Javier Milei, vainqueur des primaires à droite en Argentine dimanche, ne plaît pas à la presse de gauche en Occident… Ni à la presse sous contrôle du Kremlin en Russie. Ce « libertaire » dénoncé par la presse mainstream comme « économiste ultralibéral » et d’« extrême droite », est partisan de coupes claires dans les impôts et paraît comme l’anti-Juan Peron (légendaire tenant du socialisme national) par excellence. Milei, qui se déclare provie, veut également remettre en cause l’avortement, légalisé en Argentine voici près de quatre ans, en soumettant la loi à un plébiscite. Et cela non plus ne plaît pas à Russia Today : la version espagnole de rt.com publiait le 15 août plusieurs articles dénonçant cette volonté d’en finir avec le « droit » à l’avortement.
Voilà qui devrait donner à réfléchir à ceux qui sont formatés par une propagande insistante de la part de Moscou qui voudrait faire croire aux communautés provie et pro-famille en Occident que la Russie de Poutine travaille à la défense des valeurs traditionnelles. En vérité, la couleur des options mises en avant par les médias russes internationaux varie de langue à langue et de pays à pays. Pour le Kremlin (et c’est un vieux principe de la praxis marxiste-léniniste) il n’y a pas de vérité : il y a les actions qui servent la cause.
RT favorise l’avortement légal en Argentine
En Argentine, donc, la Russie continue de soutenir l’avortement par la voix de RT, comme ce média n’a d’ailleurs cessé de le faire.
Milei a déclaré : « Je suis contre l’avortement, parce que celui-ci est contraire au droit à la vie. » Il a promis d’abroger « immédiatement » la loi qui l’autorise si une majorité le décide par référendum : « Si les Argentins croient en l’assassinat d’un être humain sans défense dans le ventre de sa mère, on verra bien. » Rt.com raconte comment le candidat a adopté son « ton violent habituel » pour contester que l’avortement soit un « droit acquis », au rebours des mouvements féministes qui ont « lutté pendant des décennies pour que la loi soit approuvée ».
Milei avait dit : « Ce sont des personnes au cerveau lavé par une politique assassine. Comment peut-on qualifier de droit acquis le fait de tuer un être humain ? Quand on bâtit sur un principe moral incorrect, le résultat est immonde. »
On a droit ensuite à une avalanche de tweets et autres réactions sur les réseaux sociaux, citant des féministes qui l’accusent de vouloir prendre le contrôle de leurs corps ou des propos sur la crise économique et sociale qui devraient l’empêcher de prendre la parole sur la question de l’avortement. « Milei veut tout privatiser, en finir avec l’avortement et avec le ministère de la femme, maintenant on va vraiment savoir ce qu’est la droite », dit une autre. Est également citée la candidate de droite battue, Patricia Bullrich, qui assurait qu’elle n’allait sûrement pas remettre la question de l’avortement sur le tapis.
Milei dénoncé comme provie et anti-socialiste
Dans un deuxième article daté du même jour, RT mobilise de « jeunes étoiles de la musique argentine sur le risque que représente Milei ». Militant pour la santé et l’éducation gratuites, « Sans les soins gratuits, je ne serais pas là », raconte un rappeur. Une autre, prénommée Lali, l’accuse d’être « anti-droits ».
Bref, Russia Today donne voix prioritaire à la gauche progressiste et à la droite oublieuse de ses principes pour dénoncer un candidat précisément parce qu’il est provie.
Il est vrai que depuis la révolution bolchevique qui fit de la Russie le premier Etat au monde à légaliser l’avortement en 1920, sur simple demande de la femme, la Russie ne l’a contesté partiellement que pour combattre le déclin démographique, comme Staline en 1936 ou aujourd’hui Poutine, alors que le pays voit sa population décliner mais affiche toujours l’un des taux d’avortement les plus élevés au monde.