Malgré l’accord sur le nucléaire, l’Iran toujours contre l’Amérique

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C’est l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la révolution iranienne, qui l’affirme : l’accord sur le nucléaire ne changera rien dans les relations entre l’Iran et l’Amérique. Pas de détente, pas même d’accord en réalité. Téhéran est toujours contre tout rapprochement avec les Etats-Unis. Ou du moins l’affirme.
 
C’est à l’occasion d’un discours prononcé dans une mosquée de la capitale iranienne, à l’occasion de la fin du mois de jeûne du ramadan, qu’Ali Khamenei a fait cette déclaration tonitruante mais logique, précisant que son pays ne s’alignerait certainement pas sur la politique de Washington au Moyen-Orient. « Que l’accord soit validé ou non »…
 
En clair, le guide suprême se moque bien de savoir si les politiques de son pays ratifieront, ou non, l’accord accepté la semaine passée par ses négociateurs et les représentants occidentaux. De toute façon, le chef de l’Etat n’est qu’un pion sur son échiquier ; le véritable chef politique et religieux du pays, c’est lui, et il entend bien le rappeler : « Que l’accord soit validé ou non, nous n’allons pas cesser de soutenir nos amis dans la région et les peuples de Palestine, du Yémen, de Syrie, d’Irak, du Bahreïn et du Liban. Même après cet accord, notre politique à l’égard des Etats-Unis, ce pays arrogant, ne va pas changer. » Parce que « la politique américaine dans la région est diamétralement opposée à la nôtre ».
 

Accord ou pas sur le nucléaire, peu importe ?

 
Pour l’ayatollah Khamenei, la chose n’est donc pas évidente. Il convient d’abord que Téhéran s’assure que ses droits seront bien respectés et, notamment, précise-t-il, que les principes de la révolution et que les capacités de défense du pays ne seront pas remis en cause.
 
Ici ou là, dans les media, on oppose ces déclarations aux propos plus enthousiaste du président iranien Hassan Rohani à l’annonce de l’accord, qu’il a qualifié d’historique. Bien ! Mais le président du pays n’a guère de poids face au guide suprême, et la réalité se situe donc ailleurs.
 
D’aucuns soulignent aussi l’éventuelle schizophrénie du personnage, espèce de bifrons, affichant, selon les heures et les auditoires, des discours à géométrie variable.
 

L’Iran s’affirme contre l’Amérique…

 
En réalité, cette « schizophrénie » est un subtil exercice politique. Le guide suprême de la révolution iranienne ne peut évidemment admettre quelque accord que ce soit avec les Etats-Unis, encore moins reconnaître qu’il a cédé à la pression de ses représentants sans que le fondateur de la théocratie iranienne, l’ayatollah Khomeini, son quasi homonyme, ne se retournent dans sa tombe ; c’est-à-dire, pour être concret, que les fous d’Allah, et une grande partie de la population ne se retournent contre lui.
 
Aussi affirme-t-il que son pays n’a jamais ambitionné de détenir l’arme nucléaire, et qu’il ne s’agit là que d’un nouveau mensonge américain. « Les Etats-Unis prétendent qu’ils ont empêché l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire, a-t-il expliqué. Ils savent que ce n’est pas vrai. Nous avions une fatwa selon laquelle les armes nucléaires sont interdites par la religion musulmane. »
 

… pour museler ses fous d’Allah

 
C’est simple, et même naïf, mais cela a l’air de fonctionner.
 
Ali Khamenei en a d’ailleurs profité pour enfoncer le clou, à destination de ce même auditoire populaire, en affirmant que les slogans « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël » qui ont émaillé les manifestations de ces derniers jours correspondaient, de fait, à l’état d’esprit de la population.
 
Il n’y a rien de tel que de hurler avec les loups pour leur faire accroire qu’on est, en tous points d’accords avec eux.
 

François le Luc