Qui a dit que la Chine communiste était « conservatrice » ? Comme tous les grands marchés du monde, et peu soucieuse d’une morale naturelle que le communisme récuse de toute façon, elle convoite les « dollars roses » des consommateurs LGBT. Ses grandes entreprises visent désormais ce marché qui ouvre la voie au « pink yuan » : le géant de la vente en ligne Alibaba vient d’ouvrir son site de vente en Chine, Taobao, à la clientèle gay et lesbienne, considérée à la fois comme riche et fidèle aux marques qui leur paraissent soutenir la cause LGBT.
Selon la revue Forbes, le pouvoir d’achat mondial de la communauté LGBT avoisine les trois mille milliards de dollars américains par an. Et pour LGBT Capital, basé à Hong Kong, le marché LGBT en Chine continentale est de 300 milliards.
Cette tendance à viser explicitement le riche marché LGBT est établie depuis des années en Occident : en Chine, c’est une « niche » encore largement inexploitée, l’homosexualité ayant été rayée du catalogue des délits en 1997 seulement.
Les riches LGBT, cible d’Alibaba pour la Saint-Valentin
Pour la Saint-Valentin, cette année, Taobao a choisi le thème du « mariage » homosexuel avec une campagne intitulée « We Do », mise en place avec plusieurs ONG de la communauté gay telles PFLAG China et le LGBT Center de Pékin. Dans ce monde globalisé, il n’est guère de pays qui ne compte son association pro-LGBT ayant pignon sur rue. La campagne comportait un concours offrant aux dix gagnants un voyage en couple (de même sexe) à Los Angeles pour s’y « marier » et y passer leur lune de miel.
Un porte-parole d’Alibaba a souligné que ces « mariages » ne sont pas reconnus en Chine mais que l’objectif de la campagne était de sensibiliser l’opinion à cette question.
La Chine communiste perçoit l’intérêt du marché LGBT
C’est un vrai changement d’attitude dans le monde des affaires chinois, s’il faut en croire les groupes activités gays qui s’en réjouissent et annoncent une « explosion » de la tendance pour la décennie à venir. Explosion alimentée par l’espoir d’en tirer des gains considérables.
Pour Jacob Huang, responsable d’un groupe activiste LGBT, l’Aibai Center à Pékin, tout cela est « bon signe ». Pour lui, les premiers pas de Taobao sur le marché des homosexuels, gays, bi et lesbiennes sont avant tout des manières de « tester » les réactions, et même de mesurer le degré actuel de « tolérance » de la société, des médias, de l’opinion publique et du gouvernement chinois.
La mesurer – mais aussi la faire croître. Au royaume du matérialisme communiste, cela ne semble pas poser de problèmes particuliers.