Ça devait arriver. Après que plusieurs de ses congénères eurent exigé d’être considérés comme des chevaux, des chats ou des dinosaures, un écolier anglais s’identifie en tant que champignon – l’histoire (vraie) ne dit pas s’il s’agit d’une girolle, d’un cèpe, d’une morille ou d’une amanite phalloïde. Et si la petite fille qui se disait chat avait été réprimandée par sa maîtresse à l’école de l’Eglise d’Angleterre, l’écolier qui s’identifie en champignon est laissé libre de le faire dans son école privée catholique, ce qui exaspère ses parents.
« Il s’identifie comme un champignon ! C’est ridicule »
On ne sait pas son nom, on ne connaît pas son école, car l’Express, qui révèle l’affaire, veut préserver l’enfant. Les faits sont les suivants : après avoir regardé le film animé par ordinateur Super Mario Bros, un jeune écolier s’est engoué pour l’un des personnages, Toad, qui est un champignon. Et depuis, il s’identifie comme un champignon. Cela exaspère ses parents. « C’est simplement ridicule. Pourquoi l’école l’entretient-il dans l’idée de s’identifier en champignon ? Ce petit a besoin de soutien, pas qu’on flatte ses lubies. »
Pousser un écolier à changer de genre, c’est ouvrir la porte…
L’école n’a pas réagi, mais on peut présumer qu’elle se comporte ainsi par prudence. En effet, un professeur de Rey College, dans le Sussex de l’Est, avait réprimandé une fille de treize ans pour avoir contesté la lubie d’une camarade qui s’identifiait en chat ; l’élève trop honnête avait été dénoncée comme « méprisable ». Une enquête a été ouverte par le ministère de l’Education nationale anglais. L’école a fini par écrire aux parents qu’aucun enfant ne doit s’identifier en chat ou en n’importe quel animal. Mais un membre de l’Union pour la liberté d’expression, Toby Young, a remarqué : « Si vous encouragez les enfants à s’affranchir de la réalité biologique en leur disant qu’ils peuvent s’identifier en individus du sexe opposé, il est inévitable qu’ils s’identifient en animaux, ou même en légumes ou en champignons. »
Anglais ? Protozoaire ? Intersexué ? Champignon ?
On pourrait aller plus loin. Les biologistes comptent aujourd’hui sep règnes : pourquoi les bambins anglais ne s’identifieraient-ils pas en bactéries, protozoaires, archées ou chromistes ? Ce qui arrive à l’écolier dinosaure et à l’écolier champignon est l’intersection de plusieurs phénomènes favorables à la prolifération de la folie arc-en-ciel : la peur de l’autorité à l’école, l’habitude de spectacles déjantés dont la richesse technique n’a d’égal que la pauvreté intellectuelle, la théorie du genre, comme l’a noté Young, et plus généralement l’existentialisme de Prisunic qui la sous-tend (pour qui il y deux ennemis : la nature et l’essence), et enfin la haine de toute frontière, de genre ou d’espèce, la haine de toute identité. Qui provoque forcément des troubles de l’identité. Pour rire et pas pour rire.