En fonction depuis novembre 2005, Angela Merkel est désormais assurée de pouvoir rempiler pour quatre ans : les adhérents du SPD ont donné leur feu vert à l’accord passé avec la CDU-CSU. Ce n’est pas qu’à Berlin que l’on a poussé un soupir de soulagement lorsque les résultats ont été connus dimanche, car à Bruxelles aussi on se faisait des cheveux blancs. Mais c’est désormais officiel : l’Allemagne n’aura pas besoin d’organiser de nouvelles élections. En outre, la nouvelle grande coalition sera sans doute plus à gauche et plus européiste que la précédente : pour faire pencher le vote du SPD en sa faveur, Merkel a cédé aux sociaux-démocrate bien des choses, dont le ministère des Finances en plus de celui des Affaires étrangères qu’ils avaient déjà. La combinaison de ces deux ministères laisse envisager une réponse plus favorable de l’Allemagne aux avances fédéralistes du président français Emmanuel Macron.
Un gouvernement de grande coalition qui fait la part belle au SPD mais ne se traduira pas par les États-Unis d’Europe que Schulz appelait de ses vœux
Fort heureusement, l’actuel ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel n’a pas souhaité laisser sa place à Martin Schulz. Celui-ci a donc renoncé à ce poste qui lui était promis dans l’accord signé en janvier avant d’abandonner la direction du SPD. Début décembre, l’ancien président du Parlement européen, que l’Italien Silvio Berlusconi avait comparé en son temps à un kapo de camp de concentration, conditionnait un accord de grande coalition à la création des États-Unis d’Europe d’ici à 2025. Pourtant, à en croire les sondages, ni les Français ni les Allemands ni aucun autre peuple d’Europe ne veulent créer des USE à la place de l’UE. Du reste, même si le nouveau gouvernement allemand qui devrait voir le jour d’ici à deux semaines est plus macronien (dans sa dimension européenne) que le précédent, il sera difficile d’avancer vers un nouveau traité avec une Italie désormais dominée par les partis eurosceptiques et un Groupe de Visegrád qui a la sympathie de la CSU – le troisième partenaire de la coalition – ainsi que de l’Autriche et qui n’entend pas céder plus de souveraineté.
L’Allemagne voit sans enthousiasme Merkel reconduite à la tête d’une grande coalition
Les Allemands eux-mêmes ne sont pas très enthousiastes à l’idée de cette nouvelle grande coalition. Un sondage publié peu avant que les résultats du vote du SPD ne soient connus donnait 46 % d’opinions favorables et 52 % d’opinions défavorables pour une telle coalition. En revanche, 51 % des personnes interrogées se déclaraient favorable à la reconduction de Mütti Merkel à son poste contre 49 % d’un avis contraire. Le paradoxe de ce gouvernement qui fera la part belle au SPD est que ce parti n’obtiendrait plus que 18 % des votes en cas de nouvelle élection, contre 34 % pour la CDU-CSU. L’AfD reste collé à 15 % des intentions de vote. Néanmoins, le risque pour les partis de pouvoir, c’est que son statut de premier parti d’opposition ne lui profite et ne fasse bientôt de l’Alternative pour l’Allemagne la seule opposition crédible pour une majorité d’Allemands.