Mondialisation : le géant pharmaceutique Abbott Labs remplace ses employés américains par des travailleurs en Inde et ailleurs

Abbott Labs remplace employés américains travailleurs Inde
 
La délocalisation fait toujours rage aux Etats-Unis : le géant de l’industrie pharmaceutique, Abbott Labs, y procède actuellement au remplacement de centaines de postes de haut niveau occupés par des Américains par des travailleurs du bout du monde, d’Inde et d’ailleurs. La mondialisation, accélérée par le télétravail informatique, produit une fois de plus des effets néfastes dénoncés récemment par un professionnel de l’informatique qui sera remplacé par un employé étranger. Resté anonyme par peur de représailles, il a parlé de la tendance qu’il voit s’installer dans son entreprise dans la très populaire émission radio de Laura Ingraham.
 
Ce technicien informatique s’était vu annoncer par sa direction que son poste allait être purement et simplement supprimé, comme celui de nombreux autres employés. « En réalité, nous allons être remplacés », affirme-t-il – pour réduire les coûts salariaux. Dans le seul département de la technologie de l’information, 180 personnes sont concernées chez Abbott Labs : autant de postes qui seront externalisés auprès d’une société indienne, Wipro Ltd. Et tout comme cela se passe aussi en France, les employés autochtones qui quitteront leur poste au 22 avril vont devoir former leurs remplaçants sous-payés, comble de cynisme.
 

Abbott Labs préfère les travailleurs peu chers auxquels la mondialisation lui donne accès

 
Pour le technicien qui s’est confié à Laura Ingraham, la situation s’annonce dramatique. Car si Abbott Labs s’est laissé séduire par la main d’œuvre indienne à bas coût, il n’y a pas de raison que ses concurrents ne fassent pas de même. Plus tout jeune, il craint de ne jamais retrouver d’emploi. Le monde globalisé est impitoyable : Abbott Labs n’hésite pas à recruter des étrangers par le biais du programme de visas H-1B qui permet de les faire travailler des immigrés temporaires. Théoriquement, les employeurs doivent apporter la preuve qu’il s’agit réellement de pallier une insuffisance de l’offre de l’emploi sur place. Dans la pratique, le programme sert à réaliser des économies.
 
« Il est très difficile d’être compétitif quand les conditions du jeu – celui de la globalisation – ne sont pas équilibrées. Je n’ai absolument aucun moyen d’entrer en concurrence avec quelqu’un qui se trouve à l’extérieur de ce pays. Je ne pourrais même pas me contenter de moins que le salaire minimum : quand on regarde les devises et la valeur des échanges, la raison pour laquelle ils choisissent l’Inde devient tout à fait évidente », a-t-il dit.
 

Immigrés ou travailleurs d’ailleurs remplacent les employés américains

 
A l’approche des élections, cet employé en partance affirme que seuls Donald Trump et Bernie Sanders abordent le problème – les réalités comme celles-ci sont en effet idéales pour promouvoir de tels profils ! – mais il note, désabusé : « Feront-ils quelque chose une fois élus, ou s’agit-il d’un simple discours pour engranger des voix ? Je n’ai aucune idée. En ce moment, ma confiance à l’égard du gouvernement est assez faible. »
 
En attendant, Abbott Labs est loin de justifier des choix qui auront des conséquences dramatiques pour des centaines d’employés par la nécessité d’assurer la survie de l’ensemble : ses bénéfices se chiffrent en milliards…
 

Anne Dolhein