Royaume-Uni : la campagne du “Telegraph” pour faire agir le gouvernement et les géants d’Internet contre l’addiction des enfants à internet

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Le quotidien britannique Daily Telegraph vient de lancer une campagne en faveur d’un devoir de protection des géants du numérique à l’égard des enfants, avec également un appel au gouvernement de Theresa May pour qu’il réglemente les médias sociaux dans ce domaine. Pour le Telegraph, soutenu par une « coalition d’experts », les médias sociaux et les entreprises de jeux sur Internet devraient se voir imposer une obligation d’agir contre les risques de troubles psychiques, de harcèlement en ligne et d’addiction.
 

Les géants du numérique accusés de tout faire pour pousser les enfants à l’addiction

 
Les experts cités par le Telegraph accusent les compagnies comme Facebook et Snapchat de cibler de manière cynique les enfants dès l’âge de huit ans, en utilisant des méthodes tirées de la psychologie comportementale pour les inciter à rester en ligne aussi longtemps que possible. Les experts considèrent que les compagnies de l’internet ne sont pas suffisamment contrôlées. De ce fait, les organisations caritatives comme Barnado’s, qui se spécialise dans l’aide aux enfants vulnérables, sont confrontées à un nombre croissant d’enfants victimes d’addiction à Internet, d’envois de messages à caractère sexuel, de prédateurs sexuels en ligne ou de harcèlement en ligne, ce qui pousse même parfois certains d’entre eux au suicide. Pour Peter Wanless, le directeur de la Société nationale de prévention de la cruauté contre les enfants (NSPCC), « on a laissé pendant trop longtemps les réseaux sociaux considérer que la protection des enfants était une simple option » : « Nous n’avons pas mis en place les mêmes protections en ligne que hors ligne ».
 

Les statistiques inquiétantes du Telegraph pour le Royaume-Uni

 
L’association des pédiatres britanniques Royal College of Paediatrics and Child Health (RCPCH) a identifié selon le Telegraph des indices « inquiétants » d’un lien entre l’utilisation intensive d’Internet par les mineurs et les problèmes de dépression, de mauvaise santé mentale et d’obésité. Le Telegraph s’est aperçu après avoir mené sa propre enquête que près d’un quart des enfants en âge scolaire au Royaume-Uni passent plus de 6 heures par jour sur internet en dehors des heures d’école. Le recours à la ligne d’assistance de la NSPCC pour des problèmes de harcèlement en ligne a doublé au cours des cinq dernières années, un nombre croissant d’enfants et adolescents étant dépressifs ou suicidaires. La police britannique arrête en moyenne six personnes par jour pour des cas de prédation sexuelle à l’encontre de mineurs via les médias sociaux.
 

L’utilisation excessive d’Internet et des réseaux sociaux par les enfants et adolescents comparée à la consommation de drogues dures

 
Le Telegraph s’appuie sur la tradition du devoir de protection en droit anglais et écossais efficacement mis en œuvre depuis les années 1930 pour contraindre des entreprises sans scrupules à mieux se comporter. Si le gouvernement britannique veut vraiment faire du Royaume-Uni « l’endroit le plus sûr au monde pour être en ligne » comme il l’a déclaré, il ne pourra pas se passer de nouvelles règles contraignantes pour les entreprises qui gèrent les réseaux sociaux. Au cours de la décennie écoulée, l’utilisation hebdomadaire d’internet a doublé chez les enfants de 11 ans et moins et elle augmenté de moitié chez les 12-15 ans. Les études ont montré qu’aujourd’hui 4 % environ des adolescents sont exposés à un syndrome d’addiction au sens clinique du terme.
 
Pour que tout soit clair, les enfants et adolescents qui lisent et réagissent immédiatement à tout nouveau message ou notification et vont voir plusieurs fois par heure ce qui se passe sur leurs réseaux sociaux ne font pas partie de ces 4 % puisqu’il s’agit simplement, pour les experts, d’utilisateurs « invétérés ». À ce titre, il n’est pas inutile de rappeler que la dépendance à internet est comparée par certains psychothérapeutes à la consommation de drogues dures. Même si ce n’est pas une preuve en soi étant donné la soumission de cette organisation aux différents groupes de pression, signalons aussi que l’OMS classe depuis peu la dépendance aux jeux vidéos au rang des maladies mentales.
 

Olivier Bault