Le ministre de l’écologie Nicolas Hulot a annoncé en direct lors de l’émission matinale de France Inter une démission qui est la sanction à ses yeux de son échec au gouvernement. Mais c’est aussi la sanction de l’imposture de sa posture politique et de l’écologisme politique.
Il aura tout été. Plagiste, serveur, moniteur de voile, paparazzo et même reporter. Il a manqué la photo du baron Empain libéré mais réussi une interview de Jan Smith du temps de la Rhodésie indépendante, avant que le sinistre Mugabe ne prenne le pouvoir. Son père était chercheur d’or, son grand père avait fait sa fortune dans les barrages hydro-électriques avant de la perdre au jeu, lui bobo parisien d’après soixante huit, ancien de Saint Jean de Passy, a décidé de chercher fortune dans l’écologie, et y a réussi deux fois, en vendant son émission Ushuaïa avec ses produits cosmétiques dérivés (ce qui lui vaut un joli bas de laine de 7 millions d’euros), et en devenant le gourou soft de l’écologisme.
Enorme bourde, Nicolas Hulot devient ministre de Macron
Hélas pour lui, il a commis une bourde énorme en 2017. Courtisé jusque là par tous les présidents qui se succédaient à l’Elysée, ou par les faiseurs de roi, il avait réussi à garder sa virginité par vents et marées, à ne jamais accepter une place de ministre ni se porter candidat à la présidence de la république (sauf une fois en 2012, sous pavillon vert, mais en posant ses conditions, ce qui lui avait valu une claque mémorable d’Eva Joly, qui gagna largement la primaire malgré les sondages). Il était la madone de l’écologisme politique précisément parce qu’il ne descendait pas dans l’arène politique, qu’il se gardait de se salir les mains dans la cuisine politicienne. Il organisait un sommet des consciences, dissertait au Vatican, accompagnait le chef Raoni, voyageur infatigable, autour du monde.Et puis Macron vint et sut le séduire, le convaincre. Et Mulot devint ministre de l’écologie. Depuis, il souffre. Jour et nuit. Il se fait traiter de crétin par le ministre de l’agriculture à propos de désherbant, de lâche par Brigitte Bardot à propos d’animaux.
Démission du ministre pour cause de souffrance excessive
Cette grande douleur n’est pas muette. Depuis des mois, quasiment depuis sa nomination, Nicolas Hulot nous fait part de ses états d’âme, se demande s’il est utile, sursoit de répondre à la question qu’il a lui même posée, se laisse le temps de dresser un bilan. Il a présenté un plan climat en 2017 pour que les émissions et le captage de carbone par la France s’équilibrent en 2050, qui prévoit de cesser de vendre des voitures à essence d’ici 2040. D’ici là, le roi, l’âne ou moi. Mais il a été forcé de reculer sur les loups (autorisation d’en abattre), les moutons (fermeture administrative des yeux pour l’Halal et l’Aïd el Kebir), les perturbateurs endocriniens, etc. Pour se remonter la patate, il a mis sa démission dans la balance dans l’affaire de Notre Dame des Landes, sachant bien que tout le monde à Paris était contre. Le projet d’aéroport a bien été abandonné, mais c’était une bien maigre pièce au tableau de chasse du ministre. Nicolas Hulot est un concurrent sérieux de Yannick Noah et d’Omar Sy au poste envié de personnalité préférée des Français. Il a pensé qu’en s’enferrant plus longtemps au ministère de l’écologie, il perdrait sa popularité. Il a préféré reconnaître son échec en présentant sa démission. Le grammairien Rivarol disait : c’est un immense avantage de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. Il ne faut pas non plus trop faire : on devient discutable.
Nicolas Hulot reconnaît son échec et son imposture
Cet homme est médiatique. Il a pris la décision d’annoncer sa démission pendant l’émission de radio, « en écoutant les questions ». Et il a déballé les raisons de son échec : « Je ne veux plus me mentir. Je ne veux pas donner l’illusion que ma présence est à la hauteur » des enjeux. Bref, tout en gardant son « amitié » à Emmanuel Macron, au delà de son échec personnel, il a reconnu l’imposture qu’il couvrait. Il omet cependant d’envisager l’imposture qui le constitue, le pourquoi de sa présence au gouvernement et de sa popularité. On le comprend en lisant les questions qu’il a posées au cours de l’émission pour justifier sa démission. La liste des dossiers qui devaient selon lui suffire à mesurer son action. « Est-ce que nous avons commencé à réduire l’utilisation des pesticides ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l’érosion de la biodiversité ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à se (sic) mettre en situation d’arrêter l’artificialisation des sols ? »
Ecologie ou écologisme ? La sanction des mythes éculés
Deux choses frappent dans cette liste. D’une part son caractère hétérogène, confus, arbitraire ; de l’autre l’absence des grandes peurs généralement agitées, qu’elles soient fantasmatiques, genre réchauffement du climat d’origine humaine, ou réelles, la pollution des océans par les hommes. Ces omissions et cette liste confirment l’échec de Nicolas Hulot. En 2009 déjà, l’ancien ministre et scientifique Claude Allègre, ironisant sur l’imposture que constitue l’anthropogenèse du réchauffement, le traitait « d’imbécile » et d’hypocrite qui « envoie les gens rouler à vélo et, lui, fait ses affaires en hélicoptères ». Il faisait ainsi allusion au parc de véhicules à moteur que possède l’animateur ministre. Aujourd’hui, dans son testament, Nicolas Hulot ne parle plus de cela. Peut-être la sagesse lui est-elle venue. Ou peut-être craint-il, s’il évoquait les peurs globales, de devoir parler de l’état des océans. Or, de récentes études sérieuses et convergentes rendent la politique européenne de tri sélectif et de recyclage du plastique directement responsable des montagnes de déchets rejetés à la mer.
Le ministre de l’écologie n’a nul pouvoir sur ce dont parle Hulot
Quant aux questions jugées cruciales pour son ministère par Nicolas Hulot, elles surprennent. Sans doute l’artificialisation des sols est-elle un fait avéré et une mauvaise chose, mais pourquoi la mettre ainsi au tout premier plan ? Quant à l’érosion de la biodiversité, c’est globalement un mythe. En outre, les quelques espèces véritablement menacées (par exemple, les orangs outans de Sumatra), ne sont nullement du ressort du ministre de l’écologie français, à moins d’avouer l’intention proprement mondialiste de l’écologisme : la déforestation de l’Indonésie dépend du gouvernement indonésien.
Restent les pesticides. C’est-à-dire un mot fourre-tout, mal traduit de l’anglais, qui met dans le même sac bactéricides, herbicides, fongicides, et insecticides. Ce n’est pas être un adepte de Monsanto que de déplorer une telle imposture de langage. Animateur télé habile à toucher l’affect du spectateur, Nicolas Hulot n’a pas pris en revanche la mesure des domaine qu’il affecte de connaître. Ici est la première imposture : en matière d’écologie, Nicolas Hulot ne sait pas ce qu’il faut défendre. Sa démission n’y change rien.