DRAME HISTORIQUE
American Pastoral •


 
American Pastoral, soit de façon transparente la Pastorale Américaine, est une adaptation d’un roman historique, paru en 1999, du célèbre écrivain américain contemporain Philipp Roth. L’auteur est certainement talentueux. Mais l’adapter au cinéma est aussi sûrement un exercice difficile.
 
American Pastoral possède le grand mérite de rappeler la vague de violence qui a frappé les Etats-Unis autour de 1968, avant et surtout après cette année considérée à tort ou raison comme charnière. Il y a eu bien d’autres choses que des manifestations non-violentes de pacifistes opposés à la Guerre du Vietnam ; en outre, il s’agit d’une légende, car elles ont été souvent violentes, et non du fait de la seule répression policière. Les quartiers noirs des grandes villes américaines ont connu durant ces années des insurrections armées, dans le cadre du mouvement des Black Panthers –Panthères Noires – et un terrorisme sanglant d’extrême-gauche. Les uns comme les autres ont été réprimés à l’époque sans faiblesse. Ils ont largement disparu de la mémoire collective, sauf peut-être les Black Panthers, et sous la forme courante d’une hagiographie insupportable pour qui connaît les faits historiques. Le film rappelle ces faits historiques, honnêtement.
 

American Pastoral : le potentiel d’un grand film pour un résultat plutôt décevant

 
American Pastoral traite de la grande histoire à travers une petite, selon les règles du roman historique. Un industriel progressiste du New-Jersey a tenu, de manière militante, à embaucher massivement des ouvriers noirs, en se souciant de leurs conditions de travail, s’efforçant de bien les payer. Or, il subit la révolte contre lui-même et la société américaine de sa fille unique, qui, après, une enfance heureuse à la campagne – d’où le titre – puis quelques années adolescentes de logorrhée gauchiste aussi sommaire que pénible, bascule dans le terrorisme pur et simple. Or, un parent aime encore son enfant, même s’il est devenu un criminel. Ce père ne renonce jamais à retrouver sa fille, à l’aider dans toute la mesure du possible, alors que son épouse, confrontée au même drame, finit par y renoncer et s’éloigner de lui. Il y a une véritable matière à un bon film. Par moments, American Pastoral est réussi. L’acteur principal, Ewan McGregor, émeut le plus souvent.
 
Le problème majeur est qu’un film est un spectacle, et, que, avec un rythme trop lent, American Pastoral paraît interminable, beaucoup plus que ses 1H48 montre en main. En outre, s’il est en effet juste de s’interroger sur le pourquoi de la dérive terroriste, nous ne pensons pas pertinente les thèses freudiennes, parfois lourdement appuyées, sur la jalousie durant l’enfance envers la mère, et un désir incestueux inassouvi du père…C’est très dommages, car il y avait dans American Pastoral véritablement le potentiel d’un grand film, dont le spectateur ne voit qu’un brouillon, et s’avère dans son ensemble plutôt décevant.
 

Hector JOVIEN

 
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