Après la censure par les principaux réseaux sociaux d’un publiciste qu’ils jugent conspirationniste, Donald Trump dénonce l’hypocrisie de gens qui font taire la droite pour promouvoir la gauche. Il se trompe : la censure s’en prend à la haine pour répandre le bien. Ainsi fonctionne le système.
Facebook, Twitter, Instagram, etc., les réseaux sociaux ont fait leur notoriété et leur fortune en se présentant comme des espaces où chacun peut s’exprimer librement. C’était de la publicité mensongère, typique de l’hypocrisie des marchands yankees : en fait, une fois captées l’attention et la fidélité de centaines de millions d’addicts, les réseaux sociaux choisissent ce qu’ils publient, ils orientent et censurent, ils ont la mission de faire la pédagogie du bien.
Pour Trump, la gauche censure la droite sur les réseaux sociaux
Il existe aux Etats-Unis un monsieur assez connu depuis qu’il a donné son opinion par la voie des réseaux sociaux sur une fusillade dans une école maternelle, Alex Jones, une sorte de tribun du web, que Facebook, Spotify, Youtube et Apple viennent de censurer. Or, celui qu’ils jugent conspirationniste, Trump le dit « de droite /conservateur ». Déplorant qu’on le fasse taire quand on en laisse parler d’autres, Trump estime la censure « dangereuse ». Et d’expliquer : « Il n’y a rien d’aussi bidon que CNN et MSNBC, elles sont malades, et pourtant je ne demande pas qu’on les censure ». Le président, en fin de compte, refuse de séparer le bon grain de l’ivraie : » Laissons tout le monde participer, bon et mauvais ». Cela déplaît aux réseaux sociaux, qui, derrière leur laisser faire de façade, opèrent une censure idéologique des contenus.
La charmante hypocrisie des réseaux sociaux irrite Trump
Twitter, si cher à Donald Trump, qui doit passer plus d’une heure par jour à twitter, faisait mine jusqu’à présent de ne pas censurer Alex Jones pour respecter la sacrosainte liberté d’expression : il vient de le suspendre pour plusieurs semaines. Et il s’en est expliqué. Sa censure ne s’exerce pas contre des informations ou des idées, mais contre « un comportement ». Alex Jones a le droit de penser ce qu’il veut, d’être un fou conspirationniste, mais son comportement de haine est inadmissible. Finalement, Twitter dit à peu près la même chose que Facebook, qui a justifié sa censure en accusant Jones de « glorifier la violence » et « d’utiliser un langage déshumanisant pour décorer des personnes transgenres, musulmanes et immigrées ». En d’autres termes de répandre la haine.
Le système ne censure pas ses opposants, il écarte la haine : pratique !
Inutile, pour Jones ou pour d’autres, de brandir l’amendement numéro un qui garantit la liberté d’expression : Facebook est une affaire privée, il appuie sa censure sur son règlement interne. Imparable. Mais son hypocrisie va plus loin, et la naïveté, calculée ou non, de Trump, aussi. En choisissant tel contenu plutôt qu’un autre, en demandant à leurs adhérents de « signaler » tel ou tel contenu, les réseaux sociaux n’appellent pas à la délation ni n’exercent de police de la pensée ou de censure : ils luttent contre la haine. Toute la ruse de la révolution politique à visage moralisateur gît dans le « hate crime », « le délit de haine ». Tout devient crime de haine, siffler une femme dans la rue, trouver qu’il y a plus de Noirs dans le foot que dans le cyclisme, appliquer la loi sur les « migrants ». Or le crime de haine doit être puni. Telle est l’hypocrisie géniale du système. Il ne dit pas, je censure mon opposant, il dit, j’écarte la haine pour qu’advienne le bien.