L’idée de supprimer les gros billets, tels celui de 500 euros, semble avoir fait son chemin au sein de l’institution francfortoise puisque la Banque Centrale européenne envisage de cesser d’imprimer ce plus gros billet de la monnaie unique, prétextant de son usage par le grand banditisme et le terrorisme. Une perspective qui ne fait pas le bonheur de Berlin, l’Allemagne étant le principal utilisateur de grosses coupures.
Mario Draghi, le président de la Banque Centrale européenne, avait évoqué à ce sujet des « changements » au mois de février, ce qui avait amené les analystes à penser que le billet de 500 euros serait purement et simplement retiré de la circulation, la coupure n’étant alors plus imprimée ni distribuée à l’horizon 2018.
Supprimer le billet de 500 euros ?
Dans cette perspective, d’aucuns affirmaient que les déposants auraient la possibilité d’échanger leurs billets sans limitation dans le temps, comme cela avait déjà été proposé en 2002 par la Bundesbank à l’occasion du passage à l’euro.
Les Allemands avaient aussitôt réagi à une telle perspective, car ils sont très grands utilisateurs des grosses coupures, non seulement comme moyen de paiement mais aussi d’épargne. En abandonnant le billet de 1.000 marks, ils avaient d’ailleurs fait pression sur les institutions européennes pour qu’un billet de capacité similaire soit créé.
Quoi qu’il en soit, et bien que la Banque Centrale européenne se soit refusée à tout commentaire, une décision sur cette question délicate pourrait être prise début mai, à l’occasion de la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs.
Selon les données de l’institution, le billet de 500 euros constituait l’année dernière près du tiers des 1.000 milliards d’euros de billets en circulation, même si la majorité des citoyens de l’Union européenne n’en ont jamais vus.
En revanche, son utilisation par le grand banditisme et le terrorisme ne fait l’objet d’aucune donnée officielle. Et le fait que, en 2015, un rapport d’Europol affirmait nécessaire de cesser d’imprimer ce billet sauf à pouvoir prouver son usage légitime, ne suffit pas à en faire une réalité systématique. Ou alors il faudrait mettre sous les verrous tous les détenteurs dudit billet…
La Banque Centrale européenne contre le cash
C’est à peu près ce qu’avait dénoncé, dans un discours prononcé à Londres en mars dernier, Carl-Ludwig Thiele, membre du directoire de la Bundesbank : « Les citoyens ne devraient pas devenir automatiquement suspects. » En effet, ce n’est pas parce que nos voisins ont toujours manifesté une préférence très nette pour l’argent liquide qu’ils sont, pour ce seul motif, des bandits.
En réalité, ce débat s’inscrit logiquement dans la volonté affirmée de faire disparaître, petit à petit, l’argent liquide, afin de permettre un meilleur contrôle des transactions et des richesses.
Tant mieux si cela permet de coincer, ici ou là, quelques terroristes. Mais en pratique c’est surtout le contrôle de notre argent, et de son utilisation, qui sera ainsi mis en place. Les Allemands, qui ne supportent pas de se retrouver sous tutelle, veulent préserver leur indépendance pécuniaire avant qu’il ne soit trop tard…