Avant que nous ne disparaissons, en japonais Sanpo suru shinryakusha, est le dernier film du réalisateur-vedette, et en général talentueux, Kiyoshi Kurosawa. Kurosawa excelle particulièrement dans le fantastique, le fantastique sombre, et le drame social. Nous avons regardé son dernier film avec une vraie curiosité. L’expérience a été, hélas, décevante.
Le scénario propose un thème assez extravagant, mais déjà vu de nombreuses fois au cinéma, aux confins du fantastique et de la science-fiction : des éclaireurs extraterrestres repèrent le terrain avant l’invasion de la Terre par leur peuple. Ils sont beaucoup plus avancés technologiquement ; l’issue de conflit ne fait pour eux aucun doute, l’affaire de quelques minutes. Aussi mènent-ils plutôt une œuvre d’ethnologues que de commandos avancés : ils essaient de comprendre les cultures humaines, avant qu’elles ne disparaissent avec l’humanité. Ces extraterrestres, que l’on ne voit jamais sous leur forme véritable, sont des parasites qui habitent des corps humains. Ils doivent dans un premier temps contrôler ces corps, en essayant par exemple de marcher normalement. Puis viennent l’apprentissage du langage, et des cultures humaines. C’est l’occasion pour le spectateur français de bénéficier (en VO) de leçons de japonais : comment dit-on « famille », « propriété », « liberté », que signifient vraiment ces termes ? Ils essaient peut-être de passer inaperçus, mais ne se cachent pas vraiment pourtant. Lorsqu’ils déclarent être des extraterrestres préparant l’invasion de la Terre, personne ne réagit, du moins au Japon. Ils passent pour des simplets ou des fous.
Avant que nous ne disparaissons ne convainc absolument pas
Un journaliste, enquêtant sur des meurtres étranges, croise quelques spécimens de ces extraterrestres, qui ne le quittent pas. Une femme, épouse bafouée, en rencontre un autre, occupant le corps de son mari : tout d’abord, elle croit son mari perturbé ; finalement, elle trouve qu’elle y gagne, l’envahisseur se révélant plus attentionné que son mari. Quant au journaliste, il se rend compte que, effectivement, il sert de guide à l’avant-garde des envahisseurs qui mettent vraiment l’humanité en péril. Il est tenté par la révolte puis continue à les servir, par haine misanthropique de l’humanité.
La grosse erreur de Kurosawa, dans son traitement de ce sujet extravagant, a été de ne pas choisir entre le décalage humoristique ou le réalisme – si l’on ose dire. Le ton du film est surtout bizarre, ni vraiment drôle, à part quelques moments, ni sérieux. Le film pose cette question de fond : l’humanité mériterait-elle d’être sauvée ? Qu’y a-t-il de valable en l’Homme ? Nous ne livrerons pas ici la réponse proposée, très classique.
Avant que nous ne disparaissons n’est certes pas complètement manqué. Il comporte quelques scènes émouvantes, presque poétiques. Mais l’ensemble ne convainc absolument pas.