L’école élémentaire catholique Straf ! de Beringen-Mijn en Belgique subit actuellement la colère d’une part importante des familles qui lui confient leurs enfants pour avoir décidé de mettre progressivement fin à l’instruction islamique que l’on y dispense dès le CP en parallèle avec l’enseignement religieux catholique. Près de la moitié des parents se sont mis en grève le 27 mars, gardant à la maison 45 % des 374 élèves que compte cette école des Flandres. « Ils nous ont laissés tomber », protestent les parents.
L’école fait partie des rares établissements catholiques à dispenser encore ainsi l’enseignement religieux de façon différenciée, en offrant un cursus spécifiquement islamique à ses nombreux petits élèves musulmans.
« Cela fait plus de 40 ans que l’école organise des cours d’islam. En outre, plus de 80 % des élèves sont musulmans. Et ils vont quand même supprimer les cours d’islam… Nous ne comprenons pas pourquoi nous n’avons pas été associés à cette prise de décision », dénoncent Kadriye Demir et Döne Cal, deux mamans quadragénaires.
Cette école catholique de Belgique accueille 80 % d’élèves islamiques
La directrice, Indra Monten, n’a pas été prise d’un soudain zèle missionnaire qui l’aurait poussée, en cohérence avec le caractère catholique de l’école, à accueillir chacun mais en enseignant à tous les fondements de la foi catholique. On ne saurait d’ailleurs affirmer sans vérification préalable qu’on y dispense des cours d’instruction catholique de qualité et véritablement formateurs, mais c’est un autre sujet.
Indra Monten a expliqué ainsi sa décision de regrouper les cours catholiques et musulmans au CP dès la rentrée prochaine en un unique cours de religion :
« Actuellement, nos élèves reçoivent des cours de religion dans deux groupes distincts. Cela nous empêche de nous rapprocher les uns des autres et nous prive d’occasions de discuter de qui nous sommes, de ce en quoi nous croyons, de ce qui nous unit et de ce qui différencie notre foi personnelle de celle d’autrui. A partir de la pluralité religieuse présente dans la classe, dans le respect des croyances de chacun et en dialogue avec l’inspiration chrétienne de l’école, l’école travaillera avec les élèves sur la formation de l’identité. Bien entendu, cela tient compte de la réalité du groupe d’élèves dans la classe. Par exemple, nous voulons inviter l’imam dans les nouveaux cours de religion à l’occasion. Et nous allons entamer des discussions avec la mosquée locale. »
Bref, le dialogue inter-religieux au primaire.
Grève des parents pour l’enseignement de l’islam
Les parents grévistes ont été appelés à se mobiliser par le parti politique local « Interactief Beringen », qui prône les droits de l’homme sur fond d’image de mosquée. « Straf ! se présente comme une “école de dialogue”, mais les parents n’ont jamais été consultés à ce sujet », a ainsi dénoncé Kenen Ayaz, responsable d’Interactief, accusant la direction de l’école d’avoir « blessé » les parents en leur faisant l’annonce « du jour au lendemain ».
L’annonce avait pris la forme d’un courriel envoyé « à la veille du ramadan », note la presse locale, qui croit savoir que la direction a reconnu depuis lors que la date était « mal choisie ». Une réunion d’information est annoncée. « Après Pâques »…
Quant aux enfants déjà scolarisés à Straf !, ils continueront de recevoir l’instruction islamique séparée pendant l’ensemble de leurs années de primaire.
Anne Dolhein