Warren Davidson, représentant républicain à la Chambre des Etats-Unis s’oppose fermement au projet de la Réserve fédérale de créer une « Monnaie numérique de banque centrale » (MNBC, CBCD en anglais) et veut même pénaliser toute tentative en ce sens. Son tweet du 23 juillet ne fait pas dans la dentelle : il a carrément accusé la Réserve fédérale de créer le pendant financier de l’« Etoile de la mort » – station spatiale armée surpuissante de la saga Star Wars capable d’anéantir une planète à elle toute seule.
« Le Congrès doit agir vite pour interdire, puis pénaliser toute tentative visant à concevoir, à construire, à faire évaluer, à tester ou à établir » une CBCD, a déclaré l’élu, mettant en garde contre le glissement vers une société de surveillance à la chinoise au détriment des droits individuels.
Warren Davidson réagissait à une annonce d’emploi publiée par la Federal Reserve Bank de San Francisco en Californie, offrant un poste à temps plein (avec un salaire plancher de 134.900 dollars par an (122.000 euros) pour celui qui coordonnera la mise sur pied d’une monnaie digitale sur le plan technique et commercial.
Pour Warren Davidson, les MNBC ne sont pas une monnaie saine
Et cela le rend furieux, pour des raisons qu’il a brièvement exposées sur Twitter face aux objections : « La monnaie ne doit pas être programmable par une autorité centrale. La monnaie doit constituer un stock stable de valeur et un moyen d’échange ; elle ne doit pas être un outil de surveillance, de coercition et de contrôle. Une monnaie saine doit faciliter les transactions peer-to-peer sans permission préalable. »
Davidson – qui assure œuvrer à rendre le gouvernement « assez petit pour tenir dans la Constitution » – associe clairement la notion de monnaie numérique contrôlée par les banques centrales à celle d’Etat policier. Il signale qu’en Chine, la MNBC est liée à l’identité digitale de chaque citoyen : elle permet ainsi aux autorités de se servir sur-le-champ en prélevant le montant d’une amende en cas d’excès de vitesse dès le fait enregistré par le radar – et les points du permis de conduire s’envolent en même temps.
Au mois de mars, Davidson avait déjà dénoncé les monnaies numériques des banques centrales en écrivant une lettre à tous les représentants de la Chambre : « Une monnaie numérique créée par une banque centrale supprimerait la confidentialité et la liberté inhérentes aux transactions en espèces. Partout dans le monde, des gouvernements prennent des mesures pour mettre en place une monnaie centralisée à la chinoise qui leur permettrait de mieux contrôler nos vies. J’encourage mes collègues de la Chambre des représentants à contacter les législateurs de leur Etat, en leur demandant de faire ce qu’il faut pour se protéger contre les CBDC. Seul le Congrès peut légalement établir une monnaie numérique de banque centrale aux Etats-Unis, mais cela n’a pas empêché les défenseurs des CBDC de travailler à la normalisation de ce système de paiement orwellien. »
Le système vient d’être approuvé en Russie par Vladimir Poutine, avec moult assurances très hypothétiques quant au caractère « volontaire » du recours au rouble numérique, mais Anatoly Asakov, membre du Conseil national bancaire de la Banque de Russie a dû reconnaître que le rouble numérique sera programmable de manière à pouvoir limiter les manières dont ses détenteurs pourront le dépenser.
La bataille des MNBC s’ouvre aux Etats-Unis
Le sujet promet de prendre de l’importance à l’approche des élections présidentielles de 2024 aux Etats-Unis : Ron DeSantis, gouverneur de la Floride et candidat à la Maison Blanche, a d’ores et déjà promis qu’il écarterait toute initiative visant à mettre en place une CBDC. D’autres hommes politiques américains – tels les représentants Tom Emmer et Ted Cruz – ne la rejettent pas en bloc mais ont présenté des propositions de lois en vue d’interdire toute opération de surveillance et de contrainte liée à ces monnaies numériques.
Tous s’accordent pour dire que la possibilité de programmer ces monnaies permettra aux autorités de contrôler leur utilisation par leurs détenteurs. De fait, elle permet d’empêcher certains types d’achats, voire d’interdire toute transaction à n’importe quel opposant politique, ou tout simple individu ayant décidé de faire un achat non conforme à l’idéologie du moment. Trois steaks par semaine ?