Des associations sonnent l’alarme : des enfants âgés de seulement cinq ans se mettent à avoir des comportements qui s’apparentent à des abus sexuels à cause de ce qu’ils voient sur les réseaux sociaux, informe le journal anglais The Telegraph dans le cadre de sa campagne en faveur d’un devoir de protection des géants du numérique à l’égard des enfants.
L’organisation caritative Barnado’s, qui se consacre depuis 1866 à l’aide aux enfants et aux adolescents, estime que les enfants ne sont plus seulement victimes mais de plus en plus, vis-à-vis de leurs camarades, auteurs d’abus sexuels de type attouchements ou présentation forcée d’images pornographiques. L’organisation a par ailleurs présenté aux membres du Parlement les preuves d’une explosion de la prédation en ligne contre des enfants dont les parents ignorent tout des images de webcam que leurs enfants partagent depuis leur chambre. Des images où des enfants, incités par des messages envoyés par des adultes, se déshabillent et sont ainsi sans le savoir exposés en direct à une multitude d’internautes avant de venir enrichir les collections de sites pédophiles.
Les trois quarts des abus sexuels liés à l’utilisation d’internet
Selon Barnado’s, les trois quarts des dénonciations pour abus sexuels contre des enfants sont désormais liées à l’utilisation d’Internet. L’organisation demande que les mécanismes de vérification de l’âge des utilisateurs soient renforcés de manière à interdire l’accès des enfants aux sites où ils sont des proies faciles pour les prédateurs sexuels, comme les sites Periscope, Facebook.live, Musical.ly et Live.ly où les utilisateurs diffusent du contenu en direct. Barnado’s demande aussi qu’il y ait sur ces sites des modérateurs agissant en direct pour stopper les prédateurs sexuels avant qu’ils ne puissent obtenir quoi que ce soit de la part des enfants connectés. Ces prédateurs sexuels, selon l’association, agissent de manière sournoise et parfois en groupe pour pousser progressivement les enfants à se dénuder devant leur ordinateur.
Les parents premiers responsables de leurs enfants
Mais Barnado’s en appelle aussi à la responsabilité et au bon sens des parents qui laissent leurs enfants utiliser sans supervision des smartphones, tablettes et autres appareils connectés équipés de webcams. « C’est comme laisser un enfant avoir une équipe de tournage dans sa chambre », estime une responsable de Barnado’s dans les colonnes du Telegraph. Et elle prévient les parents dont les enfants adoptent des attitudes inappropriées que, s’ils ne réagissent pas immédiatement et ne cherchent pas le conseil de spécialistes, ils encourent le risquent de voir leurs chérubins développer des comportements autrement plus problématiques à mesure qu’ils grandiront.
Selon les chercheurs de l’organisation, le nombre de vidéos en ligne diffusées par des mineurs avec des images pouvant être qualifiées d’abus sexuels a augmenté de près de 400 % en un an !
Les réseaux sociaux n’en font pas assez pour protéger les enfants
Un porte-parole du gouvernement britannique cité par le Telegraph explique que si certaines plateformes en ligne ont en théorie pris des mesures importantes pour améliorer la sécurité, elles semblent toujours manquer d’efficacité au niveau de la mise en œuvre de ces mesures.
Les dirigeants des entreprises gérant les réseaux sociaux seraient-ils trop occupés à faire la chasse aux opinions qu’ils jugent politiquement incorrects (pro-vie ou identitaires, par exemple) pour s’intéresser à la sécurité de leurs utilisateurs mineurs ? A quand l’adoption d’un arsenal juridique adapté permettant de placer Mark Zuckerberg et consorts devant leurs responsabilités ?