Affaire de chœur à Harvard : sexe, musique et Révolution

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L’une des meilleures universités américaines, Harvard, se trouve secouée par une affaire où musique et Révolution se conjuguent. Le chœur d’hommes devra s’ouvrir aux femmes, et inversement. Cela entre dans un processus révolutionnaire qui vise aussi le vocabulaire et les clubs d’étudiants.
 
Le Glee Club réunit depuis 1858 les étudiants d’Harvard qui aiment chanter en chœur. Les étudiantes du coin, elles, chantent en chœur à la Radcliffe Choral Society, un collège voisin d’Harvard, depuis 1899. A chacun son harmonie, les vaches sont bien gardées, les génisses dans l’aigu, les taurillons dans le grave. Pour ceux qui aiment une polyphonie plus étendue, il existe aussi un chœur mixte, le Harvard Radcliffe Collegium Musicum. Ça a marché sans problème pendant cent vingt ans. La musique adoucit les mœurs, réjouissant chœurs et cœurs. Mais la Révolution veillait. Et si le sexe des anges la laisse indifférente, celui des chœurs lui importe. Le chœur des hommes doit maintenant s’ouvrir à l’autre sexe, celui des femmes aussi. Ainsi l’exige la révolution politiquement correcte.
 

Le chœur et la musique ont-ils un sexe ?

 
Les responsables du Glee Club, interrogés par le journal étudiant Harvard Crimson, disent que cela ne changera rien à la musique du chœur. On ignore s’ils sont idiots, ironiques ou gagnés à la révolution féministe. A terme, si la décision est appliquée, les trois chœurs seront mixtes, chanteront dans le même registre et feront triple emploi. Mais ils se conformeront ainsi au dogme féministe qui veut qu’aucune différence physique liée au sexe ne se traduise par une différence sociale. On peut espérer que les dirigeants des chœurs ont perçu comme tout un chacun le côté totalitaire et ridicule de la réforme, et qu’ils font le gros dos en attendant qu’elle échoue. Ils savent en effet qu’ils ont affaire à forte partie, car la Révolution est à la fois une et multiple : si elle n’a qu’un but, constituer un homme nouveau sur les ruines de l’ancien monde, ses moyens sont multiples et, à Harvard comme ailleurs, le féminisme n’agit pas seul, il chasse en meute.
 

Derrière l’affaire d’Harvard, une révolution multiforme

 
Il entre dans la synergie des forces du Bien qui combattent toute forme de discrimination, sexisme, racisme, esclavagisme. Un dénommé Dean Rakesh Khurana est ainsi parti en croisade contre ce qu’on nomme là-bas les « final clubs », associations privées rassemblant les unes des étudiants, les autres des étudiantes, en périphérie du campus d’Harvard. Dans l’esprit de ce bon serviteur de la Révolution, ce sont des bastions de l’élitisme et du privilège masculin. Il préconise leur suppression, assorti de sanctions contre tout individu qui s’inscrit dans un club propre à son sexe. Pas de chance, des clubs d’étudiantes ont protesté contre son projet. Alors il est parti en guerre contre le mot « Maître » (Master), qui désigne le responsable des maisons où résident les étudiants d’Harvard. Pourquoi ? Parce que le mot maître peut traumatiser ceux qui sont sensibles au passé esclavagiste des Etats-Unis. Ce n’est pas vrai ? Si. Vérifiez ma source. La Révolution, ça ose tout, c’est même à ça qu’on la reconnaît. N’empêche qu’en attendant on ne peut plus chanter comme on veut.
 

Pauline Mille