L’ex-président de la Commission européenne José Manuel Barroso a essuyé une salve de critiques samedi à la suite de sa nomination à la banque d’investissement Goldman Sachs. Barroso, qui fut aussi le Premier ministre du Portugal, va devenir « Directeur non-exécutif » de GSI, la branche internationale de Goldman Sachs à Londres.
Pour Michael Sherwood et Richard Gnodde, co-directeurs exécutifs de GSI, « José Manuel Barroso va apporter une connaissance et une expérience immenses à Goldman Sachs, notamment une profonde compréhension de l’Europe ». On s’en doute. Mondialiste devant l’éternel, qui mieux que lui peut comprendre les liens étroits entre la haute finance et les entreprises de démantèlement des frontières nationales ?
Mais sa nomination a soulevé de nombreuses critiques à droite comme à gauche. Pedro Filipe Soares, leader du bloc de Gauche radical au Portugal, qui soutient la coalition de gauche au pouvoir, a déclaré : « Cette nomination montre que l’élite européenne, dont Barroso fait partie, n’a aucun scrupule. » Pour Marine Le Pen, cette nomination n’est guère surprenante pour ceux qui savent que l’UE est « au service » de la haute finance.
Barroso, un apparatchik de la famille socialiste
Le ministre du commerce extérieur français, Matthias Fekl, a de son côté tweeté : « Servir mal les gens, se servir soi-même à Goldman Sachs : Barroso, le représentant obscène d’une vieille Europe que nos élus changeront », une déclaration qui ne manque pas d’air venant de la part d’un membre du gouvernement français, bien mal placé pour donner des leçons de morale dans ce domaine et qui semble oublier que Barroso est lui aussi un apparatchik de la famille socialiste.
Pour les parlementaires socialistes au Parlement européen, la nomination de Barroso chez Goldman Sachs est du « pain bénit pour les europhobes ». Ils ont sans doute raison sur ce point, alors que la majorité des Français, des Britanniques et des Allemands ne croient plus en cette UE bureaucratique et méprisante des peuples. Barroso vient d’ailleurs remplacer à la banque d’investissement Peter Sutherland, ancien commissaire européen qui dirigea aussi l’OMC et qui appela, il y a peu, à « contourner le Brexit »…
Chez Goldman Sachs, Barroso conservera son pouvoir de nuisance
Auto-satisfait, Barroso a déclaré au quotidien portugais Expresso : « Après avoir passé plus de 30 ans en politique et dans le service public, c’est un défi intéressant et stimulant qui me permettra d’utiliser mon savoir-faire au profit d’une institution globaliste. » Un « savoir-faire » que les peuples européens ont eu tout le loisir d’apprécier lorsque, de 2004 à 2014, le technocrate était aux commandes, avec la crise financière de 2008, dans laquelle Goldman Sachs porte une lourde responsabilité et qui eût pour conséquence une montée considérable du chômage en Europe…
En mai, Goldman Sachs a donné plus de 500.000 € à la campagne gouvernementale britannique anti-Brexit. Barroso a d’ailleurs affirmé qu’il s’efforcera, à son nouveau poste, de minimiser les effets du Brexit. Celui qui souhaitait une union bancaire au service de l’UE pourra donc, au sein de Goldman Sachs, conserver son pouvoir international de nuisance.