Les élections au Landtag de Bavière (législatives régionales) ont été l’occasion pour l’Allemagne de dire non à l’Europe de Bruxelles et ses migrants imposée par la grande coalition ( Groko ) au pouvoir. Mais déjà une réponse mondialiste à ce Bavièrexit se lit dans les résultats.
C’est à qui montrera Angela Merkel la plus livide ou son ministre de l’intérieur et patron de la CSU bavaroise Horst Seehofer le plus grognon : pourtant le « séisme » politique dont les médias parlent ne s’arrête pas à la frontière de la Bavière ni de l’Allemagne. Matteo Salvini le dit en s’exclamant : « Au revoir Merkel, Schultz et Juncker ». C’est toute l’Europe de la grande coalition (Groko en allemand) imposée par Bruxelles, ses contraintes socialistes et ses quotas de migrants qui vient d’être rejetée par le gigantesque « non » des électeurs de Bavière.
La Bavière dit non à la politique de Bruxelles sur les migrants
Commençons par rappeler les résultats définitifs tels qu’ils se précisaient lundi matin, dont le flot des commentaires tend parfois à brouiller le sens. La participation est en hausse de neuf points environ sur 2013, elle-même en hausse sur 2008. En tête, la CSU, 37,2 %, suivie des Verts, 17,5 %, des FW (conservateurs indépendants), 11,6 %, de l’AFD (10,20 %), du SPD (9,7 %) et du FDP (libéraux) 5,1 %, tous les autres ensemble totalisant 8 % des exprimés comme en 2013.
Si l’on additionne les résultats des partis qui ont mené une campagne clairement opposée à la politique migratoire de l’Allemagne et de Bruxelles, on obtient (37,2 % + 11,6 % + 10,20 % +5,1 %) 64,1 %, soit près de deux tiers des voix.
L’effondrement de la gauche est un non catégorique aux migrants
La gauche favorable à l’ouverture des frontières, elle, toutes nuances confondues, du rose foncé de la SPD socialiste au vert pastèque des Verts ne totalise plus que 27,2 %, moins de trois électeurs sur dix, contre 31,3 en 2013, les rouges de Die Linke ayant disparu des radars.
Il y a donc non seulement, comme tous les médias l’ont noté, une sanction de la Groko au pouvoir, qui ne résout pas les problèmes et en qui l’Allemagne n’a plus confiance, mais un rejet plus fort de la composante de gauche qui contribue à cette coalition. Le SPD a perdu plus de la moitié de ses voix et les Verts ne les ont pas récupérées. C’est l’idéologie « généreuse » de la gauche, l’ouverture, à laquelle la Bavière dit non aujourd’hui. On verra ce que donneront les élections en Hesse dans deux semaines, Mais depuis les élections fédérales de 2017, l’Allemagne ne cesse de crier non sur tous les tons à la Groko et spécialement au SPD.
Cela fait plus d’un an que l’Allemagne dit non à la Groko
En septembre 2017, lors des élections générales, déjà le parti d’Angela Merkel et celui de Schulz reculaient, déjà l’AfD et le FDP progressaient. Le microcosme de la Bavière, où la CSU (version locale et droitière de la CDU) régnait tout puissante, ne fait qu’accentuer le mouvement. La seule nouveauté est le bond spectaculaire des Verts et la disparition de Die Linke. Quant à celle-ci, elle s’explique par la sensibilité particulière de la Bavière. Après la première guerre mondiale s’y établit une dictature soviétique follement sanglante, que Lénine salua avec émotion, mais dont les Bavarois sont demeurés traumatisés à juste titre. Quant au bond des Verts, il concrétise la mutation de la gauche en Europe face au mondialisme.
Les Verts, espoir suprême de Bruxelles en Allemagne et Autriche
Une analyse rapide des reports des voix montre que les Verts ont absorbé une part importante du SPD en déroute, une petite fraction de Die Linke, et l’extrême gauche modérée de la CSU. En somme, tous les progressistes européistes et mondialistes face à la menace « brune ». En Autriche, c’est un ancien Vert toujours vert, Van der Bellen, que le Système à opposé aussi au FPÖ. Si l’on devait transposer en France, cela dessinerait toute la Macronie, de Juppé aux déçus de Mélenchon. Il est d’ailleurs significatif que Daniel Cohn-Bendit ait soutenu Macron. Les verts pastèque ont fait depuis longtemps leur coming-out : ils s’occupent beaucoup plus de la rouge révolution sociétale que du bilan vert des éoliennes : en d’autres mots, l’environnement est le prétexte d’une nouvelle exigence politique et morale.
