Des enfants qui miaulent en cours protégés de la « discrimination » ; au Royaume-Uni, le discours sur l’identité franchit un pas de plus

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Reinformation.tv vous racontait hier comment deux élèves de 13 ans d’une école britannique anglicane ont été réprimandées par leur professeur pour avoir dit à une camarade qui s’identifie comme chat qu’elle est une fille. L’incident est tellement ubuesque que le Telegraph de Londres a publié ce mardi une analyse montrant que l’affaire de Rye College, dans le Sussex, est certes rare, mais pas inédite : au contraire, on enregistre de plus en plus de cas au Royaume-Uni de jeunes qui « s’identifient » comme un animal quelconque, voire avec une chose, avec la bénédiction tacite des enseignants : ils miaulent en cours et au nom de leur « identité », sont protégés de la « discrimination ».

Ils s’inscrivent peu ou prou dans la mode des « furries » – ceux qui se prennent pour des bêtes à poils, parmi lesquels on range aussi ceux qui se sentent dinosaures ! – qui a connu un essor avec les confinements covid.

Le Telegraph a mené l’enquête pour découvrir, avec effroi, que bien d’autres écoles britanniques sont touchées par le phénomène, au grand dam des parents dont la progéniture s’y trouve confrontée. C’est dans une école secondaire du sud-ouest de l’Angleterre qu’évolue un jeune se prenant pour un dinosaure. Ailleurs, un élève insiste pour dire qu’il est un cheval. Le cas d’un homme-lune retient également l’attention ; ce jeune vient à l’école en cape, s’est inventé le « pronom » moonself et raconte qu’il peut jeter des sorts.

 

Les enfants qui parlent de leur « catself » et miaulent en cours existent bel et bien au Royaume-Uni

On raconte sur les réseaux sociaux que certaines écoles en sont à fournir des bacs de litière aux jeunes dont la « fursona » (« persona » veut dire en anglais le personnage qu’on incarne ; ajoutez de la fourrure et le tour est joué) est un chat, mais il semblerait que ce soit une rumeur malveillante ou exagérée.

Pour autant, il y a bel et bien des gamins qui insistent pour que leur « pronom choisi » soit utilisé pour les désigner : catself, horseself et ainsi de suite ; certains ne s’expriment plus qu’en miaulant, même en cours d’anglais. On a relevé le cas d’un élève au Pays de Galles qui se plaint d’être victime de discrimination quand les professeurs ne s’adressent pas à lui selon les identifiants qu’il s’est choisis il y a trois ans déjà, et qui fait « dérailler » les cours lorsqu’il lui est enjoint de répondre à une question autrement qu’en miaulant.

Une élève de sa classe a choisi de raconter tout cela à la presse, se plaignant de l’impossibilité pour les autres élèves de suivre normalement un cours dans ces conditions. Elle accuse les réseaux sociaux où se répandent des personnes qui d’identifient comme des arbres ou des animaux. Et explique : « Lorsque cela a commencé, cela n’a pas vraiment touché la vie réelle. C’est resté confiné aux médias sociaux, mais au fur et à mesure que cela devenait plus populaire et que de plus en plus de gens le découvraient, les gens ont commencé à l’introduire dans des situations de la vie réelle. »

 

Au nom de leur « identité », ces jeunes sont protégés de la « discrimination »

On se demande évidemment si ces adolescents « chat », « cheval », « lune » ou que sais-je ne sont pas simplement de fieffés bons acteurs adeptes du canular à longue durée, trop ravis d’avoir la considération due à tous au nom de la non-discrimination, et la possibilité de porter des éléments de déguisement alors que pour le commun des élèves, la sanction sera immédiate pour les cheveux teints, un piercing au visage et d’autres fantaisies ne correspondant pas à l’uniforme scolaire. Ces derniers s’en plaignent, d’ailleurs, furieux de voir tel ou tel porter un serre-tête à oreilles de chats pour exprimer leur « vrai moi ».

Hélas, il semble que les choses aillent plus loin que cela. Tracy Shaw, de la « Safe Schools Alliance », affirme ainsi que les professeurs devraient considérer de tels comportements comme un signal d’alerte :

« L’enseignant devrait se demander ce que ces enfants regardent en ligne. Sur quels forums sont-ils inscrits ? Que se passe-t-il à la maison ? Que se passe-t-il dans la vie de cet enfant et qui d’autre est impliqué ? Le problème, c’est que les enseignants ont un angle mort lorsqu’il s’agit d’identité, parce qu’ils ont peur de faire ce qu’il ne faut pas faire. Ils pensent être gentils en validant ces comportements, mais ils ne le sont pas, car ils risquent de passer à côté de toutes sortes de choses qui se passent dans la vie de cet enfant. »

Cet « angle mort lorsqu’il s’agit d’identité » est précisément au cœur de l’affaire. On peut s’indigner, on peut en rire (mais on aurait tort), on peut – comme le fait le ministère britannique de l’Education, qui se garde bien de donner des directives claires – demander aux enseignants de faire preuve de « bon sens » lorsqu’ils sont confrontés à de tels comportements.

Or il leur est sans cesse demandé de faire l’inverse, surtout au Royaume-Uni où l’idéologie du genre fait encore plus de ravages qu’ailleurs. Ils se voient contraints de respecter « l’identité de genre » de leurs élèves, au risque d’être licenciés en cas de refus ; ils sont sous le coup d’innombrables lois, directives et règlements intérieurs qui imposent la « diversité » et l’« inclusion » ; ils risquent des mises à pied lorsqu’ils osent saluer une classe de filles dans une école de filles d’un tonitruant : « Bonjour, les filles » si par hasard s’y trouve une demoiselle qui « s’identifie » comme garçon.

 

Le mot « identité » a été dévoyée : pourquoi s’étonner de ce que les enfants ne sachent plus qui ils sont ?

Pourtant, il n’est pas plus absurde pour un garçon de se prétendre chat et de miauler au lieu de parler, que de se prétendre fille et d’arriver à l’école en jupe. C’est une même forme d’aberration, farce de très mauvais goût au meilleur des cas ; au pire, le signe d’une très profonde confusion et sans doute aussi d’une profonde souffrance.

Par les temps qui courent, c’est juste un peu plus voyant. Raison pour laquelle, sans doute, un média comme The Conversation publiait en novembre dernier un article pour expliquer que les furries « s’identifient avec » des animaux pour s’amuser en leur attribuant des caractéristiques humaines, dans une logique de jeu de rôle, sans « s’identifier à » un animal : « ce n’est pas une orientation », insiste l’auteur, Sharon E. Roberts qui a monté un groupe de recherche universitaire sur le phénomène. (Elle signale tout de même que selon différentes études, 70 % des furries « s’identifient » comme LGBTQ+).

On peut gloser longtemps sur ces affaires, mais l’essentiel à retenir est ceci : dès lors qu’on dissocie le langage de la réalité, que l’identité n’est plus considérée à l’aune de la vérité, que l’enseignement du sens du verbe « être » ne se fait plus de manière traditionnelle (comme c’est le cas dans la plupart des « grammaires » enseignées dans les écoles occidentales), que l’on confond sujet et objet, que les « pronoms » sont dénaturés jusqu’à en faire des éléments de lutte politique, les choses les plus délirantes acquièrent droit de cité. Au point de nier celui des pauvres ringards que nous sommes : nous qui savons que veritas est adaequatio rei et intellectus : la vérité est l’adéquation entre la chose et l’intelligence.

 

Jeanne Smits