Le processus de l’accord de paix avec les FARC en Colombie, sur fond de New Age et de chamanisme

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La signature d’un accord de paix entre le gouvernement Colombien et les forces armées révolutionnaires de Colombie, les FARC qui ont terrorisé le pays depuis plus de 50 ans, a donné lieu à une polémique dans le pays à propos de la participation alléguée de chamanes et autres « santeros » au processus. Ceux-ci se seraient produits en marge de la cérémonie pour invoquer les esprits. Plusieurs versions des faits existent : selon certains, ces représentants de la religion syncrétiste du New Age n’avaient soit rien à voir avec l’accord de paix du 26 septembre, soit ont servi à ses adversaires pour discréditer et faire contester le processus. Pour d’autres, ils en faisaient bel et bien partie, ce qui cadrerait bien avec l’histoire personnelle du président Juan Manuel Santos, qui ne cache pas son intérêt pour le chamanisme.
 
Entre-temps, lors du plébiscite du 2 octobre qui a suivi la signature de l’accord de paix, le « non » populaire l’a emporté de peu et par surprise : avec 60.000 voix d’avance et 38 % de votants, c’est un résultat fragile mais réel et il indique qu’un très grand nombre de Colombiens ne veut pas de cette « paix »-là avec la guérilla communiste. 200.000 victimes ne se rayent pas d’un trait de plume, et comme nous le soulignions il y a quelques semaines sur reinformation.tv, l’ancien président Alvaro Uribe n’a cessé de mettre en garde contre l’empire du narco-trafic qui se trouve sous la coupe des révolutionnaires et le risque d’amnistie totale pour les crimes qui lui sont liés ; il a également dénoncé l’absence de réparation juste pour les victimes.
 

New Age et chamanisme au secours de l’accord de paix avec les FARC

 
Quel aura été le poids des accusations de satanisme qui ont frappé les organisateurs de la signature des accords ? Elles ont été lancées à la fois par des évangéliques sur internet, et ce de manière très virulente, et par un groupe de catholiques, la « Croisade catholique de la Vierge » qui a organisé des prières publiques de réparation à laquelle plusieurs centaines de personnes ont participé à Medellín le 26 septembre lors de la cérémonie. On ne le saura sans doute jamais dans les détails mais il est sûr qu’il y a dans cette affaire une dimension qui dépasse le simple cadre des négociations humaines.
 
Il faut savoir en tout cas que le processus de négociation, s’il a vu la participation de la communauté Sant-Egidio et du Saint-Siège, a été mené surtout à La Havane, sous le parrainage du gouvernement communiste de Cuba. Pendant les jours qui ont précédé la signature dans la ville colombienne de Cartagena, les témoignages ont circulé sur Internet attestant de la présence de chamanes et de « santeros » cubains sur place.
 
Ces derniers sont les représentants de la religion syncrétique où se mêlent aspects chrétiens et pratiques animistes d’origine africaine. Elle est pratiquée surtout par la population noire de Cuba, et se coule parfaitement dans le moule des pratiques et des croyances New Age.
 

Des santeros cubains dans la ville de signature des accords de paix avec les FARC

 
« On a vu huit chamanes ou sorciers descendus à l’hôtel Caribe », assure une « prêcheuse » évangélique dans un enregistrement sur Internet ; elle affirme qu’une délégation de santeros était présente lors de la cérémonie de signature des accords de paix, accusant le président Santos d’avoir mis en œuvre une « stratégie diabolique et satanique ».
 
L’affaire n’a pas été confirmée ni infirmée de manière certaine, mais ce que l’on sait, c’est qu’un groupe d’« artistes » s’est produit la veille, le 26 septembre dans le centre historique de Cartagena. Des femmes au corps peints et des musiciens traditionnels y rendaient hommage à la Terre Mère selon un rituel à la manière indigène : pour le coup, les images de l’événement ont circulé et il est impossible de les mettre en doute.
 
Le groupe a toutefois nié toute implication dans la signature des accords, assurant qu’il s’agissait simplement d’une démonstration artistique. L’explication vaut ce qu’elle vaut, car un rituel est un rituel.
 
La manifestation, qui avait pour objectif affirmé de saluer l’accord de paix, s’inscrivait dans le cadre de plusieurs événements plus ou moins culturels. Celui des adorateurs et adoratrice de la Terre Mère a eu lieu ainsi le soir à l’initiative du Cercle de femmes de Cartagena et de la Corporation « Tu Cultura ». Le « spectacle » comprenait des prières et l’utilisation de cierges, et s’accompagnait de poses de yoga ; il prétendait porter un message de paix, de réconciliation mais aussi d’hommage aux indigènes de la région des Caraïbes. Il ne s’agissait pas seulement de regarder faire : les spectateurs étaient invités à s’y unir. Et là encore, on constate le mélange d’éléments spirituels, païens et indigénistes caractéristique d’une New Age.
 

Le président de la Colombie, un adepte des chamanes et du New Age ?

 
Le portail conservateur local Costa Noticias a rappelé que lors de sa première élection présidentielle, Juan Manuel Santos a pris possession de sa charge devant des chamanes, ce que les retransmissions par la télévision colombienne ont permis de constater en direct. A l’époque, en 2012, le cabinet du président avait indiqué qu’un des sous-traitants de la campagne de Santos avait pris une initiative personnelle en faisant venir le chamane Jorge Gonzalez. Mais en juin 2014, on a eu connaissance en Colombie de la célébration de divers rituels de la part de chamanes de sorciers engagés par Juan Manuel Santos pour conserver sa charge et gagner sa réélection : ils auraient suivi le président tout au long de sa campagne pour organiser des réunions dans les lieux où il prenait la parole. Selon Costa Noticias, il y a même eu des rituels sataniques à l’Assemblée départementale de l’Atlantique pour invoquer les esprits en faveur de la réélection de Santos et pour l’aboutissement des accords de paix avec les FARC.
 

Anne Dolhein