Les mutations de la Groko, de Tsipras à Macron
La Groko règne depuis des années sans bruit sur le parlement européen et l’ensemble des institutions de Bruxelles, elle s’est établie depuis plus de cinq ans en Allemagne bien qu’on lui dise non, elle a permis que le mariage gay et l’accueil des migrants soient voté en France par une droite et une gauche complices. Mais elle rebute le peuple partout, parce qu’elle est démasquée, parce que ses politiques révulsent les Européens. Il lui faut donc changer sa façade. En France, elle s’est métamorphosée en Macron, en Espagne et en Grèce, elle a cédé la place à Sanchez et Tsipras, gauchistes, européistes et pro-migrants. En Allemagne, elle tend à renaître de ses cendres par les Verts : ceux-ci présentent un visage jeune, ouvert, responsable, positif. Les Verts sont ici l’avenir du mondialisme (depuis Porto Alegre, celui-ci sait qu’on marche mieux sur deux jambes, en l’espèce mondialisme et altermondialisme).
En Bavière, en Allemagne, partout, victoire populiste sans vague
Pour cette raison, les médias ont sacré les Verts « grands vainqueurs » des élections de Bavière. Or ce n’est pas ce que les chiffres bruts disent. L’AfD (Alternativ für Deutschland, classé à l’extrême droite) venait juste d’être fondée en 2013 et ne concourut pas : en voix, elle progresse de 10,2 % contre 8,9 % pour les Verts, en sièges, elle progresse de 22 (Verts, +20). Elle bat donc deux fois les Verts. Mais elle représente l’ennemi à abattre en Allemagne, comme la Lega en Italie et le Rassemblement national en France.
On notera toutefois que le résultat de l’AfD est inférieur aux sondages, comme l’ont été récemment ceux des Démocrates suédois ou Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle de 2017 : soit tactiques des sondeurs, soit changement dans le discours des sondés, « l’extrême droite » ne fait plus de bonds inattendus. Si l’invasion des migrants est une réalité tangible, le raz de marée de l’extrême droite, ou des populistes, reste un fantasme.
A travers Merkel, la Bavière dit non aux ukases de Bruxelles
En conclusion, les médias soulignent la défaite d’Angela Merkel : oui, bien sûr, elle était inscrite dans sa politique d’ouverture aux migrants, comme aussi, celle, bien plus cinglante, de Schulz, et elle a été actée en septembre 2017. L’effritement des chrétiens démocrates et l’effondrement des socialistes sont des faits. Mais s’ils sont coupables, ni Schulz ni Merkel ne sont responsables. Ils ne voulaient pas reconduire la Groko. Encore moins la CSU et son patron Seehofer que beaucoup présentent comme l’un des responsables du recul de la CSU alors qu’il a au contraire tenté de sauver les meubles en s’opposant à la dérive gauchiste de Merkel. Mais il était impuissant, puisque celle-ci était télécommandée. Une coalition de gouvernement CDU-CSU-FDP était possible en 2017, à condition de refuser la folle politique des migrants. Merkel a dû la refuser sur pression de Bruxelles, qui entend imposer la poursuite de l’invasion programmée par l’ONU.
Ce vote est un referendum anti-Bruxelles, un Bavièrexit
Aujourd’hui pourtant en Bavière, si la CSU groggy accepte de constituer le gouvernement du Land avec les FW (conservateurs indépendants de Bavière), qui ont grappillé 2,6 points et veulent trois ministres, c’est bien cela qui gouvernera : une coalition de droite fermement opposée aux migrants. Le vote de la Bavière est d’abord un referendum anti-Bruxelles. Un Bavièrexit qui s’ajoute au défi permanent de l’Italie (Salvini s’amuse trop pour lâcher les hommes en gris de Bruxelles) et au Brexit.
A propos de celui-ci, la négociation entre l’UE et Theresa May achoppe sur l’Irlande : les technos du mondialisme ont de la ressource, ils compliquent, trouvent des cas limites inextricables. Ils jouent la montre. Ils attendent le retour du balancier populiste grâce à une divine surprise, un scandale quelconque. En attendant, les Verts font une alternative passable à une vraie politique, un calmant pour l’angoisse des peuples. Un alternative mondialiste pour l’Europe. Le patriotisme planétaire est un sédatif que le mondialisme de Bruxelles expérimente en Bavière, patrie de Bayern, propriété de Monsanto.