Les espoirs de David Cameron d’organiser rapidement, d’ici au printemps 2016, un référendum sur le Brexit, c’est-à-dire la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, se réduisent à néant depuis qu’Angela Merkel a fait savoir qu’elle ne soutiendrait pas sa proposition de supprimer les prestations sociales pour les ressortissants européens installés en Grande-Bretagne, mais sans travail. Le Premier ministre britannique espérait arriver à un accord négocié avec l’UE lors du tout prochain sommet de Bruxelles d’ici à quinze jours pour soumettre un projet de traité renégocié aux électeurs britanniques, mais l’affaire des prestations sociales a été pris comme un casus belli par le chancelier allemand.
Angela Merkel et David Cameron ne sont pas d’accord sur les conditions pour le maintien du Royaume-Uni dans l’UE
Mais c’est l’un des points clef des réformes exigées par David Cameron. La suppression des prestations sociales pour tout ressortissant européen établi sur le sol britannique, s’il n’a pas travaillé pendant au moins 4 ans, est particulièrement mal acceptée par les pays de l’Est européens, Pologne en tête, dont de nombreux ressortissants vivent désormais au Royaume-Uni. Angela Merkel, au nom de l’Allemagne, y voit une remise en cause hautement problématique des libertés fondamentales du marché intérieur européen, selon des sources allemandes.
Le Royaume-Uni reconnaît que cette demande constitue une discrimination au sens des traités européens et en l’état actuel, sa mise en œuvre se heurterait à la censure de la Cour européenne de justice. Les adversaires de la mesure estiment qu’elle saperait tout le concept du marché unique européen. De fait, elle romprait l’égalité de traitement entre citoyens de l’Union et porterait atteinte à la libre circulation des travailleurs.
Le référendum sur le Brexit repoussé à plus tard en raison du rejet par Merkel des propositions de Cameron
Ce n’est pas la seule demande adressée par Cameron à Donald Tusk, président du Conseil européen, en vue de renégocier les conditions de l’adhésion du Royaume-Uni – pour éviter le Brexit auquel le Premier ministre britannique n’est pas favorable. Dans sa lettre, il réclame la possibilité de s’éloigner du sacro-saint principe visant à davantage d’intégration au sein de l’UE, de sorte que le Royaume Uni ne soit jamais contraint à rejoindre un nouveau super-Etat européen. Il veut voir gravée dans le marbre la reconnaissance de la coexistence de plusieurs devises au sein de l’UE, effaçant de fait la référence à l’euro comme monnaie unique, et encore recouvrer l’autonomie du Parlement britannique en diminuant l’ingérence des lois de Bruxelles dans les affaires du pays. Il réclame enfin la possibilité d’empêcher les pays de la zone euro d’imposer de nouvelles réglementations aux 9 membres de l’Union qui n’en font pas partie.
La proportion des tenants de la sortie du Royaume-Uni de l’UE ont aux dires des derniers sondages rejoint, désormais, celle des Britanniques qui veulent y rester – au prix d’une renégociation du traité – notamment à la faveur de la crise migratoire européenne.
Mais ils vont devoir attendre : en l’état actuel de désaccord entre Cameron et Merkel, mais aussi les pays de l’Est, il semble illusoire d’espérer la tenue d’un référendum avant la fin 2016.