Avortement tardif : Stallone est, lui aussi, un survivant du cintre

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Nous étions en 1946, Sylvester Gardenzio Stallone n’avait pas encore ses gros muscles. Ils ne lui auraient néanmoins pas vraiment servi contre le cintre avec lequel on a tenté de le supprimer… Et « on », c’était sa mère. Un aveu difficile à entendre pour ses filles auxquelles il répond dans un récent épisode de son documentaire autobiographique, Sly, qui paraît sur Netflix. La star aurait même survécu à plusieurs tentatives d’avortement. Il le raconte aujourd’hui avec un mélange de compassion et de tristesse, à présent que sa mère, Jackie Stallone, est décédée.

Il est intéressant qu’une star aussi médiatique fasse ce genre de confession, qui plus est sur une plate-forme en vue : ces survivants ne sont donc pas des fantômes, comme la doxa pro-choix s’acharne à nous le faire croire. Non seulement ils existent mais ils sont bien plus nombreux qu’on ne le croit. Une dernière étude canadienne officielle révèle qu’un bébé sur quatre avorté à 23 semaines de gestation, au Québec, naît vivant… Et à combien d’entre eux sont apportés des soins ? C’est là toute la question.

 

L’histoire de Stallone a stupéfié ses filles

« Tu avais dit que ta mère était nerveuse à l’idée de t’avoir », lui demande une de ses filles dans un récent épisode du podcast “Unwaxed with Sophia & Sistine Stallone”. « Elle ne voulait pas de toi, n’est-ce pas ? »

« Elle ne voulait pas du tout de moi, a répondu Stallone. Ma mère disait : “La seule raison pour laquelle tu es ici, c’est parce que le cintre n’a pas marché” ou “le fait de descendre ces marches en rebondissant ne m’a pas fait te perdre”. Et elle disait : “Tu sais, honnêtement, Sylvester… tu sais, si quelque chose n’allait vraiment pas avec ton cerveau, j’aurais certainement ouvert la fenêtre et je t’aurais mis sur le rebord de la fenêtre et je t’aurais laissé geler et ce faisant, je t’aurais fait une faveur.” »

Belle entrée en matière pour se lancer dans la vie… « Quel genre de mère dit ça à son enfant ? » lui demande sa fille.

Et Stallone de répondre par le propre vécu de sa mère. « C’était une personne perturbée. Elle a été placée dans un orphelinat parce que son père s’était remarié et que la nouvelle belle-mère la détestait (…), un orphelinat très cruel qui n’est pas comme ceux d’aujourd’hui. Vous savez, on vous attache à votre lit, on vous fouette et… elle a subi de terribles agressions sexuelles. Je pense que sa capacité à montrer de l’amour a été court-circuitée. Elle ne supportait littéralement pas du tout d’être touchée ni même de toucher. Je veux dire, même pas un câlin. »

 

Cintre ou poison… le drame du survivant

Les survivants sont censés ne pas exister, étant le fruit de l’inattendu, à savoir de l’imprévisible réaction de la vie qui contrecarre parfois les volontés mortifères humaines. Stallone fait ainsi partie de ces milliers de personnes qui, non seulement ont survécu physiquement in utero à une tentative de meurtre (avec les séquelles qui souvent en résultent), mais ont dû survivre psychologiquement à cet état de mort vivant, et en portent parfois toujours le poids.

Selon The Abortion Survivor’s Network, il y a eu plus de 85.000 « bébés Stallone » aux seuls Etats-Unis depuis 1973.

LifeSiteNews évoque ainsi le cas de Josiah Presley qui a survécu, en 1995, en Corée, à une tentative d’avortement par curetage visant à le démembrer. Sa mère a découvert à cinq mois qu’elle était toujours enceinte : né avec un bras mutilé, il a été adopté par une famille d’Oklahoma. Devenu aujourd’hui un ardent défenseur de la vie et de la famille, il témoigne régulièrement du terrible mal-être qui l’a étreint quand il a découvert la triste vérité sur son handicap, à l’âge de 13 ans : la Foi et le pardon ont achevé de l’en sortir.

D’autres, comme Claire Culwell en 2009, découvrent qu’ils sont rescapés d’un avortement qui a tué leur jumeau et supportent le sentiment détestable de celui qui a été épargné : la culpabilité du survivant. Alors que ce sont eux, les absolues victimes – et victimes des leurs, ce qui est une négation bien plus fondamentale.

 

« Naissance vivante » : l’une des « complications » des avortements tardifs…

Et ce n’est pas parce que l’avortement n’est pas artisanal et bien légalisé que les survivants sont moins nombreux. Un article publié le 10 avril dernier sur le site de l’Institut Poynter (la plus grande école de journalisme américaine, et donc, a priori, de gauche) affirmait tout de go que les bébés survivants aux avortements sont un mythe. Et citait en particulier Mary Ziegler, historienne de l’avortement et professeure de droit : « Les gens recherchent depuis des décennies des preuves de naissances vivantes après un avortement et il n’y en a aucune à ma connaissance, et ce n’est pas particulièrement surprenant. Les procédures que la plupart des médecins seraient amenés à utiliser aujourd’hui dans le cadre d’une grossesse avancée rendraient impossible la survenue d’une naissance vivante. »

C’est archi-faux. En juin 2024, une étude québécoise publiée dans le très officiel American Journal of Obstetrics and Gynecology a révélé par exemple que plus de 10 % des bébés avortés au deuxième trimestre, dans les hôpitaux du Québec, sont nés vivants entre 1989 et 2021 (un taux qui monte à 20,8 % entre 2011 et 2021, tous trimestres confondus). 90 % de ces bébés sont morts dans les trois heures. Seulement 24,5 % d’entre eux ont été pris en charge dans une unité néonatale de soins intensifs, et 5,5 % ont reçu des soins palliatifs…

D’autres chiffres sont ainsi disponibles, comme ceux des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) qui ont révélé, en 2018, qu’au cours des douze années précédentes, plus de 100 nourrissons avaient survécu au moins pendant une courte période après un avortement. En 2022, le Minnesota, en publiant son rapport annuel, a attesté que cinq bébés sont nés vivants après un avortement, mais aucun n’est parvenu en unité de soin intensifs : on les a laissés mourir.

 

Mourir dans une couverture chaude

C’est le problème majeur que soulèvent les survivants : celui des infanticides. Car, le plus souvent, les rescapés d’un avortement raté sont laissés sans soin jusqu’à ce qu’ils décèdent (« au chaud dans une couverture » comme le précisait horriblement une infirmière), voire sont « aidés » activement à mourir (au Centre pour femmes Emily’s dans le Bronx, une employée a évoqué l’immersion dans un bocal de « solution »…).

Et les délais s’allongeant, voire se supprimant, les avortements donnent davantage lieu à des naissances vivantes. La frontière entre avortement et infanticide se brouille nécessairement à un moment. La lobbyiste de Planned Parenthood, Alisa LaPolt Snow, a d’ailleurs témoigné contre un projet de loi exigeant des soins médicaux pour les survivants d’avortement devant la Chambre de Floride, où elle a déclaré que le sort des bébés qui survivent aux avortements « devrait être entre les mains de la patiente et du prestataire de soins de santé ».

Il faut dire que l’aspect juridique n’est pas toujours très clair – et depuis longtemps. Les projets de loi récents du Maryland, du Colorado et de Californie, par exemple, ont été formulés d’une manière qui, selon les experts juridiques, pourrait créer une échappatoire juridique autorisant l’infanticide.

Alors, oui, les infanticides existent bel et bien. Tout comme les survivants. Tout comme Stallone himself.

 

Clémentine Jallais