L’attaque contre la Syrie décidée par Trump, vue à la lumière de la constitution américaine

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L’attaque annoncée par Donald Trump contre des objectifs syriens a donc eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi. Dans une opération menée conjointement avec le Royaume-Uni et la France, trois objectifs ont été visés en représailles de l’attaque à l’arme chimique (gaz sarin et chlore) supposément perpétrée par les forces du président Bachar el-Assad une semaine plus tôt dans la ville de Douma, dernier bastion encore tenu par les rebelles près de la capitale Damas. Outre la question de la véracité ou non des accusations à l’encontre des forces d’el-Assad, aux Etats-Unis une telle attaque décidée par un seul homme n’est pas vraiment conforme à l’esprit de la constitution américaine, ainsi que le rappelle The New American.
 

Avec l’attaque contre la Syrie, Donald Trump contredit ses déclarations antérieures

 
Cette question est d’ailleurs soulevée après chaque intervention militaire décidée par un président américain. Mise à part l’autorisation demandée au Congrès en août 2013 par un président Barack Obama qui n’avait en fait pas vraiment envie d’attaquer la Syrie après l’utilisation de gaz dans la Ghouta, les présidents américains ont pris depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale l’habitude d’engager le pays militairement avant de se tourner vers le législateur. Le prétexte, c’est que de telles interventions ne seraient pas des guerres au sens stipulé par la constitution américaine.
 
Dans le cas de Donald Trump, ces bombardements sont en outre en contradiction avec ses propos tenus avant de devenir président des États-Unis, quand il critiquait le soutien aux « rebelles » syriens et les annonces de bombardement de la Syrie. C’est aussi ce qui explique les critiques de sa décision dans son propre camp.
 

Les auteurs de la constitution américaine avaient bien pris soin de ne pas confier à un seul homme le pouvoir de déclarer la guerre

 
C’est volontairement que les pères fondateurs de la république américaine avaient confié le pouvoir de déclarer la guerre au Congrès plutôt qu’à un seul homme en la personne du président des États-Unis. C’est une des caractéristiques qui devaient distinguer le président des Etats-Unis d’Amérique des monarques de l’époque. Même le président Abraham Lincoln, qui prit quelques libertés avec la constitution américaine pendant la Guerre de sécession, décrivait le pouvoir non seulement de faire la guerre mais de la déclarer dont disposait les rois comme un de leurs pires instruments d’oppression. Un progressiste du début du XXe siècle, Randolph Bourne, écrivit en 1918, quand le philosophe John Dewey défendait la guerre en tant que moyen de répandre les joies de la démocratie, que la guerre « met automatiquement en mouvement dans la société des forces irrésistibles poussant à l’uniformité, à la coopération passionnée avec le gouvernement pour faire obéir les groupes minoritaires et les individus qui ne partagent pas l’instinct de troupeau ».
 
Avec des « faucons » comme John Bolton qui lui soufflent leurs conseils à l’oreille, s’inquiète le New American, le président Donald Trump a permis qu’une attaque au gaz non prouvée par Bachar el-Assad lui serve d’excuse pour une action militaire. « S’il est passé trop longtemps outre aux limites imposées au président par la constitution », conclut le journal libéral-conservateur, « ces limites disparaîtront de fait ».
 

Olivier Bault