« Au-delà du médicament » : Novartis veut associer puces et molécules. Surveillance ?

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Le laboratoire pharmaceutique suisse Novartis veut associer ses molécules à d’autres technologies, digitales surtout, pour aller « au-delà du médicament » en proposant des « solutions thérapeutiques holistiques ». Derrière le jargon qui fleure le « New Age » se cachent des techniques qui, pour être prometteuses, peuvent aussi annoncer un nouvel âge de la surveillance.
 
Les innovations programmées par Novartis ont été présentées à la presse par le directeur mondial du développement de la société, Vas Narasimhan a expliqué que les premiers pas de ces nouvelles recherches portent sur la création d’un « écosystème » digital autour des déficients cardiaques qui permette d’identifier en amont « les épisodes de décompensation ». Pour les déficients respiratoires, les inhalateurs pourraient être munis d’une puce qui « vérifie » l’efficacité des prises. Mais à terme, la puce serait capable de surveiller la respiration du patient victime de bronchite chronique et divers biomarqueurs pour éviter les hospitalisations.
 

« Au-delà du médicament » : les projets de Novartis sont inquiétants

 
Sans doute les malades seraient-ils heureux de pouvoir éviter des crises aiguës et dangereuses. Mais cette surveillance a des inconvénients : on voit son intérêt de principe pour les assureurs de la santé et autres « Big Brothers » chargés de surveiller le suivi le consignes gouvernementales.
 
Le directeur exécutif de Novartis, Joe Jimenez, a donné l’impulsion à cette recherche en soulignant que dans un monde où les dépenses de santé seront tellement tendues, les fabricants de médicaments ne seront payés que si l’état du patient s’améliore. Un plan pilote est déjà en place au Royaume-Uni où le remboursement d’une molécule pour cardiaques se fera sous condition de réussite du traitement. On évoque clairement les systèmes d’alerte qui pourraient prévenir en cas de non suivi des ordonnances par le patient.
 

Associer puces, molécules, Smartphones et contrôle à distance pour la surveillance des patients

 
Le partenariat de Novartis avec le fabricant de puces américain Qualcomm a été signé au début de l’année et mobilisera jusqu’à 100 millions de dollars sur les moyens de surveiller le patient à distance, par puce ou par Smartphone.
 
En dermatologie, le couplage Smartphone-molécule (en l’occurrence le Cosentyx) permettrait au patient de suivre l’évolution de sa maladie. En ophtalmologie, Novartis est en partenariat avec Google depuis un an pour créer des « lentilles intelligentes » implantées, ou encore des capteurs de glycémie.
 
C’est à travers l’ouverture de ces nouvelles portes d’entrée dans le corps que s’annonce la création de l’« homme augmenté », le rêve des transhumanistes. Et de l’homme « surveillé » : avec des implications précises dans le domaine du contrôle de la population.
 

Anne Dolhein