Le Parlement mondial des religions s’est tenu à Chicago autour du 15 août, centré sur la lutte contre l’autoritarisme et contre le « changement climatique » ; jolie contradiction dans les termes puisque l’éco-totalitarisme pèse de plus en plus lourdement sur les épaules du citoyen moyen. Fondé en 1893, cette assemblée interreligieuse avant la lettre avait mobilisé des membres du clergé catholique, parmi lesquels le cardinal John Gibbons de Baltimore qui deviendrait un peu plus tard l’un des fers de lance de l’hérésie « américaniste ». Dès la 3e édition, en 1895, Léon XIII manifesta sa désapprobation, au vu du relativisme inhérent à ce type d’assemblée, invitant les catholiques à organiser plutôt des événements clairement catholiques où il serait possible d’inviter des non-catholiques à découvrir la foi. Cette prudence n’est plus de mise, puisque le cardinal Blase Cupich s’est non seulement rendu au Parlement mais y a pris la parole… pour ne pas parler de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Le Parlement mondial des religions promeut l’« éco-spirituel »
En revanche, il a été beaucoup question d’écologie et de climat, sur lesquels tout ce monde « éco-spirituel » était en parfait accord ou presque (si l’on excepte la dénonciation pointue par la coalition végane interreligieuse, Interfaith Vegan Coalition, des barbecues organisés par certaines communautés, notamment les épiscopaliens, pour leurs levées de fonds !).
Or beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis la première assemblée de 1893, qui s’était ouverte sur un « Notre Père » récité par le cardinal Gibons et qui accueillait un nombre finalement assez limité de religions : les différentes « dénominations » chrétiennes, le judaïsme, l’islam, le taoïsme, le bouddhisme, le shintoïsme et la théosophie.
En 2023, le paganisme a obtenu une place sans précédent, la responsable du programme était une sorcière auto-proclamée, Phylis Currott, membre du mouvement religieux wicca, culte syncrétiste néo-païen aux pratiques magiques pré-chrétiennes avec son lot d’incantations, de chamanisme, de druides et de déesses qui en font une religion de rêve pour les adorateurs de la Terre, de « Gaïa ».
Le « paganisme inclusif » voisine avec des communautés catholiques
Outre tout l’éventail de religions orientales, on a vu défiler des véganes et des zoroastriens, des sikhs et des femmes en chapeaux pointus, des groupes « inter-foi » pour la paix et la justice ou l’alliance entre les religions, l’Interfaith Rainforest Initiative (pour les forêts tropicales), et de nombreux représentants des peuples premiers. On pouvait visiter des stands de communautés religieuses catholiques et de groupements bouddhistes non loin de celui de « The Troth », qui promeut le « paganisme inclusif ».
6,500 délégués, 212 « traditions spirituelles », 95 pays représentés : c’est dire que cette assemblée bariolée est bien plus qu’un rassemblement folklorique et vaguement ridicule. C’est si vrai qu’Antonio Guterres lui-même, secrétaire général de l’ONU, a gratifié la rencontre d’un message. Idem pour Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre des représentants des USA.
Seule la vérité était exclue, ou plutôt toute religion s’affirmant vraie face aux autres : peu avant la rencontre, Paul Raushenbush, président de l’Interfaith Alliance, expliquait la volonté du Parlement de combattre la montée de l’autoritarisme et celle de la menace d’une certaine élévation d’une tradition religieuse au-dessus des autres. Tel est le relativisme fondateur et fondamental de ce Parlement, qui ne s’en cache nullement aujourd’hui.
Le cardinal progressiste Blase Cupich cite longuement le pape François
En s’y rendant, le cardinal progressiste Blase Cupich, connu pour son ouverture au lobby « LGBT », connaissait les funestes règles du jeu, mais il a fait du zèle en ne mentionnant même pas Jésus-Christ, ni même Dieu, et encore moins la Sainte Trinité. Il a certes appelé chacun à former sa conscience, afin d’« avoir conscience des autres et de toute la création », au nom de « l’interconnexion entre tous et avec l’environnement », vision holistique et paganiste par excellence. Il a naturellement centré son propos sur le Document d’Abou Dhabi co-signé par le pape François et le grand imam de l’université d’Al-Azhar, et sur le « cri de la Terre Mère » dénoncé par le pape dans Laudato si’. La grande urgence du jour ? « Prendre soin de notre maison commune », autre grande perspective holistique et païenne, lancée par Gorbatchev. Il a vu « l’étincelle de volonté divine », dit-il, en contemplant son auditoire, pour défendre la « liberté » de chacun et se mettre au service d’un « but commun ».
Chaque journée et chaque soir de la rencontre était marqué par une « cérémonie du feu sacré » assurée par des indigènes. Un « appel à l’action inter-religieux sur le changement climatique a été lancé », et l’on note aussi une session intitulée : « Au-delà de la diversité, de l’équité et de l’inclusion : s’efforcer de devenir une organisation spirituelle antiraciste. » Ce qui n’a pas empêché des événements pour les femmes comme cette « cérémonie de l’eau » qui leur était strictement réservée. Parmi tout cela, une messe catholique de l’Assomption a été célébrée sur le site le 15 août, en attendant une table ronde sur la dignité et le statut des femmes dans la religion zoroastrienne…
Face à l’« éco », l’« égo », c’est le problème, proclamait de son côté un leader hindou venu d’Espagne : Swami Rameshwarananda a fait cette déclaration lors du point fort de ces journées : l’appel à la repentance et à la « réformation » spirituelle pour combattre le changement climatique.
Energie solaire, éoliennes, style de vie « durable » et « changement d’attitude », c’est-à-dire la renonciation à la vie de confort que nous connaissons, sont les piliers de cette action, a-t-il déclaré aux côtés d’une cinquantaine de leaders religieux (parmi lesquels des catholiques) qui ont élaboré les « 10 principes spirituels » censés nous réconcilier avec la terre.
Dix principes… ou commandements ? Ils ont été proclamés dans le cadre de la COP-27 en Egypte lors de cérémonies de repentance programmées simultanément à Londres et au Caire, à l’automne dernier. Au grand dam de leurs auteurs, ils n’ont pas pu être dévoilés au mont Sinaï.
Dix principes pour une cérémonie de repentance climatique au Parlement mondial des religions
Véritable rituel de la nouvelle religion climatique, les principes ont été de nouveau récités au bord de l’eau, la cérémonie s’achevant sur la récitation par un rabbin de prières « juives » basées sur des paroles de Greta Thunberg.
Les voici, en version abrégée :
Nous sommes les intendants de ce monde
La création manifeste la divinité
Tout dans la vie est interconnecté
Ne pas faire de mal
S’occuper de demain
S’élever au-dessus de son ego pour notre monde
Changer notre climat intérieur
Se repentir et revenir
Chaque action compte
Utiliser son esprit, ouvrir son cœur.
Ce n’est pas avec cette religion-là, ni ces commandements-là qu’on ira au paradis !