Lundi et mardi, les garde-côtes libyens ont ramené à bon port 611 « migrants » expédiés par les passeurs sur des canots pneumatiques. Parmi eux, 108 clandestins récupérés par le navire italien La Asso 28, un remorqueur travaillant pour les plateformes pétrolières. Pour l’Italie, le navire opérait sous les ordres de la garde côtière libyenne et les candidats à l’immigration illégale en Europe ont été récupérés dans les eaux libyennes. C’est pourquoi ils ont été débarqués dans le port de Tripoli. Mais pour le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), une agence de l’ONU, Tripoli n’est pas un port sûr et l’Italie pourrait donc s’être rendu coupable d’une violation du droit international. Le HCR annonce une enquête. L’ONG espagnole Proactiva Open Arms est à l’origine de la délation. Elle affirme que l’équipage de son bateau a écouté les conversations radios entre La Asso 28 et les autorités libyennes et que l’opération de récupération des « migrants » a eu lieu dans les eaux internationales.
Les migrants auront intérêt à passer par la Libye si le HCR qualifie leur retour dans ce pays de violation du droit international…
Tripoli n’est-il donc pas un port sûr ? Le journal italien Il Giornale s’en étonne, car les personnels de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) se vantaient lundi, quelques heures avant l’arrivée du remorqueur italien, qu’ils attendaient de pied ferme à quai de pouvoir fournir une assistance à ces 108 personnes qui venaient de rater leur émigration illégale vers l’Europe. Si le port de Tripoli n’était pas sûr, les personnels de l’OIM n’y seraient pas, se moque Il Giornale. Et quand bien même la récupération aurait eu lieu dans les eaux internationales, les autorités libyennes se sont réservé, comme les y autorise le droit international, une zone exclusive de cent milles marins à partir de leurs côtes pour les opérations de recherche et de sauvetage. En outre, après la Libye, les ports sûrs les plus proches sont en Tunisie et non pas en Europe.
Il y a quelques jours Tunis était d’ailleurs finalement contraint d’accepter 40 clandestins africains partis de Libye qui venaient de poireauter deux semaines sur le Sarost 5 après avoir été récupérés sur leur canot pneumatique. Malte, l’Italie et la France refusaient de les accueillir (comme quoi, Macron ne vaut pas mieux que Salvini). Mais il faut dire que le Sarost 5 bat pavillon tunisien et le Premier ministre Youssef Chahed a tenu à préciser que cet accueil pour raisons humanitaires ne devait pas faire jurisprudence. D’autant que la Tunisie refuse même d’habitude de récupérer ses propres citoyens comme on l’a vu avec les terroristes de Berlin et de Marseille, avant qu’ils ne commettent leurs crimes…
Le Haut Commissariat aux réfugiés et les autres agences de l’ONU n’apprécient pas le travail de l’Italie à sa juste valeur
Ni le HCR ni l’ONG espagnole ne semblent apprécier à leur juste valeur les politiques mises en place par l’Italie pour stopper l’immigration illégale et l’hécatombe en Méditerranée. Les chiffres de l’OIM sont pourtant très clairs. Pour la période du 1er janvier au 29 juillet, il y a eu, en 2018, 18.392 arrivées en Italie et 1.111 morts et disparus sur la route de la Méditerranée centrale, contre 94.806 et 2.240 respectivement un an plus tôt. Ainsi, malgré l’appel d’air entretenu par le laxisme d’autres pays de l’UE comme la France et l’Allemagne ainsi que par les pressions et les signaux envoyés par les agences de l’ONU, les ONG et le pape François, le durcissement de la politique italienne a déjà permis de réduire de moitié le nombre de « migrants » noyés en Méditerranée centrale, et tout porte à croire que ce nombre va continuer à diminuer parallèlement au nombre d’arrivées.
Quand les Africains auront compris que la route de la Méditerranée centrale est définitivement fermée, ils ne se rendront plus en Libye où sévit encore la guerre civile provoquée par l’intervention franco-britannique de 2011, ce qui sauvera d’autres vies non comptabilisées par l’OIM. Cela irait plus vite et l’on sauverait encore plus de vies si l’Italie était soutenue par toute l’UE et par les agences de l’ONU comme le HCR. Sans doute sont-ce ces agences qui devraient faire l’objet d’une enquête pour mieux comprendre leurs motivations.
Olivier Bault
Correspondant à Varsovie