Le billet : Suède : la justice force l’université à rembourser à une étudiante étrangère des cours de qualité insuffisante 

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La justice suédoise vient d’obliger l’université de Västerås à rembourser, à une étudiante américaine inscrite à un cours d’analyse financière jugé « de qualité insuffisante », les droits d’entrée réservés aux étudiants étrangers. La décision devrait faire jurisprudence.
 
La lumière ne vient plus de l’Orient mais du Nord et de l’Ouest. Avant de parler de la justice et de l’université suédoise, faisons pour le montrer un détour par l’Angleterre. Brexit ou pas Brexit, en 2019, les Britanniques devront se passer de pailles, cotons-tiges et de ces petits trucs en plastique qui servent à touiller le café des machines à café. Ainsi le veut l’ardente obligation d’en finir avec le plastique, ainsi en a décidé Theresa May, despote éclairé transmanche. On se débrouillera avec ses doigts, ou, dans le cas des pailles, avec de la paille. Il y a assez de blé pour cela, voilà une filière à développer : chaumeur. 
 

Une Högskola de qualité insuffisante en Suède

 
L’objet de notre admiration vient cependant de Suède. Plus précisément de la Mälardalens högskola à Västerås, institut universitaire local. Connie Dickinson, jeune américaine, s’y est inscrite en 2011 pour y suivre des cours d’analyse financière, ce qui lui a coûté un droit d’entrée d’environ 6.500 dollars, comme à tous les étrangers extérieurs à l’Union européenne. Mais entre-temps l’enseignement de la Högskola a été jugé de « qualité insuffisante » par la haute autorité suédoise de l’instruction publique. Aussi Connie Dickinson a-t-elle laissé tomber ses cours et demandé le remboursement de son inscription. L’affaire, jugée une première fois, est passée en appel et la Mälardens Högskola a été définitivement condamnée par la justice à rembourser les deux tiers de la somme demandée.
 

La force de la justice au service de l’étudiante étrangère

 
Pour Johannes Forssberg, l’avocat de l’ONG Centre for Justice qui représentait la jeune fille, le cas devrait faire jurisprudence : « C’est important parce que l’université est une institution de l’Etat. Celui-ci pensait pouvoir faire payer un service aux étudiants d’outre-mer sans être responsable de la qualité de celui-ci. Cela donnait à l’étudiante des responsabilités sans droit. Ce n’est pas raisonnable. Il est maintenant établi que les étudiants étrangers ont des droits et que l’université doit remplir des obligations légales de qualité. C’est clairement un précédent. »
 
Voilà qui pose une question que le digne maître ne pose pas et ouvre des perspectives. La question : qui, si les cas de ce type deviennent nombreux, vérifiera la certitude et l’impartialité du jugement porté sur la « qualité » de l’enseignement dispensé ? N’est-ce pas la porte ouverte à toutes sortes de critères moraux, politiques, idéologiques, religieux ? Une faculté ne pourrait-elle pas être mise en difficulté pour manque d’enthousiasme envers l’islam ou la communauté LGBT ?
 

Rembourser les cours de la maternelle à l’université ?

 
Les perspectives, elles, peuvent réjouir ou faire frémir, selon l’humeur. Si les universités ont une obligation de qualité, pourquoi s’en tenir au remboursement des inscriptions payantes ? Les étudiants qui ne paient pas peuvent se sentir également lésés. Pourquoi ne pourraient-ils pas demander des indemnités ? Ce serait fantastique. Imaginons que, l’Europe aidant, l’usage s’en installe chez nous. On verrait des Burkinabés ou de faux étudiants chinois demander des mille et des cents à Jussieu, à Nanterre. Et pourquoi s’en tenir à l’université ? Le secondaire, le primaire, la maternelle, échelon primordial, doivent être évalués et poursuivis le cas échéant pour qualité insuffisante. J’accuse la grande section de la ZEP de Chanteloiseau et subsidiairement le ministre de l’Education nationale de l’époque, Najat Vallaud-Belkacem, d’avoir rendu idiots 3 972 élèves. Le montant des dommages et intérêts devraient compenser deux ans d’économies de ce pauvre monsieur Blanquer. 
 

Pauline Mille