Selon plusieurs articles dans la presse anglophone, le pape François a chargé le cardinal Lorenzo Baldisseri de faire part de ses « remerciements » aux évêques de Malte pour leur directive sur l’interprétation du chapitre 8 de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia. De toutes les conférences épiscopales qui à ce jour se sont prononcées de manière plus ou moins explicite sur la question de la communion aux divorcés remariés, celle de Malte a été l’une des plus extrêmes en faveur de cette nouvelle approche de la théologie de l’Eucharistie et de celle du mariage, l’information est donc des plus inquiétantes, et il n’y a pas de démenti à ce jour. Sans doute n’est-elle pas absolument vérifiée, car elle repose sur des témoignages indirects. Mais enfin elle s’inscrit dans une série de faits laissant entendre que le pape a bel et bien répondu aux Dubia des quatre cardinaux Burke, Brandmüller, Meisner et Caffarra : par le mépris en ce qui les concerne, puisqu’il ne daigne pas leur faire part directement de sa pensée, et par l’affirmation discrète de l’autre côté.
L’information a été rendue publique par le journal maltais Newsbook qui a fait paraître, le 5 avril, quelques lignes laconiques à propos du contenu de cette lettre envoyée par le secrétaire général du synode des évêques, le cardinal Baldisseri, à Mgr Charles Scicluna, archevêque de Malte et à Mgr Mario Grech de Gozo. C’était une lettre de « gratitude », annonce le média, sans autre détail. C’est déjà énorme.
Le pape François félicite les évêques Malte pour leur interprétation d’“Amoris laetitia”
On ne dispose notamment pas de fac-similé de la lettre. Ni de l’identité de la personne qui en aurait confié la teneur à la presse. Tout cela oblige à la prudence mais il reste que, par un mémorandum aux évêques du grand Buenos Aires fuité vers la presse, le pape François a déjà manifesté son soutien aux interprétations libérales d’Amoris laetitia, un peu moins explicitement formulées en Argentine qu’à Malte.
Edward Pentin du New Catholic Register, qui a révélé l’information sur l’Internet anglophone, rappelle le nœud du problème : le chapitre 8 de l’exhortation semble affirmer la primauté de la conscience sur la vérité. C’est en tout cas en ce sens que l’ont interprété les évêques de Malte : ils « ont déclaré dans ces directives que certains divorcés remariés peuvent recevoir la sainte communion après une période de discernement, grâce à une conscience informée et éclairée, et s’ils sont “en paix avec Dieu” » selon leur propre opinion.
Encore un pas en avant vers la communion pour les divorcés remariés
Ces critères contredisent frontalement l’enseignement traditionnel des papes, le catéchisme, le droit canonique, les instructions du Vatican qui ont toujours affirmé clairement l’interdiction d’accéder à la communion pour les divorcés remariés ayant des relations maritales sans avoir obtenu une déclaration de nullité de leur premier mariage.
Les évêques de Malte avaient pris la peine de dire et de répéter que leur interprétation ne faisait que suivre les instructions et l’esprit d’Amoris laetitia.
Ils ont déjà reçu des félicitations explicites de la part du cardinal Vincent Nichols de Westminser, qui s’est réjoui le mois dernier de ce que leurs directives ne commencent pas par poser la question de telle règle ou de telle autre. « Le document commence par dire que si telle est votre position et que vous êtes mal à l’aise, que vous voulez savoir où vous en êtes et ce que vous devriez faire, alors il faut venir pour en parler. Mais soyons honnêtes, soyons ouverts, et voyons où nous allons aller ».
Ou l’art de rendre la confusion qui a marqué ce pontificat depuis son début de plus en plus présente dans le message adressé aux fidèles, comme si elle était un préalable à la vie vertueuse.