Avec le développement du smartphone et sans doute sous l’influence des lycéennes japonaises, qui aiment à se mirer dans le miroir magique de leur portable, s’est développée dans le monde la mode de ces photos qu’on prend à bout de bras ou au bout d’une tige, les selfies. A-t-on la chance de croiser Sophie Marceau, Volodimir Zelensky, une baleine à bosse, la tour de Pise ou un incendie de forêt, on tire l’appareil de sa poche, et clic, un selfie. Alors, quand un homme est tombé dans la rivière qui passe à York, la Ouse, près du pont de l’Ouse, des dizaines de badauds se sont rassemblés et en ont profité pour faire quelques selfies. La police et les pompiers d’York l’ont heureusement repêché avec une vedette, mais un porte-parole de la police a relevé : « La foule s’est assemblée sur le pont et sur les promenades des rives pour le regarder en train de se démener pour garder la tête hors de l’eau, sans que personne n’essaie de lui lancer une bouée. » Des bouées de sauvetage sont en effet disposées de place en place le long des rives. Personne ne lui a tendu non plus la moindre perche ni la manche d’une veste. Tout le monde était bien trop occupé à prendre des selfies. Nos cousins du Québec, qui n’aiment pas les anglicismes, ont traduit le mot selfie par egoportrait. Ils ont bien raison. Et même monstrueux egoportrait.