La lutte contre le « changement climatique » n’est pas à une aberration près. Au Royaume-Uni, où Ed Milliband, secrétaire d’Etat à la Sécurité énergétique et la Neutralité carbone, est aussi radical que son intitulé le laisse à penser, même l’armée va devoir s’y mettre en adoptant des véhicules électriques – y compris les véhicules de combat. Le tout étant, sans doute, de choisir les potentiels terrains de combat en fonction des disponibilités des stations de recharge…
Bref, si le ministère de la Défense a décidé d’électrifier tout le matériel roulant, et pourquoi pas les chars de combat, les militaires britanniques, eux, n’ont guère envie de monter au front avec de tels tacots.
Des experts de l’armée viennent ainsi d’avertir que les véhicules électriques (VE) militaires pourraient représenter un vrai danger pour le personnel, la technologie actuellement employée ne permettant pas de soutenir les troupes sur un champ de bataille, et ils s’inquiètent de voir les plans travaillistes promettre un basculement encore plus rapide que ce qui était prévu.
Des véhicules électriques de combat pour l’armée britannique
Le colonel Richard Kemp, ancien commandant des forces britanniques en Afghanistan, ne croit pas que la transition se fasse – après tout, la réalité commande. Elle n’empêchera pas, en revanche, les plans, les dépenses, le gaspillage d’énergie humaine… Il a accusé le ministère de la Défense de faire de la moralisation symbolique en s’inscrivant dans la marche vers le « net zéro » : « Je soupçonne qu’il fera perdre du temps et des ressources à beaucoup de gens en essayant de montrer qu’il joue son rôle. Pour l’instant, la technologie n’existe pas, point barre. Il est déjà difficile d’approvisionner les véhicules existants en carburant, c’est une opération de grande envergure en soi ; je ne vois pas comment cela pourrait fonctionner avec les VE. »
Du côté de la Royal Navy, on n’est pas moins horrifié. L’amiral à la retraite Lord West of Spithead affirme ainsi :
« L’objectif doit être d’obtenir un équipement de guerre que nous pouvons utiliser dans les conditions dans lesquelles nous nous battons, qui nous permette de combattre, de gagner et de vaincre des ennemis comme la Russie. Tel devrait être l’objectif de ce que nous développons. S’ils disent que nous devons avoir des équipements qui permettent d’atteindre le niveau zéro, je ne pense pas que ce soit la priorité. Nous avons besoin de matériel qui nous permette de nous battre et de gagner, car nous pourrions bien être en guerre dans les années à venir. J’ai l’horrible impression que certaines personnes pensent que l’objectif net zéro est essentiel, mais ce n’est pas la chose la plus importante en termes de conduite de la guerre. »
Le « net zéro » affaiblirait l’armée britannique
On n’est pas en droit de croire, en effet, que des adversaires potentiels aient une même aversion pour le CO2 – en tout cas, pas suffisamment pour que les objectifs « écologiques » les mènent à se mettre en conditions d’égalité sur le terrain plutôt que de profiter des avantages d’un matériel performant.
D’autres militaires britanniques se moquent bien de savoir si les batteries actuelles sont en mesure de fournir une énergie suffisante aux véhicules de combat – or c’est une vraie question – et répètent le discours officiel sur la fin des moteurs à combustion interne.
Le site conservateur The New American pose la question : « Une armée en campagne est-elle censée traîner ses propres panneaux solaires et éoliennes avec elle ? Peut-elle transporter des batteries lithium-ion supplémentaires ? Cela ne serait-il pas dangereux dans une zone de guerre où ces batteries sont susceptibles de s’enflammer ? Quelle quantité d’énergie renouvelable un bataillon ou une division est-il capable de transporter ? »
Le propre de l’énergie renouvelable, en effet, est de se « renouveler » à grand peine seulement…