FILM ECONOMIQUE The Big Short : le casse du siècle ♥


 
The Big Short : le casse du siècle est un film économique, engagé, qui entend dénoncer la spéculation effrénée dans le secteur immobilier américain, très largement encouragée pour des raisons politiques et de discrimination positive par le gouvernement américain par l’intermédiaire de Freddie Mac et de Fannie Mae, et cause majeure de la récession mondiale de 2008. L’engagement est supportable au sens où personne n’aime beaucoup les purs spéculateurs, et encore moins les spéculateurs malhonnêtes, qui n’ont pas respecté le peu de contraintes légales existantes alors. Scandale après le scandale, et plus important encore, ces coupables présumés, dans leur responsabilité personnelle évidente, ont été très peu – le film ne dit pas du tout, à un lampiste près – inquiétés par la justice, et encore moins condamnés. La finance purement spéculative, en soi dangereuse, n’est guère plus contrôlée en 2015 qu’en 2007-2008.
 
The Big Short : le casse du siècle souffre de son titre bilingue au sens peu évident, et faux dans la partie française. Le short est un terme technique de spéculation à la baisse. Un casse est un vol en langue familière, ce qui n’est pas synonyme. Le film ambitionne de rendre la haute finance accessible à tous. Mais il est compréhensible, clair, supposons-nous, surtout pour ceux qui sont déjà initiés. Le film s’adresse aux adultes. Lors de leurs fêtes, les financiers boivent beaucoup et recourent aux services de prostituées, ce qu’il n’était pas nécessaire de montrer.
 

The Big Short : le casse du siècle. Un film plutôt réussi

 
L’action se centre sur les rares spéculateurs à la baisse en 2006-2008, ceux qui ont compris, contre l’opinion dominante quasi consensuelle, l’existence d’une bulle immobilière, base elle-même d’une bulle financière. Ils ont saisi le phénomène par des analyses mathématiques rationnelles, ou, et c’est la partie la plus intéressante du film, des enquêtes de terrain sur l’état du secteur immobilier. Par définition, elle devait éclater, l’enjeu étant de deviner quand, d’où les angoisses de ces spéculateurs à la baisse et de leurs investisseurs. Au fond, ces spéculateurs ultraminoritaires et avisés ne sont guère sympathiques non plus, motivés qu’ils sont aussi par l’appât du gain. Les Américains pauvres ont été les premières victimes de la récession qui a suivi, et beaucoup ont perdu leur maison. Ces choses sont dites et montrées.
 
Au final, The Big Short : le casse du siècle est plutôt réussi.
 

Hector Jovien

 

Big Short casse siècle film cinéma
Au centre, Steve Carell (à gauche) et Ryan Gosling.