Amateurs de BD, théoriciens du complot, archéologues et historiens se penchent avec passion depuis des décennies sur le mystère de deux grands lieux de l’architecture sacrée, la grande Pyramide de Khéops et les pierres de Stonehenge. Mais la ville de Luton, au cœur de l’Angleterre, et son conseil scolaire viennent d’éclaircir la chose. Ces deux monuments païens ont en commun d’avoir été bâtis par des… noirs ! Non, vous ne rêvez pas, dans le mouvement général d’une révolution arc-en-ciel en faveur de l’égalité et de la diversité, le conseil municipal de Luton, travailliste, a dressé une liste de livres destinés aux élèves des écoles pour leur enseigner une histoire « diverse ».

Le mystère de l’histoire noire de l’Angleterre élucidé

Intitulée « Histoire noire, de la préhistoire au 21ème siècle », elle fournit aux professeurs, afin qu’ils s’en servent auprès de leurs élèves, une liste de « 100 grands Britanniques noirs ». Le conseil municipal de Luton justifie ainsi sa démarche : « En réponse au mouvement Black Lives Matter et à notre engagement en faveur des écoles de Luton, notre service éducation a compilé ces données de grande qualité. » Dans l’intention d’aider « les écoles à être activement antiracistes, de célébrer la diversité, d’être complètement inclusives ». Un calendrier, fabriqué par un nommé Gaverne Bennett, paru sous forme d’affiches dans le Guardian, met cette ardente obligation en images.

La pyramide de Khéops et Stonehenge bâtis par des Noirs

Hélas, derrière ce vocabulaire moral se cache en fait la plus folle fantaisie en matière d’histoire. Ainsi la pyramide de Gizeh, construite voilà 4.500 ans pour servir de tombeau au pharaon de la IVème dynastie Kéops est-elle annexée à « l’histoire noire », alors qu’il n’était nullement noir. De même le calendrier de Bennet annexe-t-il à la même « histoire noire » la reine Hatchepsout (XVème siècle av. JC), et le temple d’Abou Simbel construit par le pharaon Ramsès II. Et la liste de lecture visée par le conseil de Luton propose aux enfants un manuel où on lit entre autres que le fameux monument de Stonehenge, dont les païens du monde entier viennent célébrer le mystère au soleil levant a été construit par des Noirs.

Septime Sévère était-il noir ? Mystère !!

Parmi les recommandations du Conseil de Luton on trouve aussi une présentation aux professeurs qui affirme que les bambins et les enfants possèdent une forme de conscience de race et qu’il faut les encourager à être plus conscients de leur race. Cette chose, fabriquée aux Etats-Unis, précise : « Le silence à propos de la race renforce le racisme en laissant les enfants tirer leurs propres conclusions en partant de ce qu’ils voient. » Ils seront fiers d’eux si on leur apprend que Khéops, sa pyramide et Stonehenge étaient noirs comme eux. Mais ils doivent aussi annexer les « mauvaises personnes ». Un livre pour enfants paru en 2022 et intitulé Les Noirs à travers le temps et répertoriant « les plus affreux des Noirs britanniques » porte en couverture l’effigie de l’empereur Septime Sévère : or Septime Sévère, qui ne fut pas le pire des empereurs, n’est pas plus noir que la Vénus de Milo, il était simplement né en Afrique du Nord.

Les trois R de l’arc-en-ciel : ridicule, raciste, révolutionnaire

Le Conseil municipal de gauche de Luton ne donne pas ainsi seulement dans le n’importe quoi historique, il s’inscrit dans une campagne de négation de la réalité à la fois ridicule, raciste et révolutionnaire. Les trois R. Ridicule, oui, dès qu’on tient compte un tant soit peu faits, mais terriblement ravageuse dans société de plus en plus gagnée par l’amnésie, où la connaissance de l’histoire est nulle et l’opinion devient tout. Raciste, c’est ouvertement revendiqué, au nom d’on ne sait quel devoir de réparation. Et Révolutionnaire : il ne s’agit de rien moins que de noyer les esprits dans une soupe de convictions personnelles opposées, niant toute réalité scientifique, ce qui produit une confusion générale et encourage en outre les « mémoires » (les pseudo-mémoires) les plus ahurissantes.

La négation de l’histoire est une guerre et une révolution

Cela contribue à la fois à polariser la société, à la transformer en chaos de communautés opposées (que l’on gouverne plus facilement ainsi, selon le vieux principe diviser pour régner), et à préparer, par l’effacement de son histoire l’effacement physique d’un groupe humain, ici les Britanniques. La ville de Luton est un bon laboratoire. Jusqu’aux années cinquante, elle ne comptait que des Anglais, avec quelques Ecossais et Irlandais, en 2009, ils n’étaient plus que 60 %, le reste de la population venant principalement des Caraïbes et du sous-continent indien. La liste du conseil municipal est une façon enfantine, sotte et brutale de propager la révolution sans frontière, la révolution arc-en-ciel : elle engendrera fatalement d’interminables conflits, cela, on peut le prédire sans mystère aucun.

Pauline Mille