Alors que les affaires de « pédophilie » et d’abus sexuels sur mineurs de la part (d’une petite partie) du clergé catholique font de nouveau les gros titres, notamment aux Etats-Unis où les accusations visant le cardinal McCarrick provoquent un scandale majeur, un bloggueur catholique republie une charte détaillant le nombre de prêtres accusés et d’incidents répertoriés entre 1950 et le début des années 2000. Le graphique mérite d’être médité car il reflète une réalité qui a beaucoup évolué au fil des ans aux Etats-Unis : on est passé d’une cinquantaine de cas en 1950, impliquant moins de 60 prêtres, à un pic de près de 800 incidents en 1981, impliquant quelque 500 prêtres. La courbe a augmenté à partir de 1955, avec une accélération à partir de 1960, mais la chute a été brutale, beaucoup plus rapide, dès 1981, pour se stabiliser autour d’une cinquantaine d’incidents et de prêtres impliqués dès 1995. Depuis l’an 2000, elle reste en-deçà de cette barre, les incidents demeurant moins nombreux qu’avant la seconde moitié du XXe siècle.
Le clergé catholique des années conciliaires, des années 1960 à 1980
La mauvaise tendance s’est donc installée plusieurs années avant le concile Vatican II, s’accélérant dans les années qui ont suivi puisque les incidents ont été multipliés par deux entre 1960 et 1980. Il est clair que la libéralisation des mœurs, les avancées de l’homosexualisme et la modernité étaient à l’ordre du jour dès avant la concrétisation des changements introduits dans l’Eglise à la faveur du Concile et des années de révolution liturgique qui l’ont suivi : tout cela n’a pas surgi ex nihilo. Mais ce qui est encore plus visible, c’est ce que l’on pourrait appeler « l’effet Ratzinger » : dès l’instant où Jean-Paul II a chargé celui qui deviendrait 25 ans plus tard le pape Benoît XVI d’une opération de nettoyage depuis son poste de préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, l’amélioration a été rapide et constante.
Il faut rappeler, comme le faisait le rapport John Jay commandé par les évêques américains, dont le graphique est issu et qui répertorie les accusations et les incidents sérieux, que 80 % des dossiers concernaient des agressions homosexuelles sur des adolescents âgés d’au moins 12 ans : éphébophilie bien plus que pédophilie. Les agressions sur majeurs, dont les statistiques ne sont pas détaillées, sont également dans leur immense majorité homosexuelles (voire à 100 % dans les séminaires).
L’efficacité de l’action du cardinal Ratzinger contre les abus sexuels
C’est donc un succès significatif qui lui semble attribuable en propre, et dont les effets se font encore ressentir.
Mais il reste le cas des abus sexuels sur adultes, notamment par le biais du harcèlement qui n’a pas été pris en compte par la convention de Dallas de 2002 par laquelle les évêques des Etats-Unis organisaient leur réponse aux problèmes mis au jour à cette époque-là. Efficace pour la protection des mineurs, puisque le nombre d’abus sexuels répertoriés depuis lors continue de rester très bas, cette convention a laissé deux zones d’ombre : le harcèlement sur adultes et les éventuels abus ou délits commis par les évêques eux-mêmes, explicitement exemptés de toute investigation. La convention de Dallas les préserve de toute enquête, qu’il s’agisse d’accusations les visant eux-mêmes ou de dissimulation volontaire de faits dont ils pouvaient avoir connaissance. Seuls les prêtres, diacres et employés laïques de l’Eglise tombent sous le coup de ses dispositions contraignantes.
Le pic d’agressions homosexuelles a été atteint en 1981
Ainsi les scandales actuels concernent-ils moins des faits directs d’abus sur mineurs que les occultations délibérées de la part d’évêques, voire de cardinaux. C’est cela qui amène des catholiques américains à appeler leurs corréligionnaires à accomplir leur devoir grave de soutenir matériellement l’Eglise en donnant prioritairement à leurs paroisses où à des évêques qui ont combattu ce problème et qui doivent avoir les moyens de ne pas envoyer les vocations de leurs diocèses vers des séminaires corrompus. Les demandes de démission, visant notamment le cardinal Wuerl de Washington DC, officiellement accusé d’avoir menti sur son ignorance des faits reprochés au cardinal McCarrick et de dossiers dont il a pu connaître en Pennsylvanie, se multiplient…