques de l’Education nationale en effet, 97 % pour cent des enfants sont déjà scolarisés à trois ans. Mais c’est une question de principe. On ne doit pas laisser libres de faire ce qu’ils veulent les 3 % de familles qui refusent la Maternelle précoce. Macron s’en est expliqué : « La décision d’abaisser l’âge de l’instruction obligatoire à trois ans traduit la volonté du président de la République de faire de l’école le lieu de l’égalité réelle et une reconnaissance de l’école maternelle, qui ne doit plus être considérée comme un mode de garde universel ou comme la simple préparation à l’école élémentaire ».
 
Passons sur le ridicule, la révolution l’est toujours. On ne sache pas que la maternelle ait empêché le niveau de l’école primaire de baisser constamment. Le pire est l’intention de formater énoncé officiellement par l’Etat. Macron ne dit pas autre chose que Peillon, qui ne disait pas autre chose que Ferdinand Buisson, qui reprenait Robespierre. Le dessein républicain « d’arracher les enfants à leurs déterminismes » (dixit Peillon) est explicitement totalitaire. A Sparte, à Moscou jadis, l’enfant appartenait à l’Etat.
 

La rhétorique de Macron exonère l’islam et l’immigration

 
Ici, par un artifice rhétorique constant, le totalitarisme se réclame du bien, il entend promouvoir l’» égalité réelle ». Rapprochons le mot de ce qui est la source, pour Emmanuel Macron, du terrorisme « endogène » : « Nous sommes, a-t-il dit, une société dont, au cœur du pacte, il y a l’égalité (Hélas, Brigitte ne lui a pas appris la grammaire). Nous avons progressivement abîmé cet élitisme ouvert républicain qui permettait à chacune et chacun de progresser. Nous avons arrêté la mobilité sociale ».
 
Si l’on envisage maintenant la logique générale du propos, cela donne ceci : l’unité nationale interdit de vains débats sur l’invasion, le lien entre immigration et terrorisme, la responsabilité de l’islam. Ce sont les inégalités qui causent le terrorisme. On combattra celui-ci en soumettant plus tôt les petits habitants de la France à la fabrique des citoyens républicains. Ainsi la prétendue lutte contre l’islamisme radical assurera la formation plus hâtive et plus complète des petits à la révolution mondialiste.
 

Pauline Mille