Les Nations unies sont sous le feu des critiques pour un nouvel exemple de ce que certains appellent désormais une « guerre au journalisme ». Des fonctionnaires de sécurité ont été surpris par une caméra en train d’expulser violemment du siège de l’ONU un journaliste connu pour travailler sur la corruption au sein de l’institution mondiale, Matthew Lee. Alors que les attaques des Nations unies contre la liberté de la presse font la une de nombreux médias et suscitent les critiques d’associations de défense des droits, l’institution tente de couvrir ses magouilles.
Matthew Lee malmené et expulsé pendant un discours du secrétaire général, le socialiste Guterres
L’incident s’est déroulé le 22 juin, quand le journaliste Matthew Lee d’Inner City Press, agence spécialisée dans l’investigation (finance, institutions internationales…), était présent lors d’un discours du secrétaire général des Nations unies, le socialiste portugais Antonio Guterres. Pour une raison qui reste obscure, Matthew Lee fut malmené et expulsé par des gardes armés. Quand Lee demanda à des caciques de l’ONU présents à proximité, parmi lesquels la vice-secrétaire générale, la guyanienne Catherine Pollard, de s’expliquer ou d’intervenir, ils refusèrent. Les gardes ont confisqué son ordinateur.
Le 3 juillet, veille de la fête nationale américaine, l’affaire redoubla. Alors qu’il couvrait la réunion de la commission sur le budget des « forces de maintien de la paix » des Nations unies, Matthiew Lee fut de nouveau expulsé sans qu’il lui en soit signifié la raison. Pendant cette seconde expulsion, sa chemise fut déchirée, son ordinateur portable endommagé, son bras tordu avant d’atterrir dans la rue. La vidéo de la scène cumulait mardi 20.000 vues sur Youtube. Quand Lee tenta de revenir, on l’informa qu’il était désormais persona non grata, supposément par mesure de rétorsion après sa plainte contre les gardiens. On attend – en vain ? – une enquête.
Matthew Lee est l’enquêteur qui révélé le plus de cas de corruption aux Nations unies
Matthew Lee, fondateur d’Inner City Press, est un journaliste connu, respecté et très lu. C’est le reporter américain qui a probablement mis au jour le plus de cas de corruption et de malversations aux Nations unies. Il y fut accrédité voici plus de dix ans. Parmi les scandales les plus notables qu’il a révélés, des abus sexuels et viols d’enfants par des corps de maintien de la paix, le rôle des Nations unies dans l’importation du choléra en Haïti, la corruption massive de hauts fonctionnaires de l’institution mondialiste, les crimes de guerres dans lesquels elle a été impliquée. De quoi ulcérer les caciques de l’organisation. Et même un certain nombre de ses « confrères », nombre d’entre eux travaillant pour des dictatures membres de l’ONU.
En février 2008 Google, peut-être sur pression de l’ONU, bloqua la reprise d’Inner City Press par Google News, rapportait Fox news. En 2012, suite à des reportages d’Inner City Press sur la corruption onusienne, le Sri Lanka et la Syrie, l’ONU tenta, en vain, de lui retirer son accréditation. En 2016, Matthew Lee fut expulsé de son bureau au siège de l’ONU comme un vulgaire criminel avec saisine de son badge et de son téléphone cellulaire. Il fut alors réduit du statut de correspondant résident à celui de correspondant non-résident.
Matthew Lee accuse les Nations unies « jusqu’au plus haut niveau »
Matthew Lee a expliqué sa situation au site The New American : « Jusqu’au plus haut niveau des Nations unies, celui du secrétaire général Antonio Guterres, ils détestent mon travail, que ce soit sur la corruption (actuellement l’affaire de pots-de-vin du géant chinois China Energy Fund Committee), sur les violences sexuelles, sur l’inaction de Guterres face aux massacres au Cameroun, etc… La première fois que je suis entré à l’ONU, on dénombrait plusieurs autres journalistes critiques sur ces sujets. Il en reste beaucoup moins. La solution était de me jeter et de m’interdire de revenir ».
Les statuts de l’ONU ne prévoient aucune loi sur la liberté d’information. Les accréditations ne sont protégées par aucune garantie de neutralité de l’institution. Et l’affaire du bannissement de Lee n’est pas la première du genre. En Italie, le patron de la FAO, agence onusienne pour l’alimentation, José Graziano da Silva, lié à un réseau communiste latino-américain poursuivi par la justice états-unienne, utilise une vieille loi de l’époque fasciste sur la diffamation pour faire taire l’Italian Insider et son éditeur John Phillips, menaçant de le faire emprisonner. A l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle de l’ONU (WIPO), l’ex-patron Francis Gurry essaie de faire taire un journaliste suisse pour avoir soulevé de façon très documenté des affaires de corruption et de passe-droit. Un « tribunal » onusien a tenté de faire emprisonner un journaliste libanais qui avait fait son travail.
Les arguments de l’ONU contre Matthew Lee contestés par l’organisation GAP
Un porte-parole de Guterres, Fahran Haq, a justifié le traitement de Matthew Lee, affirmant que ce dernier avait violé les règles des correspondants non-résidents. Lee aurait « utilisé sa carte d’accès pour pénétrer dans une zone interdite » puis aurait eu « un comportement agressif, résistant aux gardes ». Cette version est contestée par Beatrice Edwards, de l’organisation d’analyse politique Government Accountability Project (GAP). Elle dénonce « un nouvel incident sur la longue liste de harcèlement des journalistes qui révèlent les dérives de l’ONU ». « M. Lee a toujours appliqué les protocoles de l’ONU et été respectueux dans ses échanges avec les fonctionnaires », ajoute-t-elle, précisant que le GAP est « très choqué par ces mauvais traitements ». Le club de dictateurs que constitue l’ONU n’aurait, selon Lee, jamais été aussi gangrené par la corruption que sous l’actuel secrétariat général de Guterres. Aux contribuables occidentaux, qui financent cet organisme tentaculaire, d’en tirer leurs conclusions politiques.