Selon le Washington Post, le Pentagone étudie le coût et l’impact d’un retrait à grande échelle des troupes américaines en Allemagne. Plusieurs scénarios seraient envisagés, parmi lesquels un rapatriement de ces troupes aux Etats-Unis ou leur transfert vers la Pologne. Le média public allemand Deutsche Welle se demande si ces scénarios sont réels ou s’il s’agit simplement pour Donald Trump de mettre sous pression Berlin, à qui le président américain reproche de ne pas investir assez dans la défense. C’est aussi une question que pose le Washington Post, en rappelant que les dirigeants de l’OTAN doivent justement se réunir les 11 et 12 juillet.
Les troupes américaines en Allemagne comme argument de négociation de Donald Trump au prochain sommet de l’OTAN ?
Alors que les Etats-Unis dépensent l’équivalent de 3,58 % de leur PIB pour leur défense et celle de leurs alliés, Donald Trump ne cache pas son mécontentement vis-à-vis des partenaires européens de l’OTAN qui ne tiennent pas leur promesse de dépenser au moins 2 % de leur PIB pour leur propre défense. En effet, seuls le Royaume-Uni, la Pologne, l’Estonie et la Grèce respectent à peu près cette obligation aujourd’hui. L’Allemagne est particulièrement mauvais élève avec un budget de la défense valant seulement 1,24 % de son PIB en 2017. Reflétant le niveau de ces dépenses, un rapport parlementaire publié au début de l’année dévoilait un état de délabrement avancé de la Bundeswehr.
Le lobbying de la Pologne pour avoir au moins une base américaine permanente sur son territoire
Le Washington Post rappelle aussi que la Pologne a proposé récemment de participer à hauteur de 2 milliards de dollars à l’installation d’une base américaine permanente sur son territoire. Le journal américain cite toutefois une source anonyme haut placée de l’OTAN pour qui une telle somme ne serait rien par rapport à la valeur de soixante ans d’investissements militaires américains en Allemagne. L’Allemagne met du reste la main à la poche elle aussi puisque, selon des données de 2002 citée par le Washington Post, elle compense aux Etats-Unis le tiers du coût du maintien de ses troupes sur son territoire sous forme de contributions en nature (terrains, infrastructures, ouvrages de construction, exemptions de taxes douanières et impôts, etc.).
L’Allemagne prévoit d’accroître ses dépenses de défense à seulement 1,5 % du PIB à l’horizon 2024.
En juin, lors d’une visite à Washington du ministre de la Défense allemand Ursula von der Leyen, le secrétaire à la Défense américain Jim Mattis avait dit, à propos de la promesse allemande d’accroître les dépenses de défense jusqu’à 1,5 % du PIB à l’horizon 2024, que les Allemands « sont sur la bonne voie ». John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, avait toutefois fait part de la déception de la Maison Blanche puisque cela reste très en deçà du seuil des 2 % auxquels se sont engagés les alliés européens de l’OTAN.
Selon le Washington Post, l’étude du Pentagone n’est pour le moment qu’un exercice théorique, mais elle fait malgré tout suite à l’intérêt exprimé en début d’année par le président américain pour un éventuel retrait des 35.000 militaires américains en service actif en Allemagne.