Pendant longtemps, les Allemands ont favorisé le liquide pour la plupart de leurs achats et le cash reste leur moyen de paiement préféré, mais ils commencent à se tourner de plus en plus vers les paiements électroniques… qui ont la faveur des instances supranationales, dans la mesure où ils permettent la surveillance absolue de tous les échanges. La Bundesbank vient de publier son enquête sur les habitudes des Allemands constate que les paiements sans cash « gagnent régulièrement du terrain ». Peu à peu l’Allemagne se met aux normes, alors que jusqu’ici elle constituait un véritable obstacle à l’élimination de la monnaie physique.
 
La Bundesbank réalise cette étude tous les trois ans depuis 2008 auprès des foyers.
 
En 2017, a souligné l’administrateur Carl-Ludwig Thiele en présentant les résultats à Francfort la semaine dernière, les consommateurs allemands ont en moyenne dans leur portefeuille 107 euros en liquide, dont 6 euros en pièces environ. C’est à peine moins qu’en 2008, où les Allemands avaient 118 euros à portée de mains, dont 7 euros environ en pièces.
 

L’Allemagne commence à abandonner les paiements en cash, selon la Bundesbank

 
Les paiements en liquide représentaient en 2017 les trois quarts des paiements : c’est 5 % de moins qu’en 2015, ce qui constitue tout de même une baisse assez rapide. La plupart des paiements de moins de 50 euros se font ainsi en billets et pièces ; 19 % seulement des achats de ce montant se sont faits par carte de débit.
 
Mais si les petits paiements continuent donc d’être majoritairement réalisés en euros et centimes, sur le volume total de la valeur des paiements, la proportion des paiements en liquide est passée pour la première fois sous la barre des 50 %, passant de 53 % en 2014 à 48 % trois ans plus tard. Les cartes de débit représentent, en 2017, 35 % du volume total et les cartes de crédit sont aussi en progression, notamment pour les paiements de plus de 81 euros. Pour ce qui est du nombre de paiements, ces dernières représentent moins de 5 % du total.
 
Très marginale, l’utilisation des paiements sans contact a pourtant progressé aussi et dépasse le 1 % pour la première fois. Carl-Ludwig Thiele veut voir ce moyen progresser et souhaite que toutes les sociétés de cartes bancaires mettent en place de moyen, en même temps que les commerces s’équipent de terminaux adéquats.
 

L’argent liquide menacé dans un de ses derniers bastions

 
Les plateformes de paiement sur internet, tel Paypal, progressent également, profitant de l’explosion des paiements en ligne, et représentent près de 4 % du total des paiements.
 
Ces tendances réjouissantes pour les sectateurs des paiements numériques universels doivent être tempérées par le sentiment de 88 % des sondés affirment toujours autant préférer le paiement en numéraire, rejetant fortement l’idée de voir abolir le liquide ou même le limiter. Ils sont 80 % à avoir déclaré que cela « inhiberait » leurs achats. Mais les jeunes sont plus disposés à changer leurs habitudes. Parmi les 18-24 ans, ils sont déjà un quart à se dire disposés à faire des envois d’argent à leurs proches par téléphone portable.
 

Anne Dolhein