L’Alabama, nouvel Etat américain à faire un pas vers le retour aux monnaies d’or et d’argent contre la Fed

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La création monétaire effrénée menée par la Fed – la Banque centrale américaine –, l’engouement spéculatif explosif pour les crypto-monnaies et la surveillance de plus en plus pesante des autorités sur les échanges via les outils numériques, minent la confiance dans les supports monétaires. Répondant à ce souci, un projet de loi examiné par le parlement d’Alabama prévoit de donner à l’or et à l’argent un statut de quasi-monnaie en les exemptant de taxes. Ce texte permettrait l’utilisation de ces métaux précieux dans les transactions monétaires. Ses conséquences pourraient être énormes, estiment ses avocats, si la loi est adoptée par les deux chambres du parlement de l’Etat sudiste.
 

L’Utah et le Texas ont déjà sauté le pas de l’or et de l’argent

 
Des textes similaires ont été adoptés dans plusieurs Etats de l’Union – l’Utah en premier lieu, le Texas… –, avec l’intention de marginaliser progressivement les billets émis par la Réserve fédérale en encourageant l’usage de monnaies métalliques, depuis longtemps considérées comme « la vraie monnaie ».
 
En Alabama, l’intention première n’était pas celle-ci, même si les porteurs du projet de loi y voient un « bénéfice collatéral ». Le texte exempte de taxes d’Etat et de fiscalité d’usage, au moins pour cinq ans, l’or, l’argent et le platine sous forme de barres, de lingots et de pièces, et les lingots de palladium. La bijouterie restera taxée.
 
Le texte est porté par deux Républicains, un au Sénat ( Tim Melson ) et l’autre à la Chambre ( Ron Johnson ) de l’Etat. Johnson explique que les taxes à la vente sur les métaux précieux et les pièces génèrent environ 200.000 dollars de revenus annuels mais que cette exemption pourrait paradoxalement en rapporter beaucoup plus – par d’autres moyens. Déjà, relève-t-il, son bureau a reçu de nombreux appels d’entreprises qui proposent de tenir des marchés de métaux et pièces en Alabama si les taxes actuelles sont abrogées.
 

Contre la Fed : si l’Alabama vote pour la détaxation de l’or et de l’argent, il en résultera une nouvelle monnaie métallique

 
Graham Champion, prestataire et lobbyiste représentant en Alabama les négociants en pièces et lingots et partisan du projet de loi, explique que l’intention première ne consistait pas à lancer une nouvelle monnaie métallique. « Mais cela pourrait en devenir un bénéfice collatéral », reconnaît-il. « La première motivation de ce projet de loi est que nous ne devrions pas avoir de taxes à la vente sur les investissements », explique-t-il, notant que « Les métaux précieux sont un investissement et non un bien destiné à être consommé ».
 
Reste qu’au-delà des intentions premières du texte, les partisans d’une monnaie solide et les défenseurs de la Constitution lui ont déjà apporté un soutien actif. Parmi eux, le Tenth Amendment Center (TAC), une association qui milite pour une abrogation des lois inconstitutionnelles par les gouvernements d’Etats, comme cela était permis par les plus importants des Pères fondateurs des Etats-Unis. Le directeur de la communication du TAC, Mike Maharrey, prône les avantages d’une monnaie métallique sûre : « Imaginez demander à un caissier d’épicerie de vous changer un billet de 5 dollars et qu’il vous taxe de 35 cents : absurde, non ? Après tout, vous lui demandez de changer une forme de monnaie pour une autre. Or c’est en quelque sorte ce que la fiscalité d’Alabama sur l’or et l’argent impose actuellement. »
 

Mike Maharrey montre qu’or et argent rompront le monopole de la Fed

 
Une étude du TAC explique ainsi, sous la plume de Mike Maharrey, qu’en supprimant les taxes sur les échanges de métaux précieux, « L’Alabama va considérer ces espèces comme de la monnaie et non comme un produit ». « Cela représente un petit pas vers le rétablissement de l’or et de l’argent comme monnaies légales, rompant le monopole de la Fed sur le numéraire » et permettant d’utiliser ces métaux pour les échanges commerciaux réguliers. « Un pas important en faveur d’une mise en concurrence monétaire », ajoute-t-il, relevant que « Si une monnaie forte acquiert une place sur le marché face aux billets de la Fed, les gens pourront préférer la stabilité, confirmée au fil du temps, de l’or et de l’argent, à la monnaie-papier en cours de dévaluation rapide » de la banque centrale.
 
Il relève aussi que l’article I, section 10 de la Constitution interdit aux Etats d’émettre « quoi que ce soit d’autre que des pièces d’or et d’argent, pour moyens légaux de paiement ». Le TAC et de nombreux autres partisans d’une application stricte de la Loi fondamentale dénoncent le fait que cette disposition constitutionnelle clé ait été passée par profits et pertes par les gouvernements des Etats fédérés depuis bien trop longtemps. Ceux-ci en ont même pris l’exact contre-pied en taxant les échanges de ces métaux précieux.
 

Willliam Greene prévoit un afflux de valeurs solides dans les caisses du Trésor d’Alabama

 
Le professeur William Greene se félicite aussi que l’introduction de monnaies d’or et d’argent en concurrence avec les billets de la Fed puissent « balayer » le monopole – et les manipulations – de la banque centrale sur la monnaie fiduciaire. « De ce fait, une série de conséquences pourront suivre, estime-t-il, avec un afflux de valeurs solides dans les caisses du Trésor, un apport d’activités bancaires venues de l’extérieur de l’Etat, les personnes préférant une monnaie solide à une monnaie en dévaluation constante ; et une possible contestation générale des manipulations de la Fed ».
 
L’Alabama, peuplé de 4,8 millions d’habitants et qui se situe seulement au 42e rang (sur 50) pour le revenu moyen par foyer, fait partie des Etats qui résistent aux excès du gouvernement fédéral. Il a ainsi été le premier à interdire sur son territoire l’exécution du très controversé Agenda 21 des Nations unies « pour le développement durable », dénonçant une attaque massive contre la propriété privée. Tous ses élus, démocrates comme républicains, avaient voté en ce sens.
 

Matthieu Lenoir