La Banque centrale européenne a décidé jeudi de reporter sa décision sur l’octroi à la Grèce d’un accès à certains financements bancaires bon marché, justifiant sa décision par sa volonté de voir Athènes lever la totalité des doutes qui persistent sur l’application des accords avec ses créanciers. La pression économique sur la Grèce est forte. Impensable, en l’occurrence, de prétendre souffler, ou de seulement l’envisager.
Lors d’une conférence de presse à Vienne, le président de la Banque centrale européenne a expliqué que le Conseil des gouverneurs avait débattu d’un rétablissement de l’exemption qui permet à l’institution financière d’accepter les emprunts d’Etat grecs comme garantie lors de ses opérations de refinancement des établissements bancaires, et cela bien que ces titres soient notés en catégorie spéculative.
La Banque centrale européenne rappelle Athènes à l’ordre
De fait, une telle exemption est redevenue dans l’ordre des possibilités depuis qu’Athènes a conclu, la semaine dernière, un nouvel accord avec ses créanciers. Mais Mario Draghi a néanmoins déclaré que la BCE n’était pas disposée actuellement à franchir le pas.
« Nous avons eu une présentation, nous n’avons pas pris de décision, a-t-il expliqué. Le Conseil des gouverneurs reconnaît les progrès importants accomplis au cours des derniers mois. (…) Une fois que les dispositions préalables seront mises en œuvre, le Conseil des gouverneurs prendra une décision qui conduira au rétablissement de l’exemption. »
Autrement dit, la Banque Centrale européenne n’entend pas s’embarquer sans biscuits. Les promesses n’engageant que ceux qui les reçoivent, Mario Draghi signifie à Athènes qu’il ne paiera qu’après avoir vu.
Alexis Tsipras n’a pas voulu se formaliser de ce nouveau retard dans ses calculs. Il est vrai qu’il a avalé tellement de couleuvres depuis qu’il a été élu pour faire une politique contraire à celle qu’il pratique désormais au quotidien… Aussi attend-il que la Vouli, le Parlement grec, se prononce dès que possible sur un texte répondant aux questions laissées pendantes par l’accord conclu la semaine dernière à Bruxelles.
Le bras de fer n’est évidemment pas équilibré, et dans ce match, la Grèce tient clairement du pot de terre. Malgré quelques timides velléités de résistance qui, on le voit, sont immédiatement étouffées dans l’œuf.
La dernière en date n’avait pourtant que peu d’importance, tant il est visible qu’elle n’était qu’à usage interne, destinée à calmer une opinion publique de plus en plus tendue. Il y a quarante-huit heures, le ministre des Finances Euclide Tsakalotos affirmait ainsi que « toutes les mesures ne pourraient pas être mises en œuvre ».
Mario Draghi maintient la pression en faveur des créanciers
La sanction ne s’est donc pas fait attendre. Et le gouvernement ne peut guère réagir, parce que cela fait tout de même près de dix-huit mois que les banques grecques n’ont plus accès aux opérations habituelles de refinancement de la Banque Centrale européenne, qui sont ouvertes aux banques de tous les autres pays de la zone euro.
Elles doivent, au contraire, avoir recours à la fourniture de liquidité d’urgence, dont le taux d’intérêt est en général supérieur de 100 à 150 points de base au taux de refinancement de l’institution, actuellement nul.
Le gouvernement Tsipras n’a donc guère de possibilité autre que celle d’obéir. Il n’a plus même celle du temps. Après l’annonce faite par Mario Draghi, la Bourse d’Athènes a encore creusé ses pertes, et finit en repli de 0,92 %.
Alexis Tsipras ne peut se permettre de connaître une nouvelle panique bancaire. Pour avoir voulu jouer déjà à ce petit jeu, l’année dernière, il s’était retrouvé sous la menace d’une exclusion de la zone euro. Ce qui l’avait conduit à faire prestement machine arrière.
En faisant mine de relever la tête aujourd’hui, il s’attire immédiatement un nouveau coup de griffes pour le ramener à sa place : celui de la souris.